Lien Facebook



En savoir plus sur cette bannière

- Taille du texte +

De toutes les batailles, elle était toujours là debout, prête à les affronter. Le baron Surn Kairn, devant ses armées, l’observait, se demandant comment elle faisait pour dissimuler la peur qui les tiraillait tous. Dans le ciel se déplaçait cette maudite mantias qui bientôt annoncerait le début des hostilités. Si quelques nuages dissimulaient encore la pleine lune rouge, le peu de vent ne tarderait pas à les chasser. Il enfourcha son sorlh de guerre, sorte de tricératops à la collerette en corne, et parla à haute voix.


– Compagnons, cette nuit sera Notre nuit. Oui, vous avez bien entendu. Les monstres d’acier que nous affrontons depuis deux sillons, les Hurleurs, seront cette nuit seuls sur le champ de bataille. À chaque fois, là où ils sont lâchés, ils laissent des plaies béantes dans nos rangs. Mais ce soir…


Surn Kairn, tout en parlant, passait ses yeux sur tous les visages, conscient que demain il ne reverrait plus nombre d’entre eux. Et s’arrêtant sur le plus beau et le plus déterminé, il continua.


– Nous allons les combattre et les vaincre. Un par un, nous les tuerons tous.


Dans les rangs des officiers, la voix d’un guerrier à la barbe noire brodée de tresses s’éleva : 


– Ne serait-ce pas encore une ruse de son serpent de conseiller ?


Avant de répondre, Surn Kairn tourna la tête, la leva et observa le vol de la mantias qui se posa sur la plus haute tour jouxtant les murs de la cité d’Ildebée. Il ne put empêcher son esprit de se souvenir de l’époque où ils n’étaient que des enfants, jouant avec des cimeterres de bois. De cette époque où ils étaient encore trois, prêts à supporter la correction de son père pour protéger son petit frère d’adoption, Khalaman. Avait-il soudain des remords et s’était décidé à en terminer ce soir ? Des remords d’avoir plongé sa famille dans ce chaos, cette guerre insensée.


« Je t’aimais, Khalaman. Tu étais comme mon frère. »


Les rayons rouges de lune illuminèrent le ciel, donnant à ses souvenirs un arrière-goût de haine. Surn Kairn reprit.


– Les informations de nos espions sont certaines. Cette nuit, les Hurleurs se battront seuls et sans aucun renfort… Une histoire d’ego. Notre ennemi veut jouer dans la cour des dieux. Et c’est pour cette raison qu’il ne va pas falloir faillir. Nous sommes près de 10.000 et eux ne seront que 111. Sous ces chars, si nous les voyons comme des êtres de métal animé, rappelez-vous que ce ne sont que des orkaims.


Encore une fois, le baron Surn Kairn fixait le visage de la guerrière à l’armure nacrée, seul point brillant, dans cette marée de tabars colorés. La pointant du doigt, il cria : 


– Elle nous a montré comment on peut les vaincre ! Avec nos fauchards, nous leur trancherons les bras. Nous soulèverons leurs plaques et enfoncerons nos anelaces. Nous frapperons fort avec nos maillets de guerre.


– Hey, nous les Conquérants ! hurlèrent tous les soldats autour de Surn Kairn.


Puis, ils reprirent leur place dans les rangs. Chaque capitaine d’unité avait des ordres spécifiques. Ceux qui portaient des visières les baissèrent. Les archers encochèrent des flèches. Les arbalétriers remontèrent leur manivelle afin de bander l’arc assez fort pour percer les plaques d’acier des Hurleurs. On sentait dans l’effort des soldats la volonté de vaincre.


Surn Kairn sur son destrier de la masse d’un rhinocéros observait son armée en branle, les yeux nerveux et le visage grave. Elle le regardait toujours aussi déterminée qu’à la première bataille où ils avaient croisé ensemble le fer. Il dégaina et leva son cimeterre à la lame bleutée, au fil lisse d’un côté et dentelé de l’autre.


– Hey, nous les Conquérants ! hurla-t-il à ses dix-mille hommes qui s’étendaient devant les hauts murs de briques rouges de la cité d’Ildebée.


– Hey, nous les Conquérants ! reprirent tous en cœur les soldats aux tabars bleus, blancs, violets et verts, les couleurs des quatre maisons des Conquérants unis contre la cinquième.


Ils crièrent plusieurs fois, un nombre de fois dont seuls ceux qui se seront ce soir élevés contre la Horde hurlante se souviendront.

Note de fin de chapitre:

Depuis 2018, nous publions la saga YURLH sur HPF. Nous préparons un financement participatif en 2025. On a besoin de toi pour faire de ce rêve une réalité : un roman papier.

Joins-toi à nous sur www.yurlh.com

 

Vous devez vous connecter (vous enregistrer) pour laisser un commentaire.