Lien Facebook



En savoir plus sur cette bannière

- Taille du texte +

Les épices du plat servi ne devaient pas être du goût des gens du Sud, sourit Dreik Varagone en repensant à la réponse peu banale que venait de lui donner le capitaine de la petite armada de l’Empire des Cités Rouges mouillant dans son port.


– La sœur, l’avatar de Nimys, la déesse de la trahison, Nalfichnii, a été exhumée. Si je puis vous dire , je ne saurais vous dire quand. Elle a surement de l’avance. Elle a peut-être déjà commencé. Et si tel est le cas…


Le devin de l’Empire portait les traits d’un homme accablé. Ou bien, il était un excellent acteur, digne des plus grandes tragédies ou ce qu’il disait était vrai.


La vérité, savoir distinguer le vrai du faux, tel était le pouvoir des prétoriens de Kisadyn, tel était son pouvoir quand il était plus jeune. Mais, les sillons passés avaient étouffé cette petite voix dans sa tête. Aujourd’hui, il n’était plus sûr de rien. La politique portait en elle tous les germes du mensonge. Et, il avait bu à cette fontaine, des sillons durant, donnant plus d’importance à son armure rutilante qu’à la voix qui l’avait sorti de la boue collante des champs de son père. Et d’ailleurs, qui donc en cette cathédrale était encore investi de ce pouvoir ? Pas un des sincères prêcheurs ne pouvait s’en targuer. Tous gangrénés par la soif de richesse. Quand cela avait-il commencé ? Il ne s’en souvenait même plus. À quoi bon d’ailleurs ? La mort de son fils et de tout espoir de descendance avait éteint la dernière flamme que son mentor voyait encore, à l’époque, bruler en lui. Son mentor, qui l’avait convaincu de se présenter pour embrasser le titre de Saint Juste. Et maintenant, ce titre l’obligeait à écouter l’éminence grise de l’empereur des Cités Rouges, l’empereur immortel, Khalaman, second fils de la famille Jugdar, que son mentor suspectait d’avoir assassiné son propre frère ; Tyros Jugdar, avec qui il avait partagé nombre de repas et de joutes en compagnie de son plus fidèle ami, Surn Kairn. Et, lui revinrent en mémoire les lignes de la dernière lettre reçue, quelques jours avant l’arrivée de Chèl Mosasteh. Elles faisaient maintenant écho aux révélations du devin :


À la table des négociations, ce n’était pas Khalaman que mes mains souhaitaient étrangler, mais ce maudit devin, qui sans même dire un seul mot, déroula le parchemin du traité qui devait sonner l’infortune des keymés.


Dreik Varagone regarda le devin, son cou gris et fripé et… ses propres mains. Il était seul. Plus personne n’était là pour le sauver. C’était, ce soir, si facile de l’éliminer à jamais de la surface de ce monde et, avec lui, effacer les machiavéliques manœuvres qu’il prenait des sillons à élaborer. Ainsi, par ce geste, il sauverait surement des centaines, des milliers, des dizaines de milliers d’âmes que Chèl Mosasteh projetait encore de damner. Les rumeurs d’expulsion et de concentration des keymés prenaient maintenant tout leur sens. Voilà pourquoi il a réalisé cet Empire…


– pour le PURIFIER ! cria le prétorien, sortant le devin de son récit.


Chèl Mosasteh eut soudain le regard inquiet. Son hôte arborait des yeux étrangers, pas du tout en adéquation avec l’histoire qu’il venait de lui narrer.

Note de fin de chapitre:

Depuis 2018, nous publions la saga YURLH sur HPF. Nous préparons un financement participatif en 2025. On a besoin de toi pour faire de ce rêve une réalité : un roman papier.

Joins-toi à nous sur www.yurlh.com

 

Vous devez vous connecter (vous enregistrer) pour laisser un commentaire.