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Le vide, ce n’était pas ce que Yurlh préférait. Trop de mauvais souvenirs y étaient rattachés. Et puis, il n’avait pas d’ailes comme ces oiseaux dans le ciel, les belles journées de mer. Pas d’ailes pour voler, libre, tel le porte-étendard qui survolait la bataille, les nuits de pleine lune rouge, montrant aux Hurleurs la direction à suivre. Pas d’ailes, seulement deux poings fermement serrés autour du barreau qu’il avait, juste avant, coupé avec la pince. Et ce barreau grinçait contre la jointure cisaillée, prêt à céder, au fil des balancements de Kwo qui se tenait à son pagne.


La peur que tous deux partageaient leur imposa de visualiser, autour, quelle porte de sortie s’offrait à eux plutôt que de lâcher. Car le monte-charge, déjà six mètres plus bas, n’en finissait pas de s’éloigner à chaque coup de manivelle du ratrid entêté. Yurlh qui focalisait son regard sur le plancher croisa celui écarquillé de Kwo qui remuait frénétiquement sa tête pour dire non.


– Ne lâche pas, Yurlh. NON ! pas ça.


En effet l’idée lui était passée par la tête. Peut-être était-ce dû à cette image de mouette sur le gréement qui s’envole et part sans même battre des ailes. Au non de Kwo, Yurlh regarda au-dessus de sa tête. Il ne manquait pas grand-chose pour se déplacer et être devant le trou de fer tordu qu’il avait déjà pratiqué. Il semblait tout juste assez grand pour passer.


Décidé, il donna l’impulsion à son bras pour se soulever et libérer le gauche qui devait attraper le barreau plus loin. Mais, l’impulsion fut celle de trop et délogea la barre de fer de la jointure coupée par la pince. Le barreau trembla et se libéra dans un frottement métallique. Sous le poids impressionnant de l’orkaim, ajouté à celui de l’aomen, toute une partie en fer forgé de la voute se tordit, déportant les deux pendus dans le vide absolu.


La pince, qui était encore en équilibre coincée sur les grilles, perdit l’un de ses points d’appui et tomba dans le vide, frappant au passage le front du barbare. Puis, elle continua sa course dans le sillage de ses jambes où Kwo tenta machinalement de la rattraper avec son bras invalide. Il ne la vit que tourner dans le vide, tel un fléau battant les céréales. Ce n’était plus six mètres qui les séparaient maintenant du plancher mais bien vingt. Une chute serait fatale, et Kwo n’eut pas à insister pour le faire comprendre à son ami.


D’instinct, Yurlh grimpa. Il fallait déployer une sacrée force pour soulever, à bout de bras, sa masse cumulée à celle de l’aomen alors que toutes deux étaient attirées par le vide. Mais au grand dam de Bomboyoyo qui s’épongeait le visage de son propre sang cette fois, le barbare montait, semble-t-il, avec aisance. Le spectacle était suffisamment impressionnant pour que tous les poursuivants regardent, comme hypnotisés.


Les corps se balançaient dans le vide, au rythme des assauts du barbare se hissant à la seule force de ses bras. La grille de la voute tordue émettait les sons d’un immense oiseau de malheur captivant tous les spectateurs. Telle une araignée sur sa toile, l’orkaim grimpait sans aucune hésitation. Mais quand il sentit son pagne se défaire, et les ongles de Kwo gratter sa cuisse, au-delà de sauver sa seule vie, il lâcha une main pour agripper celle de son ami.

Note de fin de chapitre:

Depuis 2018, nous publions la saga YURLH sur HPF. Nous préparons un financement participatif en 2025. On a besoin de toi pour faire de ce rêve une réalité : un roman papier.

Joins-toi à nous sur www.yurlh.com

 

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