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Chamanoukélif n’était pas un marchand daïkan comme les autres. Déjà, il n’était pas daïkan d’origine ni même thiasite ni humain. C’était un ratrid, un mi-homme mi-bête. Sa patrie de naissance était une lointaine cité, portant le nom de Baakshal. Cité par-delà l’océan Calamnite où les ratrids avaient prospéré dans le commerce qui est, au demeurant, leur domaine de prédilection.

Étouffé par les affaires de son frère, dont le nom attirait toutes les poignées de mains fructueuses, Chamanoukélif préféra tenter l’aventure en un pays lointain, dès l’âge de huit sillons. Cela peut paraitre jeune pour un humain ou toute autre race du monde des Trilunes, mais huit sillons étaient l’âge convenu pour faire des affaires en tant que ratrid.

Daïkama n’était pas sa cité préférée, compte tenu du penchant des Daïkans pour l’esclavage des mi-hommes mi-bêtes. Mais, le destin voulut, qu’un beau jour de tempête, son navire soit dans l’obligation d’y faire escale. Bien que Chamanoukélif cumulait tous les atours du parfait homme d’affaires en devenir, parvenir à faire son terrier, dans une cité comme Daïkama, relevait de l’exploit. Mais, quand on est jeune, l’aveuglement est souvent gage de réussite.

Après vingt-huit sillons passés à lécher et graisser toutes les pattes des petites mains jusqu’aux membres les plus influents des familles daïkanes, son terrier était devenu un palace. Et le nom de Chamanoukélif n’était plus moqué, sous le sobriquet de Chaminou, qu’un certain géant avait pu lui attribuer à ses débuts. La Maison des serviles servants était un nom respecté, et bien au-delà des murs de la grande cité.

Maintenant, parvenu au firmament des maîtres esclavagistes, possédant ses propres cellules, son navire et même une part sur les enchères faites au marché de Daïkama, Chamanoukélif aujourd’hui se sentait investi d’une tout autre mission. 

Car si l’or, dont il avait rempli la cave secrète de son petit palais, gardait toujours autant de brillance à ses yeux, sa voix et le besoin, ici, de la faire entendre, était maintenant plus important que tout. Peut-être étaient-ce les relents des difficiles sillons, où il avait dû se soumettre aux caprices des sous-fifres des azyrs, qui lui restaient en travers de la gorge.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui Chamanoukélif avait déjà perdu les triplés, les trois brutes les plus craintes de la capitale. À cela s’ajoutait la note des réparations à faire sur les cages et les cellules. Au point que Chamanoukélif avait égaré, quelque part dans sa tête, les comptes faits de cette triste matinée. Mais pire était de voir, sous ses yeux, se faire occire sa propre marchandise, celle-là même qu’il avait pêchée et ramenée à force d’hommes jusqu’ici.

Et qui donc était sur le point de donner l’ordre de la transpercer de flèches pour finir par la découper en rondelles à coups de sabre ? Le châtré Bomboyoyo en personne, le commandant moqueur de la garde daïkane. C’était pourquoi Chamanoukélif ne cessait de contester, au plus près des oreilles du chef des archers, les ordres que scandait Bomboyoyo depuis le balcon.

Mais quand le maître de la Maison des serviles servants comprit que sa plus belle marchandise allait terminer invendable, en se brisant les jambes dans une terrible chute, le petit marchand ratrid dut se résoudre à une dangereuse décision.

Note de fin de chapitre:

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