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La petite barrière, posée ici en garde-fou du cul-de-sac du premier balcon, n’était construite qu’avec de trop maigres morceaux de bois. Trop maigres pour contenir les cent-soixante kilos de muscles qui s’ébranlaient comme un sanglier déchaîné, fonçant droit devant. Yurlh ni ne l’entendit craquer ni ne la vit céder, caché sous la tenture ramassée par mégarde quelques pas plus tôt. Plus de plancher qu’il foulait accroupi, plus rien ne le retint dans sa course. Le vide se présenta sous lui et l’engouffra de tout son poids.


Fort heureusement quand la barrière se brisa, le barbare eut le réflexe d’attraper un pied de la table qui semblait encore tenir à quelque chose. L’aomen, bien qu’il était à la queue leu leu, sentit, du bout des doigts jusqu’aux poils de ses oreilles, le craquement qui en disait long sur la chute qui devait suivre. Aussi Kwo freina, se jetant sur le dos et attrapant lui aussi machinalement le pied de table au-dessus de sa tête, avec sa seule main valide. L’autre pied s’était coincé sous ses fesses. Mais la loi de l’attraction ne tarderait pas à avoir raison des deux compères, dont l’un se balançait dans le vide en scandant des Ouh ! de peur de tomber, et l’autre s’efforçait avec des Hiins ! de retenir son ami voué à une chute certaine.


– Tirez, mais tirez ! criait de son timbre efféminé le gros Bomboyoyo, cinq mètres plus haut.


En effet, l’occasion était parfaite pour transformer le dangereux orkaim en un porc-épic sans vie. Malheureusement, un trouble-fête ou plutôt un trouble-hallali, se trouvait maintenant dans la zone mortelle des archers. Et le chef resta le bras en l’air à l’observer.


La table glissait par à-coups. Kwo tentait en vain de la retenir avec ses fesses, puis ses cuisses et enfin ses pieds. Yurlh pendu par les bras, toujours la vue voilée par la tenture dont il ne parvenait pas à se défaire, entendait la mort se dresser sous ses pieds. Un cliquetis semblable à celui des égouts d’Ildebée ricochait dans ses oreilles pour mieux le terrifier. Quel autre piège infâme avaient pu imaginer ces Daïkans pour les fuyards ?


Durant de longues secondes, qui ne voulaient en finir de s’écouler, le barbare fut transporté, à Ildebée, dans l’obscure salle carrée. Là où le plafond planté de pics, accompagné d’un cliquetis glacial, avançait pour mieux le perforer. Le cliquetis, ici aussi, se rapprochait, avec surement autant de pics qui étaient en train de se dresser pour que tout son poids d’orkaim termine, dans le marché, empalé.


Accompagné d’un cri de rage, le barbare se hissa au pied de table, vaine tentative pour reculer l’inéluctable mort qui l’attendait plus bas. Ce dernier soubresaut obligea l’aomen à lâcher. Et, dans tout le marché, on entendit crier :


– Moïmaaah !!!

Note de fin de chapitre:

Depuis 2018, nous publions la saga YURLH sur HPF. Nous préparons un financement participatif en 2025. On a besoin de toi pour faire de ce rêve une réalité : un roman papier.

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