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Notes d'auteur :

Juste Waouh ! Merci infinement à toutes les personnes qui lisent mon histoire.

Huit heures du matin. La radio passe un tube de Bowie que je chantonne la brosse à dents en bouche avant de m’en servir comme un micro.

— Let’s dance put on your red shoes and dance the blues.

Je me dandine en me moquant bien de paraître ridicule. Lorsque la radio passe un nouveau morceau, je termine ma danse improvisée et enfile mon peignoir blanc par-dessus mes sous-vêtements noirs.

Je connais ma maladresse légendaire quand je suis stressée alors, aujourd’hui exceptionnellement, je préfère ne pas manger en étant habillée pour la journée.

 

Dans la cuisine, je mets la bouilloire sur le feu. Pendant que l’eau du thé chauffe, je prépare la table de mon petit-déjeuner solitaire puisque Eleanore est toujours chez mes parents. J’allume la radio pour combler le silence.

Je continue de chantonner en déposant la marmelade sur la table. Lorsque la bouilloire siffle, je coupe le feu. Je verse l’eau dans mon mug lorsque la sonnette résonne dans la pièce. Les sourcils froncés, je resserre mon peignoir autour de ma taille et me rend dans le hall d’entrée. Je n’identifie pas tout de suite l’ombre qui se dessine à travers la porte d’entrée semi-vitrée.

Qui peut venir me rendre visite à cette heure si matinale ?

Lorsque j’entrouvre la porte, le vent d’automne s’engouffre et me fais frisonner.

— Alexander, je m’étonne en ouvrant totalement la porte. Tu devais passer me prendre dans une heure.

Il attend sur le perron. Le sourire qui a éclairé son visage lorsqu’il m’a vu ouvrir la porte s’agrandit.

— As-tu déjà pris ton petit-déjeuner ?

Il jette un bref regard à ma tenue en disant ça avant de me regarder à nouveau dans les yeux.

— Je suis en train de le préparer.

Je l’invite à entrer et ferme la porte derrière lui. Il porte un jean noir, un pull gris et sa veste en cuir noire. Avec le vent extérieur, ses cheveux sont encore plus en bataille que d’habitude.

 

A quelques pas de lui, je l’observe sans savoir quoi dire. Il me semblait qu’il ne mangeait jamais le matin. Il sort un sachet en papier de derrière son dos en souriant en coin. Miam des viennoiseries.

— Tu t’occupes du thé ?

Je l’observe deux secondes avant de lui sourire.

— Allez viens, je dis en me dirigeant vers la cuisine.

Alexander me suit en regardant autour de lui. Il n’est jamais venu dans cette partie de la maison. Lorsque nous arrivons dans la pièce, il s’installe à table pendant que je prends une nouvelle tasse dans l’armoire que je dépose devant lui. Je lui sers du thé avant de retourner chercher le lait, le sucre et les cuillères.

— Merci, je murmure en m’essayant face à lui après avoir vérifié que mon peignoir était toujours aussi bien serré.

— Merci pour le thé.

Alexander me sourit avant d’ouvrir entièrement le sachet en papier. L’odeur des viennoiseries réveille mon estomac qui est impatient de manger.

— Les dames d’abord, ajoute-t-il doucement.

Je rigole. Alexander est de bonne humeur. Cela tombe bien car même si je suis stressée par la suite de la journée, je suis de bonne humeur aussi. Et pour une fois, je ne me retiens pas pour le taquiner.

— Monsieur est bien gentleman de si bon matin.

Je mords dans le croissant que je viens de prendre. Alexander ne me quitte pas des yeux.

— Toujours le matin.

A son tour, il se sert et mord dans le sien. Je sens souvent son regard se poser sur moi. Lorsque nous yeux se croisent, nous nous sourions.

Notre discussion de la veille, a réussi à nous rapprocher d’une certaine manière. Pendant que nous mangions dans ce restaurant à notre retour de Stonehenge, nous avons discuté de l’éducation de notre fille et notre vision similaire m’a un peu rassurée quant à notre cohabitation prochaine.

 

La radio continue de diffuser dans la cuisine les mélodies et rythmes qui rompent notre silence.

Une fois le croissant terminé, et, comme je ne suis pas certaine qu’il aime écouter de la musique en mangeant, je me lève pour éteindre la radio.

— N’éteins pas la radio, s’il te plaît.

Je reviens m’asseoir à table et joue avec ma cuillère pour cacher mon embarras. Alexander semble bien plus à l’aise que moi. Je ne sais pas quoi lui raconter. Est-ce-que je suis censée lui faire la conversation ?

Je ne trouve rien à lui dire. Je joue avec ma tasse de thé que je serre entre mes deux mains. De temps en temps, je sens son regard glisser sur ma tenue. Pour l’avoir vérifié il y a deux secondes, je sais que mon peignoir est toujours bien serré contre moi. Lorsque je vois du coin de l’œil sa main glisser très doucement vers la mienne, je me lève rapidement. Je connais trop l’effet que son corps a sur le mien.

— Je vais terminer de me préparer. Fais comme chez toi.

Après tout, ce sera bientôt aussi chez lui. C’est ce que nous avons convenus hier pendant que nous mangions. Ce sera plus simple comme ça.

Alexander m’observe les sourcils froncés. Il hoche la tête malgré tout.

Je l’abandonne dans la cuisine et monte rapidement dans ma chambre.

 

Dans la pièce, j’enfile la tenue que j’ai prévu de porter pour rencontrer sa famille. Il m’a dit hier soir pendant que nous étions au restaurant que son frère et sa sœur seraient là aussi. C’est une sacrée pression en plus du reste.

J’ai choisi quelque chose de classique. Je préfère faire une bonne impression. J’ai opté pour une robe noire à manches longues qui m’arrive au-dessus du genoux avec des collants de la même couleur et des bottes noires plates. C’est simple comme tenue. Exactement comme moi.

 

Une fois prête, je tente de dompter mes cheveux. Je dis bien essayer car à chaque fois que j’ai besoin d’être bien coiffée, ils n’en font qu’à leur tête. Je passe plusieurs fois la brosse dedans. Je grimace en voyant mon reflet. C’est déjà mieux qu’avant. Je me mords la lèvre du bas en réfléchissant. C’est peut-être l’occasion d’essayer le lisseur que Jack m’a offert. Je secoue la tête, ce ne serait pas moi avec les cheveux totalement lisses.

Je termine de mettre du mascara pour accentuer mon regard et glisse à mon cou le collier que j’ai reçu à Jack et papa pour mes quinze ans.

 

C’est un collier très ancien. Je l’adore et y tiens beaucoup. Il a appartenu à une jeune comtesse de quinze ans qui a vécu en 1823. Elle a perdu l’amour de sa vie dans une bataille de territoire et s’est vue forcée par ses parents à épouser un très vieux comte de cinquante ans son aîné. Elle ne l’aimait pas. C’était un homme cruel. Folle de chagrin, elle a accepté avant de se suicider la nuit de ses noces. Le pendentif lui avait été offert par son amour perdu en promesse d’un mariage qui n’a jamais eu lieu.

Papa et Jack l’ont trouvé chez un antiquaire. Pour eux, c’était le cadeau parfait. Moi qui aimait les histoires d’amour tragiques. J’en suis tombée amoureuse au premier regard. Depuis, je le mets souvent et encore plus lorsque j’ai besoin de courage comme aujourd’hui.

Le collier est sphérique, une pierre noire brille à son extrémité. Le tout est relié par de l’or qui s’entrelace comme un serpent autour de la pierre. Cela donne une brillance et un éclat étrange à cette pierre si sombre.

 

Un minimum satisfaite de mon apparence, je descends rejoindre Alexander. Nous devons récupérer Eleanore chez mes parents avant d’aller chez les siens. J’entre dans la cuisine certaine de l’y trouver mais, la pièce est vide.

Tu as lui dit de faire comme chez lui

Je finis par le trouver dans le salon. Il est assis sur le canapé. Sa veste en cuir est posée sur le dossier d’un fauteuil.

Je commence à m’avancer vers lui lorsque je me stoppe en voyant ce qu’il tient dans ses mains.

Non ! Il n’a pas osé !

Alexander regarde les albums photos qui sont habituellement rangés sur les étagères du salon. Ce n’est plus le cas ! Plusieurs sont ouverts sur la table basse devant lui. J’en ai trois sur les premières années d’Eleanore de sa naissance à maintenant. Mais, il ne s’est pas contenté de regarder que ceux-ci, car les miens sont aussi ouverts.

 

Je grimace. Dans sa position il ne peut pas me voir mais moi si. Il n’arrête pas de sourire en tournant les pages avant de rire en regardant une photo de plus près. Mécontente de lui servir de distraction, je tousse pour signaler ma présence dans la pièce. Alexander quitte les photos des yeux pour se tourner vers moi. Mon corps se réchauffe sous l’intensité de son regard.

— Tu es magnifique, dit-il en souriant.

Les mains jointes devant moi, je joue avec mes bagues pour cacher mon trouble.

Je sursaute lorsque sa main se pose doucement sous mon menton pour lever mon visage vers le sien. Je ne l’ai pas entendu s’approcher de moi. Ses yeux ne quittent pas les miens. Ils me détaillent comme pour graver mes traits dans sa mémoire. L’air devient électrique lorsque ses regards vers ma bouche se font plus insistants.

— J’ai un cadeau pour toi.

Il s’éloigne vers sa veste en cuir et reviens avec un écrin à la main. Mon cœur se serre car je me doute qu’il doit s’agir de ma bague de fiançailles. Je suis mal à l’aise. Je n’ai pas envie qu’il dépense de l’argent pour moi alors que ce n’est qu’une façade pour le reste du monde.

 

Ses joues se colorent légèrement lorsque ses yeux rencontrent à nouveau les miens. Je vois qu’il hésite et je prends peur qu’il se mette à genoux pour me demander de l’épouser. Il aurait même pu me la donner dans la voiture juste devant chez ses parents. Le tralala n’est pas nécessaire dans notre situation.

— J’espère qu’elle te plaira, murmure-t-il presque timidement. On peut toujours aller l’échanger si elle ne te convient pas.

Ma bouche forme un « O » de surprise lorsqu’il ouvre la boite. Ce solitaire vaut une fortune. Je n’aime pas les choses extravagantes et le diamant de la bague malgré sa taille est plutôt discret. Les autres diamants qui l’accompagnent sont plus petits. Elle est magnifique.

Mais je ne peux pas accepter. C’est beaucoup trop.

Et pourquoi pas ? demande ma conscience en se prenant pour Marilyn Monroe alanguie sur son lit.

— Alexander...je

— Tu ne l’aimes pas ?

Il ne m’a pas quitté des yeux depuis qu’il a ouvert la boite.

Je lève les yeux vers lui. Ses sourcils sont froncés. Bien sûr que j’aime cette bague. Elle est parfaite, magnifique. Je ne peux simplement pas accepter quelque chose d’aussi cher.

— Je ne veux pas que tu dépenses autant d’argent pour moi et puis pourquoi riais-tu en regardant mon album photo.

Je n'ai pas le temps d'ajouter quoi que ce soit car sa bouche se pose avec impatience sur la mienne.

La dernière pensée cohérente que j’ai est qu’il l’a fait exprès pour ne pas répondre à ma question sur l’album photos. Mais très vite, je ne pense plus à rien. Je ressens, je vis.

 

 

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