1. Chapitre 1 by GG 1952
Mention de suicide dans ce texte !
Ainsi donc l'oncle Eugene n'est plus.
Lassé de l'existence, il s'est donné la mort.
Ce n'est que trois décennies plus tard que j'ai appris la triste nouvelle.
Je l'aimais bien l'oncle.
C'était un bel homme.
Tous les mâles de cette famille étaient dotés d'un physique avantageux.
D'origine teutonne, ils étaient de grande taille, solidement charpentés.
Ils n'étaient pas déficients mentaux, mais leurs vies, jonchées de moments calamiteux, avaient été difficiles.
Il était donc massif.
C'est probablement du fait de cette caractéristique, que l'oncle a choisi une corde de chanvre suffisamment solide pour supporter son presque quintal.
Les suicides furent nombreux dans cette famille.
Toutefois, chaque désespéré mit un point d'honneur à se trucider de façon originale.
Ainsi, l'oncle Eugène s'est pendu.
Une malédiction pesait sur cette lignée.
Son neveu, Paul un joli garçon sévèrement maltraité par son épouse, s'assit un matin dans son fauteuil roulant et d'une roue décidée, alla à la rencontre de la micheline qui desservait les deux villes qui encadraient le village où il endurait un véritable calvaire.
Ainsi, de fil en aiguille, de corde en corps écartelé sur une voie ferrée, s'écrit le funeste destin de certains hommes.
Il y eut bien sûr quelques pistolets, quelques couteaux, des doses de cyanure, des envolées au barbiturique.
Mais aussi des morts naturelles, de celles qu'on a coutume d'appeler " les belles morts ".
Dans le lit accoutumé, terrassé par le grand âge ou la maladie, le regard en neige, la lèvre tremblotante.
Entouré de ses proches ?
Seul, face à la camarde ?
À chacun, ses valeurs, à chacun son trépas.