Sont-ils en train de nous attendre ?
Pendant que Alexander tourne à gauche dans une rue où les maisons alignées sont magnifiques, je regarde autour de moi. Je ne sais pas ce que je cherche!Peut-être un panneau lumineux qui m’indique où se trouve la maison de ses parents.
Quelques minutes plus tard, il stoppe la voiture dans cette rue. C’est donc bien ici qu’ils vivent.
J’inspire et expire doucement pour essayer de calmer les battements douloureux de mon cœur. J’ai envie de vomir. J’ai peur. Et s’ils ne m’aiment pas ?
— Tout va bien se passer, murmure Alexander en serrant mes doigts contre les siens.
Je ne me suis même pas rendue compte que ma main tenait toujours la sienne. Je la libère en rougissant. Lorsqu’il me voit faire, un sourire apparaît au coin de ses lèvres.
— Fais-moi confiance.
J’observe l’homme assis à côté de moi dans la voiture. Est-ce-que je lui fais confiance ?
Une partie de moi sait qu’il ne veut pas nous faire de mal. Un peu rassurée, je hoche la tête.
Alexander me sourit. Il détache sa ceinture, attrape sa casquette et ses lunettes de soleil. Plus doucement, je me détache en regardant toujours à l’extérieur. Ce n’est pas parce que je sais que je peux compter sur lui aujourd’hui que je n’ai plus peur.
Allez ma grande, ce n’est pas si difficile, m’encourage ma conscience.
Encore une fois, c’est facile pour elle, elle n’existe que dans ma tête !
Je vérifie une dernière fois mon maquillage dans le miroir de la voiture. Satisfaite de ne pas ressembler à un panda, je sors dans le froid automnal et regrette déjà la chaleur et la sécurité de sa voiture.
Pendant que l’acteur prend Eleanore dans ses bras, je vérifie ma tenue. Cela me semble correct. J’ouvre la portière arrière, sors le sac à langer gris et rose et l’orchidée blanche que j’ai acheté pour sa maman. La bouteille de vin est précieusement rangée dans le sac avec les cadeaux pour ses deux neveux.
Alexander, le visage sombre met directement la capuche sur la tête d’Eleanore en regardant autour de nous. Je sais ce qu’il cherche. Après un coup d’œil pour vérifier que je suis prête à les suivre, il s’éloigne rapidement de la voiture.
— Va où papa ?
Eleanore aussi regarde autour d’elle. Elle est curieuse. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de parler de la famille de son papa. Les choses se sont un peu précipitées récemment.
— Nous allons chez tes grands-parents, explique Alexander sans ralentir l’allure. Mon papa et ma maman. Ils sont impatients de te rencontrer et tes cousins aussi.
Je souris en évitant de me faire distancer. Alexander s’en sort très bien avec Eleanore. Il essaie souvent de lui expliquer les choses avec des mots qu’elle comprend.
Lorsqu’il monte les marches qui mènent vers une maison de briques rouges, mon estomac se serre si fort que je me retiens de vomir mon petit-déjeuner.
C’est le moment de se montrer forte !
Nous sommes au milieu de l’escalier lorsque la porte d’entrée s’ouvre. Une femme très souriante apparaît sur le seuil de la maison. Elle porte une robe en mousseline verte qui lui va à merveille. Ses cheveux bruns sont coupés courts. Malgré les ans, elle est resplendissante.
— Salut man !
— Bonjour
— Entrez mes enfants. Il fait froid dehors.
J’inspire profondément et entre à l’intérieur de la maison.
Alexander s’avance dans le hall d’entrée pendant que sa maman ferme la porte derrière nous. Je ne peux plus faire demi tour à présent !
— Merci de nous avoir invités, je murmure timidement en lui tendant l’orchidée.
A son tour, elle rougit lorsqu’elle prend la plante dans les mains.
— Merci beaucoup ma chérie !
Elle enlève la fleur de son emballage et la pose en douceur sur un guéridon où la plante retrouve des congénères. Je souris. Je ne me suis pas trompée en choisissant la plante.
Lorsque le visage d’Eleanore est dégagé de sa capuche, je vois celui de Madame Wills s’illuminer. La ressemblance est frappante entre le père et la fille.
Alexander n’a pas voulu mettre ses parents dans la confidence de notre arrangement. Nous devons donc jouer au couple d’amoureux. Il a raconté à sa famille que nous nous sommes fréquentés il y a deux ans et que Eleanore est le fruit de cet amour. Il leur a aussi dit que nous nous sommes séparés à cause de son métier au planning imprévisible.
Je reste sceptique. A mes yeux, ce n’est pas possible de mentir à nos parents. Je suis contente que les miens soient dans la confidence.
Surtout que, je ne suis pas douée pour jouer la comédie. A l’école, j’ai toujours préféré rester dans l’ombre des autres en m’occupant des décors pendant les spectacles. Même si Alexander me fait confiance, je sais que je vais tout gâcher. Il a même essayé de me rassurer en disant que lui possède quelques bases en comédie. C’est un test pour lui. Si nous arrivons à tromper sa famille, nous n’aurons aucun soucis avec le reste du monde.
Debout à ses côtés, j’attends qu’il fasse les présentations.
— Mon amour, dit-il en passant un bras autour de ma taille pour m’attirer contre lui. Je te présente ma maman, Bridget. Maman, je te présente Léa, ma fiancée.
« Mon amour », cela me fait bizarre d’entendre ça de sa bouche. Je suppose que je vais devoir m’y habituer. Je pense aussi que c’est pour ça qu’il me tient contre lui. Pour me faire réagir.
Sa maman me sourit avant de s’approcher de moi et de me serrer dans ses bras. Je suis surprise et me force à ne pas me crisper.
— Je suis heureuse de faire votre connaissance Madame Wills, dis-je lorsque je suis à nouveau libre de mes mouvements.
— Appelle-moi Bridget.
Elle me prend la main et me guide dans le hall d’entrée.
Alexander et Eleanore marchent derrière nous. J’entends ma petite puce poser beaucoup de questions. Cela ne m’étonne pas, c’est la première fois qu’elle vient ici et qu’elle rencontre la famille de son papa.
A mesure que nous avançons, je sens la nausée faire son grand retour. Je suis morte de trouille !
Comme si elle avait senti mon malaise, Bridget serre doucement ma main et me sourit.
Quelques secondes plus tard, nous nous stoppons devant une porte. J’entends le bruit des conversations dans la pièce de l’autre côté de celle-ci. Mon cœur bat plus rapidement dans ma poitrine.
A côté de moi, Alexander dépose Eleanore sur le sol et lui prend la main. Elle glisse sa main libre dans la mienne et me questionne du regard. La petite ride du soucis apparaît lorsqu’elle entend des murmures dans l’autre pièce.
— Alexander fait souvent ça, remarque Bridget, les yeux brillants.
— Eleanore a hérité ça de son papa, je réponds en souriant.
Mon cœur se réchauffe lorsque je pose mes yeux sur ma fille. Je l’aime tellement.
Concentrée sur Eleanore, je sens le souffle chaud d’Alexander près de mon oreille pendant que sa main me frôle doucement. Je frissonne.
— Fais-moi confiance et laisse-moi faire.
Je hoche la tête doucement pendant que Bridget ouvre la porte qui mène vers ce qui me semble être le salon. six personnes sont assises sur le canapé et les fauteuils en cuir noir.
Tous semblent nous attendre avec impatience. Mon cœur bat plus rapidement dans ma poitrine et ma gorge se serre un peu.
Dans un mouvement d’une synchronisation irréelle, ils lèvent tous les yeux vers nous et font la navette entre les visages d’Eleanore et Alexander. Eleanore me serre plus fort la main.
— Qui papa ? qui maman ?
Eux aussi ont remarqués la ressemblance frappante entre le père et la fille.
— Léa, je te présente mon père Richard, ma sœur Lizzie, mon frère James, sa femme Julia et les jumeaux Connor et Ian. Vous six, je vous présente ma fiancée Léa, maman de notre petite Eleanore, dit Alexander en souriant.
Je souris timidement en regardant chacune des six personnes présentes dans la pièce.
— Je suis heureuse de vous rencontrer, dis-je en souriant.
Eleanore se glisse devant moi. Son petit corps est posé contre mes jambes. Alexander glisse sa main dans la mienne et la serre doucement comme pour me donner du courage.