La cité des vents by Laportequigrince
Summary: Après une agression, Thomas, jeune homme sans histoire, se voit propulsé dans le futur ou bien est-ce le présent? Il va devoir s’acclimater à une nouvelle vie...S'il le peut.
Categories: Aventure, Fantastique Characters: Aucun
Avertissement: Aucun
Langue: Français
Genre Narratif: Nouvelle
Challenges:
Series: Aucun
Chapters: 3 Completed: Oui Word count: 7965 Read: 13313 Published: 25/06/2019 Updated: 30/06/2019
Story Notes:
En ce moment, c'est la page blanche...plus d'envie. Ca vous est déjà arrivé?
Alors je poste ici des histoires, comme Da Viken d'ailleurs, que j'ai écrite il y a quelques mois, celle-ci en novembre dernier.Pour voir si ça me remotive. Les retours c'est toujours encourageant dit-on!

1. Chapitre 1 by Laportequigrince

2. Chapitre 2 by Laportequigrince

3. Chapitre 3 by Laportequigrince

Chapitre 1 by Laportequigrince
- Allez Sofiane, bon retour chez toi. On fête les sept ans de mon petit frère chez mes parents demain, j’ai intérêt d’être frais.
C’est ainsi que Thomas, jeune homme de vingt-deux ans, salua son nouvel ami, à la fermeture du bar qu’ils n’avaient pas quitté de la soirée. Rentrer seul, à pieds, ne lui avait jamais posé de problème, il avait une carrure suffisamment dissuasive. Pourtant, après quelques minutes à arpenter les rues pavées, il sentit une présence dans son dos. Il tourna la tête à demi et put voir deux hommes se rapprocher de lui. Instinctivement, il accéléra le pas. À un croisement de rue, il décida de bifurquer rapidement, c’est alors que quelqu’un en face de lui l’empoigna et le projeta au sol. Les deux hommes à ses trousses lui plongèrent alors dessus. Thomas tenta de riposter, mais l’un d’eux le releva et lui tint les bras en arrière pendant que les deux autres le passaient à tabac. Sans un mot d’explication, un couteau fut sorti et le jeune homme, poignardé à plusieurs reprises. Ceci fait, les trois agresseurs laissèrent leur victime agoniser sur le sol avant de s’enfuir. Les coups et les cris du jeune homme avaient alertés le voisinage aussi les pompiers arrivèrent quelques minutes plus tard.
Dans l’ambulance qui le conduisait à l’hôpital, Thomas perdit conscience à plusieurs reprises et dans ces moments-là, le jeune homme voyait une lumière intense qui lui brûlait les yeux.
- Je…Je…
- Ne dit rien, garde tes forces, lui intima un secouriste.
- Je ne sais pas pourquoi, articula-t-il tout de même difficilement.
- Tiens le coup. Mauvais endroit, mauvais moment, voilà tout.
Une fois à l’hôpital, Thomas fût prit en charge par l’équipe qui les attendait de pieds fermes.
L’agitation régnait autour de lui. Il se sentait partir, il avait mal, sa vision était trouble.
- Pas comme ça, pas comme ça, je veux pas mourir comme ça, se dit-il avant d’être aspiré et de voir au-dessus de lui encore une fois cette énorme lumière.
Il entendit au loin un long signal sonore et des voix :
- On le perd, on le perd, vite, massage cardiaque.
Au dessus de lui, il semblait y avoir aussi d’autres personnes:
- Il ne veut pas revenir celui-là dis-donc, recommence !
« Le retour du prisonnier 2.5.2 a échoué, veuillez reprendre la procédure »
Cette forte lumière s’éloigna et il ressentit à nouveau une aspiration à lui donner le tournis. Il ouvrit les yeux pour voir les médecins penchés sur lui.
- Il revient, il revient mais c’est juste ! entendit-il.
- Ses constantes ne sont pas bonnes, il replonge !
Un mal de tête s’empara de Thomas alors qu’il sentait son corps partir. L’air venait à manquer et cette lumière, encore elle, qui l’aspirait.
- C’est finit cette fois, entendit-il au loin.
La lumière lui brûlait les yeux, mais il n’y avait pas que cela… Ce mal de tête.
« Prisonnier 2.5.2 en cours de reconstitution »
Pris de panique, il tenta de bouger la tête, mais celle-ci était maintenue par une sangle.
- Bouge sap ou you biscornu, lui dit-on.
Il pouvait maintenant reconnaître la lumière, c’était un néon comme ceux des blocs opératoires. Peu à peu, il reprit conscience d’une partie de son corps pour se rendre compte qu’il était attaché sur une chaise médicale. Il ressentait des picotements dans ses membres inférieurs alors il baissa les yeux du mieux qu’il put pour constater avec horreur qu’il n’avait plus de jambes.
- Ah ah ah, j’adore voir les revenants au moment où les nano-insectes les reconstituent, c’est toujours un grand moment ! regarde celui-ci. Tu vas les revoir tes gambettes. Fallait juste pas désobéir, ça t’apprendra !
- Marcel, tu lui as mis la puce de synchronisation de la langue ? Sinon en plus, il va rien comprendre.
- C’est fait et elle fonctionne depuis 35 secondes exactement.
- Super. C’est la pause. On y va le temps qu’il se finisse.
- Bonne idée. À tout à l’heure… Ordure de traître, lui lança-t-on.
Le jeune homme perdit conscience à nouveau, et même à son réveil, il était toujours dans un état second. Il réalisa tout de même cette fois que la chaise médicale sur laquelle il se trouvait était elle-même à l’intérieur d’un tube plastique. Il baissa les yeux et vit ses pieds, ce qui le rassura. Doucement, le cylindre l’entourant se souleva et Thomas pu ressentir la présence de plusieurs personnes derrière lui.
- Où suis-je, que se passe-t-il ? Je suis mort ? Je suis en enfer, c’est ça ? demanda-t-il péniblement.
- T’entends ça Marcel ? En enfer ! Ils en ont de bonnes les revenants.
- C’est quoi l’enfer Bernard ? Un autre centre de re-calque ?
- Mais non, tu sais bien, avant les gens croyaient qu’en mourant ils allaient dans un endroit horrible s’ils n’avaient pas été bons dans leur vie.
- Entre nous Bernard, ils étaient bien cons avant, hein ?!
- Oh oui Marcel. Surtout que si on suit leur logique, tous les humains du XXe et XXIe siècle doivent être dans leur enfer. C’est à cause d’eux qu’on est plus sur le sol. On a vu ça en transmission de mémoire.
- Non mais sérieusement, que se passe-t-il, répondez moi, détachez moi, gémit Thomas qui reprenait peu à peu ses forces.
- Oh là, on change de ton, pas d’ordre avec nous, si tu es là, c’est que tu as trahi la Mère Planète, alors profil bas prisonnier 2.5.2, intima l’un des deux hommes en se plaçant devant lui.
Il put alors voir un homme en tenue de travail, qui s’approcha pour lui libérer la tête des sangles.
- Je ne comprends rien. On m’a agressé dans la rue et j’étais à l’hôpital. C’est une erreur, détachez moi, répéta Thomas tout en tentant de s’extraire de ses liens.
- Oula Bernard, je le trouve bien agité, déclara le deuxième homme resté, lui, derrière le siège médical.
- Moi aussi Marcel, moi aussi. Au dodo prisonnier 2.5.2.
Marcel s’empara alors de la tête de Thomas pendant que Bernard lui injectait un tranquillisant qui l’endormit aussitôt et lorsqu’il ré ouvrit les yeux, un autre homme était penché sur lui.
- Il se réveille, venez lui détacher la tête, lança ce dernier.
Sa vision était encore un peu floue, mais Thomas sentit qu’on lui libérait également le bas du corps. Il constata ensuite qu’on lui avait changé de pièce. Celle-ci était également blanche, mais plus petite et avec une table près de lui.
L’homme lui faisant face lui tendit un verre d’eau qu’il s’empressa de prendre.
- Bonjour Tanneguy, je suis votre pacificateur d’esprit, monsieur L’Hermite. Je suis là pour m’assurer que votre réadaptation se fasse bien.
- Non mais vraiment, il-y-a méprise, je le dis depuis tout à l’heure. Moi, je m’appelle Thomas.
L’homme devant lui garda le silence quelques secondes.
- C’est normal ce qui vous arrive. C’est très courant lors d’un réveil.
- Un réveil ?
- Tanneguy, vous avez été condamné pour trahison envers notre Mère Planète.
- Je le répète, je m’appelle Thomas, rétorqua le jeune homme en tendant le verre d’eau à son interlocuteur.
- Votre vrai prénom est Tanneguy et les anciens vous ont condamné à l’illusion. Thomas n’a existé que dans votre tête et vous n’avez jamais bougé d’ici, annonça froidement son interlocuteur, tout en reprenant le verre.
- C’est quoi ces conneries, c’est une caméra cachée, c’est ça ? s’énerva Thomas en essayant de se lever du fauteuil.
- Je ne sais pas ce qu’est une caméra cachée, mais je suis justement là pour vous aider à reprendre de bons repères dans notre société. Et surtout vous devez rester calme ou bien mes deux amis ici présents se chargeront de le faire pour vous, finit L’Hermite en désignant du doigt deux hommes au fond de la pièce.
Thomas comprit alors qu’il devait changer de tactique.
- Vous dites que j’ai été condamné à l’illusion ? demanda-t-il.
- C’est cela, l’illusion du XXIe siècle. Le temps où nous étions encore des barbares, irrespectueux de notre Mère Planète. Avoir l’impression de vivre là-bas a été votre punition. Pendant un an.
- Un an ? En quelle année sommes-nous maintenant ? interrogea Thomas.
- Oui, un an d’hibernation en quelque sorte. Pour les crimes les plus graves, les illusions sont poussées à trois ans et au moyen-âge. Actuellement, Nous sommes dans la centième année d’amour de notre Mère Planète.
Thomas resta silencieux.
- Si l’on reprenait le calendrier archaïque des barbares, nous serions en 2200.
Le jeune homme ouvrit la bouche, mais aucun son ne put sortir suite à cette nouvelle. Voyant sa détresse, L’Hermite reprit :
- Les anciens vous laissent une seconde chance, c’est merveilleux.
- C’est cela oui. Qui sont ces anciens exactement ?
- Bien. Vous reprenez des forces on dirait. Je vais montrer quelque ch…
L’homme ne finit pas sa phrase, car une femme entra dans la pièce. Vêtue en blanc, elle n’adressa la parole à personne et se retroussa les manches.
- Ah oui, la ponction, nota L’Hermite.
- Quelle ponction ? s’inquiéta Thomas.
Son interlocuteur et la femme se regardèrent. Elle soupira.
- Maudit revenant, maugréa-t-elle.
Sans délicatesse, elle prit le bras de Thomas et se munit d’une seringue.
- Attendez, mais qu’allez vous faire, je ne veux pas, protesta le jeune homme.
- L’ancienne méthode, vraiment, vous n’avez pas honte ? s’indigna L’Hermite.
- Ordre d’en haut, se justifia la femme.
Thomas la poussa alors d’un violent coup de pied et bondit du fauteuil. Monsieur L’Hermite était si stupéfait qu’il ne bougea pas, à l’inverse des deux autres hommes qui tentèrent de l’attraper, en vain, il était redevenu rapide. Thomas parvint à atteindre la porte de sortie et s’engouffra dans un long couloir au bout duquel se trouvait une autre porte. Il entendit cette dernière se déverrouiller, alors, il l’ouvrit et arriva dans un énorme hall vitré par lequel il put voir la ville. Autour de lui, se dressaient d’énormes building vitrés avec, à intervalles réguliers, des terrasses de plantations. Au sol se trouvaient une très grande place avec un arbre au centre. Thomas ne s’attendait pas à cela ce qui laissa le temps à ses poursuivants de le rattraper et de le plaquer à terre. Il fut ensuite vigoureusement ramené dans la pièce qu’il avait voulu quitter où on lui fit une prise de sang.
- Où sommes-nous monsieur L’Hermite ? C’est un cauchemar, je vais me réveiller.
- Vous venez de vous réveiller, au contraire, ici c’est le progrès, l’avenir et surtout, l’harmonie avec notre environnement. Vous êtes dans la cité des vents.
- Je n’appartiens pas à cette cité, laissez-moi repartir, supplia Thomas.
- Tanneguy, vous êtes né ici, vous ne vous en souvenez pas, voilà tout. Vous allez très vite réaliser la chance d’avoir été sorti de l’illusion, comme bien d’autres avant vous. Laissez-moi vous aider, je suis là pour cela. Je vais vous expliquer notre fonctionnement et vous allez vite vous réinsérer.
- Pourquoi cette prise de sang ?
- Pour vérifier que tout va bien.
- Qu’ai-je fait de mal pour être condamné ?
- Je n’ai pas accès à cette information.
- Menteur, grogna Thomas en tentant de se défaire de ses liens.
- Si vous le prenez ainsi… Sédatez-le, ordonna L’Hermite aux deux gardes près de lui.
- Non, non, non, hurla Thomas tout en essayant de résister à ceux qui le maintenaient immobilisé pendant que l’infirmière lui faisait une injection.
Lorsque le jeune homme ouvrit les yeux, il était allongé sur un petit lit, dans une pièce qui ne devait pas faire plus de neuf mètres carré. Un lit, une table, une chaise ainsi qu’une bassine en argile et un linge voilà ce qui composait cette pièce sombre. Une grande vitre semblait donner sur un couloir d’où jaillissait un peu de lumière naturelle. Thomas avait perdu toute notion de temps et les injections à répétition l’avaient épuisé. Il s’approcha de la bassine et chercha un récipient d’eau pour tremper le linge, mais il n’y avait rien. Soudain, des ombres passèrent dans le couloir et s’arrêtèrent à son niveau. Il s’agissait de monsieur L’Hermite et de ses sbires. Ils transportaient quelque chose avec eux. Un bruit sourd se fit entendre et une partie du mur près de la vitre sembla prendre du relief et glissa sur le côté. C’était en réalité une porte, impossible à ouvrir de l’intérieur.
- Quelle tristesse Tanneguy, vous ne m’avez pas laissé le choix. Votre crédit est à zéro.
- Mon crédit ?
- Votre rang dans notre société. Mais, plus vous vous adapterez, plus vos conditions de vie seront améliorées. J’ai amené avec moi quelque chose. Au siècle dernier, les humains ne pensaient qu’à consommer, ils devenaient gras et voulaient ensuite perdre ce gras grâce à une machine de ce genre, précisa L’Hermite pendant que les deux hommes déroulaient une sorte de tapis métallique au sol.
- Les anciens l’ont amélioré pour le bien-être collectif et surtout, celui de la Mère Planète.
- Protection et pardon, lancèrent les trois hommes la main sur la poitrine.
- Qu’est-ce que c’est votre Mère Planète à la fin ? demanda Thomas, on croirait une secte, finit-il.
- Retire cela tout de suite sale bête, lui ordonna l’un des gardes en le prenant par le col.
- Du calme, du calme, il ne sait plus, tempéra L’Hermite, relâchez-le.
Le garde obtempéra immédiatement et reprit sa place.
- Tanneguy, reprit L’Hermite.
- Thomas, rectifia l’intéressé avant d’être frappé au visage.
- Tanneguy, d’affreuses choses se sont produites au XXIe siècle. L’homme a presque tué notre Terre par sa cupidité et son inconscience, jusqu’à détruire des millions de vies. Les anciens nous ont sauvés, nous leur devons tout et eux sont en constante communion avec notre planète. Si nous voulons survivre, nous devons la respecter pour qu’elle nous respecte également. Nous sommes ici dans la cité des vents, une des seules cités de la planète et nous le devons aux anciens.
- Reconnaissance éternelle et dévotion, dire en cœur les trois hommes.
- Ce que je vous apporte ici y contribuera, poursuivit L’Hermite en montrant le tapis de métal. L’un des hommes appuya sur le mur et une sorte de prise en sortie. Il inséra un fil à l’intérieur et le tapis se mit à vrombir.
- C’est un tapis de course, vous vous foutez de moi, c’est pas possible autrement. C’est une blague ? s’exclama Thomas.
- Lorsque vous courrez dessus, votre force se traduira en énergie qui alimentera votre électricité, la lumière au plafond par exemple, et remplira votre bassin d’eau.
- Bon. On arrête les conneries tout de suite, relâchez-moi maintenant, ça ne me fait pas rire du tout, vous n’avez pas le droit de me retenir contre ma volonté. Au secours ! s’énerva le jeune homme.
Les deux sbires le plaquèrent au mur.
- Ceci n’est pas un jeu Tanneguy. Sachez que si vous courrez plus que nécessaire, cette énergie sera injectée dans le collectif et vous aurez de bons points. Cette bonne attitude vous permettra peut-être d’atteindre le niveau supérieur d’espace personnel. Mais ne me poussez pas à bout, ma patience à des limites et votre attitude m’irrite, lui lança L’Hermite. Abordons le sujet suivant, les ponctions.
- Les prises de sang contre ma volonté vous voulez dire, protesta Thomas, avant qu’un des hommes ne lui frappe l’estomac.
- C’est pour notre bien Tanneguy. Nous en faisons tous pour nous assurer de notre bonne santé. Les radiations sur la terre ferme nous obligent à le faire.
- Les radiations ? la terre ferme ? Où sommes nous, que c’est-il passé à la fin, répondez ! implora Thomas, avant d’être à nouveau molesté.
- Tous les matins, vous irez au cours de transmission de mémoire et ensuite nous verrons cela ensemble. Pour revenir à la ponction, voilà une aide, poursuivit L’Hermite en tendant un papier au jeune homme.
- Issu d’une forêt durable j’imagine, ironisa ce dernier, qui prit une gifle aussitôt.
- Le plus vite vous vous comporterez bien, le plus vite votre vie sera agréable Tanneguy.
- Je ne veux pas d’une vie agréable, je veux ma vie d’avant, avant tout cela, avant vous.
Les deux gardes le passèrent alors à tabac pendant plusieurs minutes, jusqu’à ce que le jeune homme ne semble plus opposer de résistance, suite à quoi L’Hermite ajouta :
- Cette vie n’a jamais existé, le plus vite vous le comprendrez, le plus vite vous vous sentirez mieux. Nous vous laissons découvrir la liste des ponctions et votre tapis. Plus tard, vous découvrirez l’espace d’alimentation, mais pour l’heure, vous devez purifier votre organisme par le jeûn. Je vous laisse pour cela deux carafes d’eau.
Les gardiens regardèrent ces carafes avec envie.
- Sans ponction en retour cette fois, ajouta L’Hermite.
Thomas resta au sol et ne répondit rien.
- Oui. Les revenants sont ingrats parfois, lança L’Hermite avant de sortir.
Le jeune homme resta de longues minutes ainsi, allongé au sol.
- Je vais me réveiller, je vais me réveiller, murmura-t-il.
Il ramassa ensuite par terre la feuille des ponctions et entreprit de la lire malgré ses yeux gonflés :
Une ponction par semaine : un sac de copeaux pour les selles
Deux ponctions : un nécessaire de toilette (brosse à dents, brosse à cheveux)
Trois ponctions en une seule fois : du bicarbonate
Quatre ponctions en une seule fois : une étoffe neuve au choix (bas ou haut)
Comment faire votre ponction ? Prenez un des tubes fournis chaque semaine. Posez-le sur une veine et pressez. Apportez-le ensuite dans votre espace d’alimentation.
Protection et pardon.
Ces mots achevaient la note.
- C’est un cauchemar putain, je suis fou en fait et je suis en plein délire, furent les dernières paroles de Thomas avant de s’affaler sur son lit et de s’endormir.
Le jeune homme semblait s’être assoupi à peine plus d’une heure lorsqu’une sirène retenti dans la pièce. Son cœur battait la chamade d’un tel réveil quand la porte de son espace s’ouvrit toute seule. Il put alors voir défiler de nombreuses personnes dans le couloir, toutes se dirigeants vers le même endroit. Soudain, un homme apparu à l’entrée de sa pièce :
- Dépêche toi, vu ton visage, tu t’es suffisamment fait remarqué, lui dit-il.
Sans un mot, Thomas s’exécuta et suivit le mouvement dans un couloir semi-découvert, des plantes tombantes faisant office de mur extérieur. Tous grimpèrent une vingtaine de marches pour rejoindre une place ronde. Ce qui était en train de se produire semblait être bien rodé : les personnes venant du même niveau que lui se disposaient dans la partie la plus éloignée du centre, puis, des gardes armés se postaient entre eux et les autres personnes des niveaux supérieurs, qui se disposaient dans l’espace prévu selon leur rang. Au centre de cette place, se trouvait un grand chêne. Lorsque Thomas leva les yeux pour apercevoir les différents niveaux, il reconnut une architecture d’arène : l’ensemble des bâtiments formait un cercle autour de cette place. Comme il l’avait constaté avant, ces édifices étaient recouverts de végétation et des plateaux à intervalles réguliers ressemblaient à de petits jardins suspendus. Le jour se levait à peine et Thomas dus bien admettre que cette vision était impressionnante.
- Putain, merde Thomas, ils t’en ont mit, lui susurra-t-on à l’oreille.
L’intéressé se retourna et vit l’homme qui l’avait incité à sortir de son espace.
- Tu connais mon prénom, s’étonna-t-il, comme soulagé.
- Retourne-toi, putain, tu veux pas qu’on nous remarque, si ? lui rétorqua ce dernier.
Thomas avait juste eu le temps de voir cet homme, environ la quarantaine, les traits épais et les cheveux brun bouclés, mais maintenant en bataille. Il avait aussi une carrure impressionnante.
- Déjà que je ne sais pas ce qui se passe ici, se plaint le jeune homme.
- Ils t’ont effacé la mémoire pour te mettre dans leur droit chemin, chuchota-t-il encore.
- On m’a dit que j’avais été condamné à l’illusion pendant un an, rétorqua Thomas tout en continuant de marcher.
- Bullshit. Ca existe pas l’illusion. Ils racontent ça pour t’embobiner, affirma l’autre, tout en marchant derrière lui.
- Tu peux m’expliquer ce qu’il se passe exactement, là ? demanda Thomas, un brin agacé.
- Pour le moment, profile bas, fais comme ils disent. Fais leur croire que tu adhères à leurs conneries. Sors du niveau zéro et je te recontacterai.
- Et c’est quoi exactement leur trip ici ?
- Le sang l’ami, le sang.
- Le…
Ils s’arrêtent net, car les gardiens devant eu venaient de le leur intimer.
- Moi c’est Isidore ou Isi. Ne fais confiance à personne et …
Isi marqua un temps d’arrêt.
- Oui, quoi ? interrogea Thomas.
- Bienvenue dans le futur, lâcha Isidore avant de disparaître dans la foule.
- Quoi ?!... Super… murmura le jeune homme.
Soudain, une voix s’éleva dans un micro : « À genoux devant les anciens ! »
Tout le monde s’exécuta. Il y avait sur cette place environ 10 000 personnes, tête baissée, à genoux devant un chêne et une vingtaine de personnes qui semblaient descendre des plus haut étages des bâtiments. Pour Thomas, ces personnes n’étaient pas plus grandes que des fourmis, malgré ses tentatives de se lever, vite refouler par des gardiens qui veillaient au grain.
- Reste dans les rangs si tu ne veux pas d’ennuis, entendit-il à son oreille.
Lorsqu’il tourna la tête, il vit une jeune femme près de lui.
- Rebelle hein ? dit-elle en pointant son visage tuméfié.
Thomas détourna les yeux.
- C’est rien. On l’est tous un peu pour être ici, dit-elle. Moi, c’est Margaret.
- Thom…Tanneguy. On fait quoi ici au juste ?
- On rend hommage aux anciens et à notre Mère Planète. C’est comme ça tous les matins. Tu viens d’où toi pour ne pas savoir cela ? demanda la jeune femme, soudainement méfiante.
- Un coup sur la tête, j’ai des trous. On vénère surtout les anciens, non ?
- Chuttt… Dit pas des choses pareilles, tu vas mal finir, rétorqua-t-elle.
- Ouais, dans une cabine de paix par exemple, intervint quelqu’un derrière eux.
- C’est pas drôle Edgard.
- Qu’est-ce que c’est une cabine de paix ?
L’homme éclata de rire.
- Oh toi, tu le découvriras bien assez tôt, finit-il.
Les gardiens se rapprochèrent alors pour rétablir le silence. Thomas baissa alors la tête et put entendre pour la première fois la voix d’un ancien :
- Bonjour à tous. Remercions notre Mère Planète pour ses bienfaits et comme le chêne, souhaitons que les racines de notre société restent saines et bien ancrées. Joignez-vous à moi pour les remerciements silencieux alors qu’un nouveau soleil se lève sur la cité des vents. L’ancien posa ensuite le micro et joint ses mains. Toute l’assemblée resta dans le silence jusqu’à ce que les premiers rayons du soleil apparaissent. L’intégralité de la place se mit alors à applaudir et dire merci, créant une euphorie étrange. Puis, dans un ordre impeccable chacun rejoint son espace particulier, à commencer par les anciens.
Bien que Thomas soit très loin d’eux, il remarqua tout de même que ces derniers étaient anormalement fripés.
Chapitre 2 by Laportequigrince
- Je viens vous conduire à votre cours de transmission de mémoire, indiqua L’Hermite pour expliquer sa présence dans l’espace de Thomas.
Ses deux sbires ne lui laissaient pas beaucoup le choix de toute façon.
- Par contre, passez-vous un linge sur le visage sinon vous risquez d’effrayer les petits, commanda son pacificateur d’esprit.
- Les petits ?
- Obéissez, vous verrez bien et dépêchez-vous. C’est terrible ce questionnement perpétuel !
Thomas fut conduit ensuite près d’un tunnel translucide, avec à l’intérieur une sorte de wagon, lui-même transparent. Devant le regard stupéfait du jeune homme L’Hermite précisa :
- Ceci est un tube de transport. Il va nous amener vers l’espace d’apprentissage.
Thomas grimpa dans un des fauteuils du wagon et se laissa harnacher.
- Attention, les premières fois peuvent être perturbantes, Tanneguy.
Le jeune homme remarqua tout de suite le sourire en coin des deux gardes. C’était sûr, il allait morfler. D’autres personnes, dont des groupes d’enfants, prirent place également. Puis les portes se fermèrent et un bruit de gonflement se fit entendre. Thomas eu alors l’impression d’être une boule de flipper sur le point d’être lâchée.
D’un coup, il fut plaqué sur son siège, le souffle court et le cœur battant à cent à l’heure. Il parvint à regarder à travers ce tube pour voir plusieurs mètres en bas, la place et le chêne s’éloigner, puis ils frôlèrent les immeubles et leur jardin suspendu pour y voir des cultures et plus loin encore, l’océan, qu’ils surplombèrent. Il vit bientôt apparaître une plate-forme avec au centre, une construction entourée d’éoliennes. Leur wagon se dirigea vers une ouverture dans le bâtiment, mais ne perdait pas en vitesse pour autant. Thomas ne put retenir un cri de frayeur lorsqu’ils entrèrent à pleine vitesse dans l’immeuble pour enfin freiner brusquement.
Essoufflé, le jeune homme faillit s’évanouir à l’ouverture de la barre de sécurité ce qui intrigua fortement les enfants qui furent sommés de descendre. Thomas prit quelques minutes pour reprendre ses esprits et sortit à son tour. Les éoliennes alentours faisaient un bruit sourd alors que pour la première fois depuis son arrivée, il sentit le vent sur son visage.
- On annonce un orage dans un mois, déclara L’Hermite, le sourire aux lèvres.
- whaouuu, lancèrent en cœur les enfants.
Thomas, lui, était bien trop occupé à regarder derrière lui pour écouter. Au loin, il apercevait leur point de départ : la cité des vents. C’était une plate-forme aussi, une plate-forme géante. Cela expliquait au moins les allusions à la terre ferme.
- Et oui Tanneguy, voilà bien trop longtemps que l’homme a du quitter le sol pour se réfugier ici. Tout vous sera expliqué en transmission de mémoire. Allons-y.
Ils entrèrent donc dans le bâtiment et montèrent au premier étage où régnait une certaine effervescence. Thomas remarqua tout de suite que plusieurs générations se côtoyaient. Jusqu’à présent, tous étaient vêtu de lin blanc, mais là, il y avait différentes couleurs de vêtements.
- Selon les cycles, expliqua le pacificateur d’esprit. Par ici, lui indiqua-t-il ensuite.
Il y avait un escalier central, puis tout s’axait par étage, encore.
- J’imagine que je commence en bas.
L’Hermite le regarda, mais ne répondit pas.
- Ca veut dire oui, donc, conclu Thomas.
L’Hermite fit ensuite glisser une porte donnant sur une pièce remplie d’enfants d’une dizaine d’années.
- Je vais quand même pas….
- Suivre des cours avec les jeunes pouces, si, s’amusa l’homme. Nous reprenons les bases.
Quand Thomas s’avança dans la pièce, des murmures montèrent dans les rangs des enfants assis sur des nattes.
- Ca n’est pas courant, déclara la vieille femme en charge des cours.
- Vraiment ? Tous les revenants ne suivent pas ces cours alors ?
La femme parue prise au dépourvu et regarda L’Hermite les yeux pleins de détresse.
- Nous tentons une nouvelle approche avec vous Tanneguy, se justifia L’Hermite.
- C’est cela oui, pensa le jeune homme.
Pourtant, il se prit au jeu et pendant plusieurs semaines, il se rendit à ces cours, presque avec entrain. Il apprit ainsi que deux guerres successives avaient fait rage au milieu du XXIe siècle. D’abord de religion, puis de ressources. C’est avec cette dernière que les hommes utilisèrent des bombes atomiques qui ravagèrent le globe. D’abord divisée par deux, la population de la terre ne cessa de décroitre et c’est là qu’un groupe de brave, les anciens, mêlant d’imminents scientifiques à des défenseurs de la planète, entreprirent la création des cités pour sauver un maximum d’humains et vivre en harmonie avec l’environnement.
- Pourquoi les ponctions sont importantes ? demanda la professeur.
- Pour savoir si on va bien, répondirent en cœur les enfants.
- Pourquoi est-ce mieux de vivre dans les quartiers d’enfants ?
- Parce que l’on peut apprendre l’ordre, l’indépendance et se passer de sentiments superflus, rétorquèrent encore les enfants en bons perroquets.
- Qu’est-ce qui est le plus important dans la vie ?
- La Mère Planète, les anciens et la cité, madame.
- C’est bien les enfants…et Tanneguy, vous pouvez disposer.
Les journées du jeune homme se ressemblaient toutes : ponction, vénération de la Mère Planète, ponction, cours, ponction, espace d’alimentation, course, ponction.
Cela faisait maintenant quelques jours qu’il avait atteint le niveau 2, c’est-à-dire, les gens quasiment respectables. Encore un niveau et on lui assignerait un métier, un autre encore et une fois par mois, on lui choisirait une reproductrice. C’était cela la cité, tout était régenté, les sentiments et l’esprit critique étaient les ennemies de l’ordre et devaient disparaître. Parfois, Thomas se remémorait son ancienne vie puis il regardait autour de lui et soupirait, cela avait-il même vraiment existé. Soudain, la porte de son espace particulier s’ouvrit pour laisser apparaître Isidore, plus calme et propre que la première fois qu’ils s’étaient vus.
- Reconnaissance éternelle et dévotion, Tanneguy.
- Reconnaissance éternelle et dévotion, Isidore, répondit Thomas, méfiant.
- Maintenant que nous sommes au niveau deux, nous pouvons contribuer à l’énergie collective en nous regroupant dans l’espace physique. Acceptes-tu Tanneguy ?
- Tu veux dire courir en salle, n’est-ce pas ?
Isidore ne répondit rien et pendant une seconde Thomas se dit que l’endoctrinement avait fonctionné sur lui.
- Je te suis Isidore, lâcha enfin le jeune homme.
- On m’a dit que tes ponctions sont régulières et abondantes, est-ce vrai ?
- Trop. Je ne sens plus mes veines, pourquoi autant de test, je te le demande !
Les deux hommes entrèrent dans un couloir qui allait les mener vers l’espace physique, à quelques mètres.
- Oserais-tu remettre en cause les décisions des anciens ? demanda Isidore l’air offusqué.
- Non je n’oserai pas, reconnaissance éternelle et dévotion, répondit-il.
- Et ben … T’as tors baltringue, lui murmura Isi, en le poussant dans un coin.
- Putain, mais tu joues à quoi ? demanda Thomas, ça fait des semaines que j’attends !
- Les ponctions qu’on te fait, c’est pas pour ta santé.
- C’est pour quoi ?
- Les anciens. Enfin… Un en particulier.
- Soit plus précis, intima Thomas.
- Écoute, l’illusion, ça n’existe pas. Ils t’ont fait venir grâce… À une machine à remonter le temps et ceci dans un but précis. Prépare-toi à partir, d’après mes infos, ça risque de devenir moche pour toi et pour tout le monde par la même occasion. On te renvoie ce soir. Il y a un orage de prévu.
- Une machine à remonter le temps maintenant. Chui en train de devenir fou, c’est ça ? Je suis dans un délire hallucinatoire à l’hôpital en fait…
- Thomas, c’est sérieux, ce soir je viens te cherch…
Isi ne put finir sa phrase, L’Hermite venait d’entrer dans le couloir, toujours entouré de ses gardes.
- Le voilà ! Les rassemblements sont interdits, séparez-vous tout de suite. J’ai à vous parler Tanneguy, lança-t-il sur un ton autoritaire, laissez-nous Isidore.
Ce dernier s’exécuta tout en faisant un signe de tête à Thomas.
- Par ici Tanneguy, j’ai quelqu’un à vous présenter. Quelqu’un qui est fier de vos progrès.
Ensemble ils montèrent plusieurs étages jusqu’à ce que L’Hermite lui fasse signe d’entrer dans un couloir puis une petite pièce médicalisée. Thomas prit peur et tenta par réflexe de faire demi-tour, c’est alors que les gardes se jetèrent sur lui et le plaquèrent sur la table d’examen au centre de la pièce avant de l’y attacher. Pour s’assurer de son silence, ils lui mirent également un bâillon. Puis, L’Hermite actionna l’élévation de cette table, jusqu’à ce qui soit à la perpendiculaire. Pendant ce temps, Thomas se débattait autant qu’il le pouvait, en vain.
- Calmez-vous Tanneguy, la personne qui s’apprête à entrer est l’une des plus puissantes du monde. Un ancien. Vous rendez-vous compte du privilège qu’il vous fait ?
Ces paroles ne calmaient pas Thomas qui gesticulait et hurlait à travers son bâillon. Soudain, un homme entra, seul. Il était ridé, voir fripé, impossible de lui donner d’âge. Tous baissèrent la tête devant lui et se retirèrent de la pièce sans un mot. Son entrée ne calma pas pour autant le jeune homme.
- Tu vois, c’était l’idée de L’Hermite de changer ton prénom, il pensait que ça contribuerait à maintenir ta mémoire dans le flou et te fixer une nouvelle personnalité. J’y ai presque cru, mais maintenant, ça n’a plus aucune importance.
Thomas grommela.
- Tu te demande ce qu’on fait ici et qui je suis, bien sûr. Vu ce que je te réserve, tu as le droit de savoir. Vois-tu, il y a très longtemps de cela, quand j’étais encore enfant, mon frère, que je vénérais, est mort. Apparemment, il avait perdu trop de sang et les transfusions reçues ne furent pas suffisantes. Ce jour-là, je m’étais juré de trouver une solution et je fis de brillantes études, puis de la recherche. Je fis alors une découverte des plus étonnantes, et même, je peux le dire maintenant, révolutionnaire. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais disons qu’après un procédé de purification, une injection de sang permet de ralentir le vieillissement des organes. Bon, j’avoue, les expériences que j’ai pu mener pendant la 3ème guerre ont été cruciales. C’est comme cela que c’est crée notre groupe. Des chercheurs comme moi, mais aussi des architectes, des ingénieurs… Nous sommes vingt au total. L’idée de la plate-forme est venue durant la 4ème guerre, le chaos sur la terre ferme nous a permis de soudoyer pas mal de monde et puis, la perspective de l’immortalité aussi. Tu serais étonné de ce qu’étaient prêt à faire les grands du monde pour être immortels. Tu te doutes bien qu’ils ne l’ont jamais eu, pas dignes. Ca nous a demandé des efforts, mais finalement, un lâché de bombe nucléaire plus tard, il n’a pas été difficile de trouver la doctrine qui nous permettrait de garder les personnes choisies sous notre coupe : l’environnement couplé à la peur. Ah oui, car tu l’as peut être déjà compris Thomas, la terre ferme n’est pas aussi polluée que cela, mais ça… Chut …, sourit l’ancien.
Il prit une chaise, s’assit et regarda un instant le jeune homme, songeur, avant de reprendre.
- Tu te demande pourquoi toi ? Et bien tout simplement pour vérifier une théorie. Vois-tu, le sang modifié, appelons-le ainsi, permet de rajeunir les organes, mais soignons honnêtes, regarde moi, il est vrai que j’approche des 178 ans, mais tout de même, ca n’est pas ragoutant. Alors, je me suis dit, que se passerait-il si je m’injectais du sang de ma parenté? Le problème c’est que le ralentissement du vieillissement ne c’est pas fait sans effets secondaires et malheureusement je n’ai jamais pu avoir de descendance. Par contre, j’ai eu une famille… Il y a longtemps.
L’ancien sorti alors une petite tablette de son pantalon de lin sur laquelle s’affichait une photo qu’il présenta au jeune homme.
- Tu vois le lien là ? lui demanda-t-il avec un sourire sadique aux lèvres.
Sur le cliché, Thomas reconnut immédiatement ses parents, lui-même et son petit frère, Raphaël. Il hurla à nouveau et tenta de se libérer ce qui fit beaucoup rire l’ancien.
- Et oui, qui de mieux que mon frère pour cette expérience ? D’ailleurs ; c’est amusant car c’est ta mort qui m’a conduit à toutes ces recherches, hors, ce sont les hommes que j’ai envoyé dans cette ruelle qui l’ont provoqué. Ah oui, parce que pour faire voyager quelqu’un dans le futur, il faut que son corps soit au bord de la mort. L’inverse n’est pas vrai, à propos. Enfin bref, toujours est-il que ton sang est magique et si tu me trouves rabougris maintenant, je peux t’assurer que c’était pire avant. En gros, tu me fais rajeunir et il est hors de question que je prenne le risque de te perdre dans la cité. Donc, tu vas rester là, attaché jusqu’à ce que je trouve un autre moyen, mais ne t’en fais pas, on va t’anesthésier pour que tu ne sois plus jamais conscient de rien.
Encore une fois, Thomas gesticula sur la table et essaya de parler, sans résultat.
- Tu sais que certains osent dire que ce traitement au sang nous fait devenir insensibles, immorales, voir fous.
Un énorme bruit résonna soudainement et le coupa dans sa phrase. Il se leva alors d’un bond.
- Les capteurs d’orage remontent, ça nous permet de capturer l’électricité des éclairs, pas mal, vraiment … Et beau à voir … Malheureusement, tu ne le pourras pas.
Raphaël quitta la pièce ainsi, alors que tout à coup une machine s’articula au-dessus de Thomas. Lorsqu’il leva les yeux, il vit deux aiguilles s’approcher de lui et dès qu’elles le piquèrent, il perdit connaissance.
C’est une gifle que venait de lui donner Isi qui le réveilla. Avec difficulté, il regarda autour de lui et vit des poches remplies de son sang. Isidore prit alors son visage entre ses mains.
- Thomas, c’est pas le moment de flancher, nous devons y aller, il va falloir que tu marches. Tu peux le faire ?
Les premiers pas furent tout de même compliqués, mais après quelque temps, il put marcher presque seul. C’est à ce moment-là qu’il remarqua le deuxième homme au côté d’Isi.
- T’inquiète, voilà Simon, il est là pour nous aider. On sort maintenant, nous devons juste descendre d’un étage.
Isidore passa le premier pour s’assurer que la voie était libre et fit signe aux autres de le suivre. Ils entreprirent alors de descendre d’un étage, là où d’après le troisième homme se situait la machine à remonter le temps. En bruit de fond, on pouvait entendre les grondements de l’orage et les tremblements à chaque fois qu’un éclair tombait sur les capteurs.
- C’est grâce à cet orage qu’on aura suffisamment d’énergie pour te ramener, sinon, on se ferait détecter tout de suite, expliqua Isi.
Ils allaient atteindre la porte les menant à la machine lorsque deux gardes les virent et donnèrent immédiatement l’alerte. In-extremis, ils parvinrent à pénétrer dans la pièce. Simon referma la porte à clef derrière eux, mais il était évident qu’ils avaient peu de temps.
Isidore fit avaler un liquide au jeune homme qui manqua de tout recracher. Puis le tube de plastique remonta le long du fauteuil médical où Thomas venait de s’asseoir et il commença à se sentir nauséeux.
- C’était quoi ce truc, demanda-t-il.
- Des nano-insectes pour reprogrammer ta puce de localisation et te ramener. Tu devrais arriver dans un rayon de 500 mètres autour du lieu où ils t’ont tabassé, quelques minutes avant. Tu dois les empêcher tu entends.
Pendant qu’il lui expliquait cela, Isidore s’activait autour du tube, il semblait le connecter à une tablette.
- Mais comment tu sais faire ça, toi ? interrogea Thomas. Tu n’es pas de la cité, c’est sûr…
- T’occupes et trouves celui qu’on avait envoyé pour t’aider. Qu’il ne rate pas sa mission cette fois !
- Et comment je m’y prends…
Thomas ne put finir sa phrase, car sa tête lui fit un mal de chien. Il se sentait partir mais il pouvait tout de même voir Simon et Isidore adossés contre la porte pour qu’elle ne cède pas aux assauts des gardes puis, il s’évanouit.

Quand il reprit connaissance, il était dans le noir, allongé dans quelque chose de froid. Tout à coup, on alluma la lumière et il put constater qu’il était dans une baignoire. Les cris de la jeune femme en face de lui, le requinquèrent aussitôt.
- Comment, t’es entré ? Je vais appeler les flics, pervers ! hurla-t-elle avant de quitter le cadre de la porte.
Thomas en profita pour sauter hors de la baignoire et chercher la sortie. La jeune femme était déjà au téléphone lorsqu’il prit la porte et descendit quatre à quatre les marches le conduisant dans la rue. Il lui fallut plusieurs secondes pour se repérer puis il remarqua qu’il se trouvait à quelques mètres du bar où il avait laissé son ami. Thomas se précipita alors et manqua de se faire voir de Sofiane et lui-même, en train de se quitter. Il attendit, dissimulé dans la peine-ombre du coin de la rue, puis, entreprit de sortir de sa cachette pour rejoindre son double. C’est alors qu’on l’empoigna et le plaqua au mur.
- Bordel, tu as failli te faire voir. Je suppose que si tu es là, c’est que j’ai foiré ma mission…Encore, lui dit Sofiane en le relâchant, qu’est-ce qui c’est passé cette fois ?
- Sofiane ? ... Cette fois ? répéta Thomas.
- On a pas le temps là, répondit sèchement son ami.
- Euh… Ouais… Je me fais tabasser dans la ruelle là-bas.
- Ok. On y va, décréta Sofiane en commençant à courir. Par contre, toi, tu restes en arrière.
À leur arrivée dans la ruelle, Thomas était déjà bien amoché mais Sofiane, qui semblait avoir une grande maîtrise du combat, mit rapidement les agresseurs en fuite. Le Thomas resté en retrait commença alors à vaciller pour complètement disparaître. Sans être surpris, Sofiane s’approcha de Thomas et l’aida à se relever.
- C’était moins une. J’ai vu que tu étais suivi à la sortie du bar. J’ai voulu vérifier que tout allait bien, j’ai bien fait. Je t’accompagne chez toi, faut rincer un peu ton visage ou bien tu vas faire peur à ton petit frère pour son anniversaire.
- Merci mon poto ! Tu crois pas si bien dire, c’est un gros sensible… Futur artiste probablement.
Chapitre 3 by Laportequigrince
Les deux amis s’éloignèrent ainsi alors que deux silhouettes se dessinaient derrière eux.
- Espèce de baltringues, vous aviez vraiment cru que ça suffirait ?
- Du calme Isi, on n’était pas censés savoir, rétorqua Thomas.
- Non mais c’est pas grave, après tout c’est juste l’avenir du monde qui est en jeu. Allez, c’est parti, on a du pain sur la planche pour rattraper vos conneries, lança Isi avant de s’enfoncer à nouveau dans l’obscurité.
End Notes:
Voilà voilà! j'espère que vous avez passé un bon moment!
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