Le jour où tu m'as tendu la main by Hugo
Summary: J'ai enfin posé mon menton de l'autre côté de la planète, après avoir creusé la terre sèche, des jours durant. Elle était juste assise au bord du gouffre, depuis toujours. Elle semblait simplement m'attendre.
Categories: Témoignages, Biographies Characters: Aucun
Avertissement: Aucun
Langue: Français
Genre Narratif: Nouvelle
Challenges:
Series: Aucun
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 1177 Read: 1992 Published: 05/12/2013 Updated: 07/12/2013
Story Notes:
Cadeau de Noël pour mon Alex, Alexia.

1. Chapitre 1 by Hugo

Chapitre 1 by Hugo
Les tables étaient d'un éclat argenté luminescent et j'avais envie de me cacher les yeux pour éviter de les affronter. Matthieu devait encore être vêtu d'une chemise haïtienne à vomir, où de son pantalon qui attire l'oeil sur son sulfureux membre viril, de quoi nous faire rire le reste de la journée.
C'est le premier souvenir, je ne sais pas pourquoi il s'est marqué dans ma mémoire, je sais seulement que deux heures plus tard, en Arts, je te tendais mes premiers écrits et qu'ils passaient dans tes mains, prêts à être lus pour la première fois.
Quand j'y repense, qu'est-ce que tu avais fait de spécial pour que je te choisisse ? Il y avait juste dans ton regard une lueur intéressée, quelqu'un qui comprenait enfin, c'était comme si j'avais creusé toute ma vie dans la terre sèche et que je débouchais enfin de l'autre côté de la planète, sain et sauf.
Il y avait ta main, paume vers le haut, et c'est comme si tout ça avait changé le cours de nos vies. J'étais affreusement gêné ; et si c'était nul et si tu n'aimais pas et si j'avais fait que de la merde, au point que tu me prennes pour un looser de premier goût ?
Tu n'as peut-être pas aimé mais c'est pas grave. Tu étais là, paume tendue vers le haut et j'avais enfin posé le menton de l'autre côté de la terre.

Quand je pense à toi, c'est souvent un intense étau qui se referme sur moi, tout entier, de la tête aux pieds, ça m'étrangle parce que c'est trop fort de t'aimer, trop dur à supporter, tout cet amour, je vois pas comment je pourrais le partager. Et quand je vois les gens seuls, ceux qui marchent sans rien dire à personne, j'ai envie de leur hurler que moi je t'ai, moi je ne suis pas seul, j'ai quelqu'un, quelqu'un de si extraordinaire qu'il faudrait l'enfermer dans une boîte de verre pour éviter de l'abîmer.
J'ai envie de me vanter de t'avoir, une amie comme toi, un truc si fort que c'est dingue ce que ça fait mal.
Quand je n'ai pas envie de me trouer le bide pour t'en sortir, je suis un véritable torrent de flammes, je me rappelle tout de toi, jusqu'au moindre détail, le genre de chose que je pourrais décrire durant des heures, devant un amphithéâtre de marionnettes, qu'ils m'écoutent ou ne m'écoutent pas, j'ai besoin de te sortir, de t’exhiber, je veux te montrer, leur dire « regardez, regardez donc ce que j'ai là, ce qui me suis, ce qui est avec moi » nom de Dieu, ça serait sûrement le plus beau moment de ma vie, celui où tout le monde se rendrait compte de la chance que j'ai de te connaître, tout ce qu'ils ont raté sans même avoir levé le regard vers toi dans la rue.

Je t'aime Alex, c'est crevant, ça commence à me dévorer, un vers de terre qui me ronge, t'es comme une gangrène, tu pars pas, tu restes toujours quelque part et je pense à toi dès que je cherche mes clés dans mon sac.
Il y a des jours c'est frustrant comme tu me manques, j'ai envie de t'avoir près de moi ou de t'entendre cuisiner à côté, j'ai besoin de ta voix, lorsque tu chantes, lorsque tu parles, lorsque tu pleures et lorsque tu ris, j'ai besoin de toutes tes émotions pour éviter d'imploser comme une bouilloire.

Tu me dévores, tu me noie, me ronge toute entier et personne ne le sait. Tout le monde devrait le savoir, tout le monde devrait te connaître, vous regarder vous unir toi et ta guitare, même lorsque tu n'es pas ivre de ta vie.
Parfois quand tu chantes, tu brûles et tu t'animes, et les gens brûlent avec toi, ça fait comme une gigantesque flamme traumatisante, une marque sur la peau qu'on ne doit pas lécher.
Tu ne mesures pas combien tu es exceptionnelle Alex, je suis certain que tu n'en sais rien, tu n'as aucune idée de ta valeur, mais moi je le sais et je serais toujours prêt à le hurler aux marionnettes, à creuser la terre pour le faire comprendre, je veux que les gens sachent, combien tu es incroyable, ça ne semble pas si dingue à comprendre pourtant, cette vague formidable de bonheur que tu propages en moi, j'ai l'impression que tout le monde peut le voir, trop énorme pour être caché, cette chose gluante et déguelasse que tout le monde appelle l'amour, je ne l'éprouve que pour toi, un sentiment pour lequel je vomis sauf quand il s'agit de nous deux réunis. J'ai l'impression d'être plein à ras-bord quand je suis assis sur le même canapé que toi, tu me remplis de tes flots de phrases et je les avale, jusqu'à ne plus en pouvoir, et je finis par mourir doucement, pour te regarder vivre de loin, pour voir tes si longs bras s'agiter avec vigueur, t'observer courir en te cognant les genoux, entendre le frottement de tes cheveux secs sur tes épaules quand tu tournes la tête et le crissement de tes dents quand t'ébauches un sourire.
Il y a quelque chose en toi qui me rappelle à moi, qui me cloue les orteils sur le trottoir et je n'ai pas le choix, je suis face à moi-même, tu me tiens la main et soudain tout va bien, que se passerait-il si tu me quittais pour le trottoir d'en face, si tu tournais au coin de la rue, est-ce que j'y arriverais, est-ce que je pourrais avancer, tout seul, après avoir traversé la planète en évitant la lave au centre, que ferais-je sans rien, sans mes doigts pour te croquer, pour t'écrire, pour te dessiner et sans mon cerveau pour te penser? J'aurais le goût humide de la terre sur mes lèvres, le poids du ciel dans mes mains. Elles ne seront plus assez grandes pour contenir tout ce qui peut y vivre, qu'est-ce qui comptera alors ? Ce ne sera plus nos nuits d'ivresse ni nos rêves autour de notre vie qui grésille. Ce ne sera que les cauchemars, les draps qui transpirent, le cœur vide et le corps sale. Tout s'effondrera.

Des odes à l'amitié, il y en a eu des milliers, des textes si beaux que c'est à pleurer, des textes tout aussi à chier, des textes pourris, qui craignent, qui font marrer mais tant que ce texte parle de toi, je sais qu'il ne peut pas être raté, c'est mon ode à l'amitié, l'éloge d'une Alexia à l'ivresse et à la magie qui débordent, qui me plaisent et qui parfois me font flipper.
C'est mon hymne, c'est pour toi, juste toi, mon toi.

Joyeux Noël Babe.
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