Elle aimait l’entendre parler de ces rites, ces traditions auxquels il croyait. Elle, elle n’y croyait pas, mais ça la fascinait. Vaudou, ce mot qu’elle trouvait aussi attrayant qu’effrayant. Elle aimait l’entendre parler de ce pays qu’elle ne connaissait qu’à travers quelques clichés. Elle se laissait bercer par les douces paroles de son grand-père. Une fois lancé, il était intarissable. Cela exaspérait sa mère, car ça lui rappelait ce pays qui l’avait fait souffrir, tandis que lui, c’était d’être ici qui le faisait souffrir. Père et fille ne se comprenaient plus depuis trop longtemps. Les échanges se faisaient rares entre eux. Il ne restait plus qu’elle pour maintenir un semblant de lien entre eux.

Cette femme la toisait de son regard hautain. Ses yeux éteints semblaient s’être perdus dans des contrées amères. Ses cernes bien marqués accentuaient encore plus la tristesse de son regard. Aucun sourire ne venait illuminer son visage. La regarder ainsi lui donnait froid dans le dos. Alors, chaque jour elle détournait son regard pour ne pas voir la réalité en face… pour ne plus voir la réalité en face. Elle se tiendra désormais éloignée de ce miroir. Le déni restera sa prison pour le moment.