Poussière by via_ferata
Summary: Faire des ricochets sur la mer, et m’abîmer dans leurs sauts à en perdre mon âme. T’oublier, noyer tes cendres de sel. Merde, quoi, ça fait mal !
Categories: Inclassable Characters: Aucun
Avertissement: Aucun
Langue: Français
Genre Narratif: Nouvelle
Challenges:
Series: Aucun
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 769 Read: 2461 Published: 24/10/2011 Updated: 24/10/2011

1. Chapitre 1 by via_ferata

Chapitre 1 by via_ferata
Author's Notes:
Comme toujours, Verowyn a encore assumé la relecture de ce texte (et les "mais oui, c'est bon, ne t'en fais pas"...) et vraiment, vraiment, je la remercie très fort pour sa promptitude et ses corrections !
Poussière ! Poussière que ta chair, poussière que ton être, et les vapeurs que tu émanes.
Des méandres aux volutes sombres, j’ai tout perdu, et je ne vois dans l’infini de nos brumes que l’ombre évanescente de tes cendres. Je rêve aux passés trépassés, aux hier inaboutis que demain oublie et chasse d’un battement de destin.

Poussière. Sincèrement, pourquoi ?

J’aimerais voir ton image se figer dans une forme d’éternel présent. C’est beau, l’éternité, c’est plein de contrastes. Tu aimerais, tu aurais aimé. Une photographie en noir et blanc. Juste ce qu’il faut de flou en fond pour que ton implacable netteté semble surnaturelle. Ta beauté dans la poussière de tes mots.

Faire des ricochets sur la mer, et m’abîmer dans leurs sauts à en perdre mon âme. T’oublier, noyer tes cendres de sel. Merde, quoi, ça fait mal !
Je voudrais rendre belle la douleur, tu sais, paraître digne, grandie par le deuil. Je voudrais ne pas rire nerveusement à la moindre distraction. Putain, putain de merde, tout ce que je peux faire, c’est jurer souvent et pleurer parfois. Poussière que moi et mon importance. Tu es partie et je ne suis plus. C’est grossier et ridicule.
Je crois que tu m’aurais mieux pleurée. Tu aurais figé ton visage blême de silences magnifiques et le noir que tu aurais porté n’aurait été là que pour souligner le blanc de ta peau, le blanc de mon éternité, le blanc terrible de ton deuil. En te voyant, on aurait baissé la tête, touché par ta peine, ébloui par ton charme. Par toi, on m’aurait crue admirable.

Et moi, je chiale juste comme un enfant malade. Pardon. Quand j’essaye de me reprendre, de me moucher en déglutissant mon chagrin une dernière fois, un sanglot me reprend, presque sans raison. Ce n’est pas que ton visage s’est imposé à moi, ou quoi que ce soit, au contraire, pour me consoler, je tente de penser à tes rires, tes histoires.
Je nous vois assises sur le banc perdu de notre parc que même les amoureux ne voient plus. Tu réprimes un mot d’un pincement de lèvres, tu veux repousser demain comme tu peux, en étirant le temps de tes silences. Aujourd'hui sera toujours meilleur. Alors tu te penches sur le banc pour jouer avec les traces d’humidité que la dernière pluie a laissées derrière elle. Tu les étales jusqu’à ce qu’elles se perdent en vapeurs induites, conduites, construites ou peu importe ; je t’observe.
Tu murmures un secret. Un garçon un jour, ta maladie le lendemain.
Puis le banc vide.

Merde, merde encore, putain ! Je voulais me calmer. Penser à toi, pas à mon trou. Mince, tu n’es plus là, et j’ai juste l’impression que ma vie ne pourra plus aller droit. Personne à qui chuchoter mes hontes, mes hantises ou ta mort. Personne comme toi. Et le vide de mes midis. Je ressemble à une larve, c’est dégoûtant, pour toi comme pour moi.
Et tu auras beau me dire que ce n’est rien, que ça va passer, je n’y peux rien, ça ne marche pas. J’oublierai dans un instant, mais aujourd’hui je me subis.

Ta mère ne pleure pas, mais ses yeux sont rougis, et j’ai vu qu’elle évitait de parler. Quand elle a répondu à ta marraine, sa voix tremblait. Mais elle est venue me voir. Elle m’a dit « si jamais tu veux en parler », puis elle s’est tue un instant, et quand j’osais lever les yeux vers elle, elle ne me regardait pas. J’ai dit « merci », elle m’a répondu d’un ton bizarre que je serai toujours la bienvenue. Elle m’a fixée avant de se détourner.
Elle non plus, elle n’est pas vraiment digne, mais c’est beau quand même, toute cette douleur concentrée et éllipsée.

Je me sens sale d’être laide, horrible de penser à moi et je jure, merde et putain, putain de merde, pour cracher dans chaque mot ce qui me répugne en moi. Toi, nos adieux et moi.
Quelqu’un tombe, je ris. Je jure. Pardon, c’est nerveux, je promets ! Sale encore, boueuse, bouseuse.

Os de verre. Cœur en verre. Foutue transparence.
Et ta douceur contrainte.
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