C’était bien plus facile à dire qu’à faire. Kwo était penché au-dessus de l’accès aux cales et étudiait avec impuissance l’eau sombre dans laquelle il fallait plonger. Sa tête cogna la plus grosse de l’orkaim qui cherchait à voir ce que son ami regardait.
– Aïe, tu prends toute la place, Yurlh, geignit Kwo en se frottant le front.
Yurlh, n’ayant senti aucune douleur, sourit en le voyant s’astiquer la face. Mais se sentant observé, il reprit de fixer le puits qu’était devenu la cale.
– Y a quelqu’un au fond, émit l’orkaim.
Ses paroles furent renforcées par son écho. Kwo ne réagit pas tout de suite.
– Y a quelqu’un. Il a un air méchant, continuait Yurlh avec quelques tremblements d’étonnement dans la voix.
La nouvelle avait de quoi surprendre. Et Kwo se pencha à nouveau par-dessus, mais tout d’abord ne vit rien, sinon l’escalier brisé qui s’enfonçait.
– Heum ! lança de surprise l’orkaim.
Kwo en ouvrit grand les yeux.
– Sont deux maintenant !
Et Yurlh brandit son hachoir, face à cette menace qui restait invisible pour l’aomen. Mais alors qu’il venait de comprendre quelle méprise jouait un tour au barbare, ce dernier fendit l’eau, se croyant attaqué. Dans l’élan pour frapper, ce qui n’était autre que son reflet, Yurlh chuta la tête la première, dans l’eau encore froide de la tempête. Kwo se mit à rire de sa cabriole désarticulée et ne put que se moquer de lui en le voyant ressortir et dire :
– Z’ont fui, les mauviettes, en serrant les dents, saisi par le froid.
Sur son visage, Kwo pouvait lire toute l’incompréhension de le voir ainsi rire alors qu’il était encore persuadé que des intrus vivaient au fond de l’eau.
– Toi rire, mais font comment pour respirer ?
Et Kwo n’en finissait pas de rigoler de l’illusion enfantine qui berçait le barbare.
– Moi veux respirer pour les poursuivre ! lança l’orkaim, tel un ordre à son ami.
Ce dernier se tourna, nez à nez avec l’orkaim, pleurant encore de cette franche rigolade.
– Respirer sous l’eau. Tu veux respirer sous l’eau.
Et l’orkaim, qui n’avait pas de limites à son monde encore merveilleux d’enfant, lui sourit de toutes ses belles dents ivoire et répondit :
– Ouiii ! en dodelinant de la tête.