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Quoi ?

Les yeux écarquillés par la surprise, j’observe Alexander sans rien dire. Je tente d’analyser les expressions de son visage. J’ai besoin de savoir s’il est sérieux en disant ça. En même temps, mes côtes me font mal à force de retenir le fou rire que je contiens depuis plusieurs minutes.

— Pardon ?

— Marions-nous, lâche-t-il avec le plus grand sérieux.

Ses sourcils se froncent à mesure que ma bouche se tord et qu’un gloussement passe la barrière de mes lèvres. C’est tellement drôle !

Lorsque j’ai trop mal au ventre à force de contenir mon hilarité, j’éclate de rire. Tom m’a pourtant prévenu que son meilleur ami a un humour particulier.

— D’accord, d’accord, je réponds à moitié hilare. Nous allons prendre un sosie du King pour officier, un orchestre de moines en kilt pour la musique, notre repas sera composé juste de Barbapapa et nous ferons tout ça au Mcdo !

 

Je tourne la tête lorsque je t’entends son toussotement d’impatience. Alexander est assis à mes côtés sur le canapé de mon salon. Son visage est sérieux. Je pleure de rire. Mais, son expression me coupe tout de suite l’envie de continuer. Il ne sourit pas. Il est sérieux.

Oh Mon Dieu !

— Alexander, tu n’es pas sérieux lorsque tu dis ça ? je demande d’une voix légèrement tremblante.

— Bien sûr que si, répond-il en me fixant à son tour.

Mon cœur cesse de battre pendant un quart de seconde. J’ai la chair de poule. Je suis contente d’être assise.

— NON, m’écrié-je en reculant le plus loin possible de loin sur le meuble. Alexander, non !

 

Mon regard est suppliant. Le sien est impassible. Il n’y a aucune émotion sur son visage. Il ne trahit rien. Je ne vois rien en le fixant. C’est encore une fois un avantage pour lui d’être acteur.

— Ce n’est pas négociable Léa! Je t’ai dit que je ne te prendrais pas Eleanore si je trouvais un compromis, c’est ce que j’ai fais. Tu connais le risque que tu prends en refusant.

Bien sûr que je connais ce risque. Nous avons déjà eu cette discussion lorsque nous étions en Écosse, le soir où il a découvert sa paternité. Je pensais juste que nous avions dépassé cette étape à présent.

— Ne fais pas ça Alexander.

Les deux mains jointes, je le supplie. Je n’arrive pas à identifier l’expression qui passe furtivement sur son visage à ce moment-là. De la pitié sans doute.

— Léa, dit-il en soupirant. Nombreuses femmes seraient heureuses de se marier avec moi.

 

La surprise, la peur, la tristesse font place à la colère. Je sens mon sang bouillir dans mes veines. Mes joues se colorent de rouge.

Alexander se prend pour un bourreau des cœurs à cause de quelques films dans lesquels il a joué ! Et sans doute aussi parce que beaucoup de jeunes filles en fleurs s’évanouissent presque ou totalement à chacune de ses sorties publiques. J’oublie bien sûr les hystériques qui risque une déchirure des cordes vocales à force de beugler son prénom !

— Je cède ma place à toutes ses filles avec plaisir, répliqué-je sèchement. Ce n’est pas la définition que j’ai du mariage. On ne se connaît pas Alexander ! Je ne suis pas amoureuse de toi et c’est pareil de ton côté. Je déteste être dans la lumière, et être ta femme va m’y obliger d’une manière ou d’une autre. Sans parler que je vais devenir la femme à abattre par une horde de folles en chaleur ! Alors non !

 

Je suis presque sûre de l’avoir vu sourire. C’était tellement rapide que j’ai sans doute rêvé. Le visage d’Alexander devient grave. Il me regarde les sourcils froncés.

— Tu as sans doute raison. Mais ce sera plus facile, explique-t-il en déposant sa tête contre le dossier du canapé.

Je me tourne complètement vers lui. Les mains sur les cuisses, je l’observe.

— En quoi ce sera plus facile ?

Je ne comprends rien. Qu’est-ce qui sera plus facile lorsque nous serons mariés ?

— Les explications aux journalistes. Ma vie est tout le temps étalée dans la presse. C’est souvent faux. Ce sera une façon de préserver Eleanore de tout ça. Et bien sûr, de m’éviter de donner des explications sur le pourquoi j’ai une fille. Tu sais…, ajoute-t-il en se tournant à son tour vers moi, même pour nos familles ce serait plus facile.

 

Alexander se redresse. Il semble content de sa tirade. Je suis d’ailleurs certaine qu’il est persuadé d’avoir réussi à me convaincre. C’est plutôt le contraire !

Mon cerveau encore engourdi par cette proposition sort de sa léthargie. Je viens de comprendre ! Ce n’est certainement pas notre fille qu’il veut préserver mais lui ! Rien que lui ! Lui et sa carrière ! Lui et sa vie de star adulée par la planète entière ! Lui, lui, lui et encore lui !

Eleanore passe au second rang. Il a peur que cette paternité entache sa carrière et l’empêche d’avoir de nouveaux rôles. Il se moque comme de sa dernière chemise de notre fille.

Et moi, il est hors de question que je passe pour l’épouse parfaite qui va le suivre sur tous ses tournages en faisant semblant de l’aimer.

 

Je suis folle de rage. Lorsque je tourne la tête vers lui, je suis certaine que mes yeux lancent des éclairs. Et encore plus certaine de l’avoir vu reculer.

— Je viens de comprendre Alexander. Tu as peur pour ta carrière, peut-être pour ta réputation, et surtout, tu as peur de ne plus être le chouchou de ces dames ! Tu as peur de retomber dans l’ombre Alexander. Tu joues le prince en proposant de préserver Eleanore de tout cela, alors que c’est toi et toi seulement que tu veux préserver. Jamais je ne t’épouserai !

Je me stoppe deux secondes pour reprendre mon souffle. Mon cœur bat rapidement, je tremble.

— Tu peux dès à présent contacter tes avocats car les miens seront prévenus dès que tu auras quitté ma maison. C’est-à-dire tout de suite. Je veux que tu sortes de cette maison et que tu n’y mettes plus jamais les pieds. Je te pensais différent, je conclue tristement en battant des paupières pour ne pas pleurer devant lui. Je me suis trompée.

A aucun moment j’ai crié, mais il a quand même pâli en m’écoutant. Alexander ne bouge pas du canapé et m’observe les sourcils froncés. Il ouvre la bouche sans doute pour se défendre, mais au final se lève et s’avance vers la sortie sans rien ajouter. C’est mieux comme ça.

 

Je tremble de colère. C’est la première fois de ma vie que je me retrouve dans cet état-là, moi qui suis calme en général. La tête entre les mains, je ne vérifie même pas s’il a quitté la maison. Il sait que cela ne sert à rien de revenir dans le salon.

Je me suis laissé attendrir par son côté papa poule.

Je suis bête de l’avoir trouvé sympathique, prévenant et terriblement sexy. Je me promets de jeter à la poubelle les fleurs qu’il m’a offertes. Je m’en veux tellement. Pauvre Eleanore qui mérite tellement mieux comme papa. Tout ce qu’il voulait en se rapprochant de nous, c’est préserver sa carrière.

— Léa

Je ne lève pas la tête. Cela ne sert à rien.

— Tu te trompes vraiment. Je ne veux que son bien. C’est pour la protéger que je fais ça. Je te laisse le temps de réfléchir, murmure-t-il doucement comme pour ne pas effrayer un animal blessé.

Je l’entends soupirer lorsqu’il comprend qu’il est hors de question que je le regarde.

 

Je le déteste tellement. Comment pourrai-je avoir confiance en lui ? Alors que c’est tellement facile pour lui d’émouvoir les gens. C’est un acteur après tout et jouer la comédie, c’est son métier.

Il n’y a plus aucun bruit dans la maison. Lorsque j’entends la porte d’entrée se fermer, je me rends compte que je retenais mon souffle. D’abord doucement, puis avec plus de force, je pleure. Je pleure ma colère. Je pleure parce que cela fait des semaines que je m’en veux de l’avoir privé de sa fille pendant les premières années de sa vie. Parce que je pensais qu’il tenait à elle et que je me suis trompée.

 

 

 

 

 

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