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L’idée était osée mais pas impossible, réfléchissait Kwo, le dos allongé sur le plancher de la cabine des marins. Poussant du pied un hamac suspendu, il se souvenait des moments passés dans le marais à jouer à faire des bulles en pétant.


« Si l’air ne quitte le corps que lorsqu’on l’expulse, c’est qu’il y a une raison. Au même titre que l’eau qui ne traverse pas la coque du navire alors qu’il est chargé à bloc. Respirer sous l’eau nécessite d’emprisonner plus d’air que l’on peut en garder dans son corps, mais comment ? »


Il roula sur le ventre et observa Yurlh qui jouait à repousser une caisse flottant dans la cale, à fleur d’eau. Il semblait méfiant à l’idée de revoir son reflet, alors il poussait la caisse à l’aide de ses pieds, tenant fermement le hachoir du capitaine, prêt à frapper la surface.


– J’ai trouvé !


Yurlh sursauta d’entendre son ami presque hurler, tant il était concentré sur une éventuelle apparition que les ondulations de l’eau, causées par ses remous, masquaient.


– Où ? Là, où ? questionna Yurlh qui cherchait dans l’eau ce que Kwo venait de trouver dans son esprit.


– Sors cette caisse d’herbe, Yurlh.


Le colosse restait interloqué, croyant que son ami avait retrouvé les fuyards cachés dans les cales.


– Tu veux respirer sous l’eau ? Et bah, sors-la !


L’aomen était impatient de mettre en pratique ce qu’il venait d’imaginer et son ton le laissait entendre. Yurlh n’était jamais vexé de se faire crier dessus. Pour lui, c’était sa façon de s’exprimer. Il s’exécuta, même heureux de bientôt vaincre la peur qu’il avait de l’eau.


Pour l’ouvrir, il fallut le tranchant du hachoir de Korshac et la force de Yurlh, combinée à l’intelligence de Kwo. Yurlh aurait pu fendre seul la caisse mais elle devait rester dans un état impeccable. La suite en dépendait. Quand ils enlevèrent le couvercle, le parfum d’herbe encore sèche rassura grandement Kwo. Ensemble, ils vidèrent le contenu d’herbe à la mer, sous le regard étonné de Narwal et Kaïsha. Puis, Kwo caressa le fond de la caisse, presque fasciné.


– De la brais. Je l’savais. On s’en sert pour les coques des navires, pour qu’ils flottent. Tu comprends ?


L’orkaim mit aussi sa main dessus pour sentir, au bout de ses doigts, cette surface noire à la fois lisse et épousant les nervures du bois.


– Korshac était bien malin d’avoir fait fabriquer ces caisses. Cela lui assurait de toujours conserver sa marchandise au sec, continua Kwo.


Yurlh opinait de la tête, les yeux grands ouverts, ne comprenant pas tout, mais voulant partager le savoir que son ami, sans nul doute, détenait.


– On va la retourner et aller sous l’eau avec.


Kwo s’était relevé et dressait un doigt vers le ciel, en signe de maître qui dicte la vérité.


– Et tu verras, on respirera !


Mais avant de se jeter dans la cale, il équipa la caisse d’un filin dont il fit deux tours avec, en le croisant et en l’espaçant suffisamment, puis il l’attacha d’un nœud.


– Ça te servira pour la maintenir. Paré matelot pour l’aventure !


Kwo avait toujours cette bonhommie qui le caractérisait et rendait ce monde merveilleux, quand bien même il coulait. Le colosse sourit, tout heureux de s’enfoncer dans l’eau.


– Attends, il va nous falloir de la lumière et du lest, selon la loi d’Alchimède.


Et Kwo récupéra la lanterne à faisceau qu’avait déposée le Narvalo à côté de l’entrée ainsi qu’une chaîne qui traînait attachée à l’escalier. Enfin, ils soulevèrent la caisse et la mirent à l’envers sur leurs épaules, bel et bien décidés de s’enfoncer sous l’eau.

Note de fin de chapitre:

Depuis 2018, nous publions la saga YURLH sur HPF. Nous préparons un financement participatif en 2025. On a besoin de toi pour faire de ce rêve une réalité : un roman papier.

Joins-toi à nous sur www.yurlh.com

 

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