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Cette journée m’a épuisée du début à la fin, malgré les quelques heures de sieste que je me suis autorisé plus tôt dans la journée. Dans la cuisine, je me laisse tomber lourdement et sans élégance sur la première chaise que je croise, et dépose mon front douloureux sur la table. La fraîcheur de sa surface est accueillie avec bonheur par ma tête douloureuse. Trop de questions, trop d’émotions. Le parfait cocktail pour une bonne migraine.

— Peut-être, dit-il la vérité !

Sa voix m’est devenue si familière, que je ne sursaute pas.

— S’il mentait, je réplique en me redressant aussi dignement que possible.

Peine perdue avec le soupir de bien-être que j’ai poussé quelques minutes plus tôt quand ma tête s’est posée sur la table. Alexander est debout contre le frigo américain. Je ne sais pas s’il était déjà dans la pièce avant moi ou si, il vient juste d’arriver. Les bras croisés contre son torse, les sourcils froncés, il me fixe intensément.

 

Le soucis que j’ai, c’est que je ne sais pas si Jamie ment ou dit la vérité, et Alexander le sait. Comment ? Je ne sais pas ! Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il me donne l’impression de lire trop facilement en moi. Surtout que moi, je n’arrive jamais à décrypter les expressions de son visage. Foutu acteur !

Perdue dans mes pensées, je sursaute lorsque je sens une caresse sur mon épaule. Je ne l’ai pas vu s’avancer jusqu’à moi.

— Jamie est vraiment amoureux d’elle ! Et même, ajoute-t-il lorsque j’ouvre la bouche pour débattre, s’il a fait ça, il devrait avoir une chance de s’expliquer avec elle.

Il s’accroupit juste devant moi et dépose ses deux mains sur mes cuisses. Nous nous affrontons du regard pendant plusieurs minutes.

— Laisse-lui une chance, souffle-t-il en remontant les mains vers mes avants-bras qu’il caresse du bout des doigts.

— Je... je ne sais pas, je balbutie d’une voix plus rauque qu’à l’ordinaire.

Je sais qu’il le fait exprès pour me déconcentrer et m’empêcher de réfléchir trop longtemps.

— Tu as déjà pris ta décision, depuis que tu lui a parlé, cela se voit dans ton regard, chuchote-t-il à mon oreille droite en se redressant.

« Retiens-le », hurle ma conscience lorsqu’il dépose un baiser sur ma tempe.

En me mordant l’intérieur de la joue, je le regarde parcourir rapidement la cuisine, ouvrir l’armoire où les verres sont rangés, en sortir un qu’il remplit d’eau avant de venir le déposer devant moi.

— Merci, je murmure avant de boire plusieurs longues gorgées d’eau qui apaisent ma gorge douloureuse.

Je m’acharne sur l’intérieur de ma joue lorsqu’il pousse mon téléphone. Pas du tout certaine de ce que je fais, je l’attrape et cherche dans mon répertoire le numéro de Jamie, et appuie sur la touche appel sans quitter l’acteur des yeux qui me sourit.

 

— Léa ?

J’entends à la voix de Jamie qu’il est étonné de m’entendre. Je peux le comprendre, je n’ai jamais utilisé ce numéro depuis que je l’ai.

— Tu es toujours aux États-Unis ?

— Non, je suis en Angleterre, répondit-il.

Alexander m’encourage d’un signe de tête, il sent que j’hésite. J’inspire et expire avant de murmurer :

— Passe demain à huit heures.

Fier de moi, l’acteur lève son pouce en me souriant.

— Merci Léa, s’écrie Jamie à l’autre bout du fil, si fort que j’éloigne le téléphone de mon oreille.

Il passe les deux minutes suivantes à me remercier, je n’arrive pas à en placer une pour couper court à la conversation. Assis à côté de moi, Alexander se marre. Je profite que Jamie reprenne son souffle pour lui dire d’une voix ferme :

— Si jamais tu as menti, je t’étripe !

Je ne lui laisse pas le temps d’ajouter quoi que ce soit car je raccroche.

 

Le téléphone toujours dans la main, je fixe le sol en me demandant si Angie ne va pas m’en vouloir d’avoir pris cette décision sans lui en parler. Elle ne m’aurait jamais fait ça. Mais, je sais au fond de moi que c’est une bonne décision, que quoi qu’il arrive, ce sera plus facile pour elle de tourner la page si elle se confronte à Jamie maintenant.

 

— Tu as pris la bonne décision, murmure Alexander en glissant sa main dans la mienne. Tu dors debout, ajoute-t-il avec tendresse au moment où je tente de bailler discrètement. Viens mon amour, allons dormir.

Je frissonne. Mon ventre, lui se tord lorsque je me rends compte que l’acteur espère sans doute que nous reprenions là où nous nous sommes arrêtés avec l’arrivée surprise de ma meilleure amie. Je suis tellement fatiguée que je ne sais pas si j’en ai ou non envie.

— Je suis fatiguée.

Je baille à m’en décrocher la mâchoire pour lui montrer que je le suis vraiment.

— Moi aussi, dit-il avec amusement.

Ses yeux pétillent de malice pendant qu’il observe mon visage avec intérêt. Avec un cerveau qui fonctionne aussi lentement qu’un escargot, j’ai des difficultés à soutenir son regard. Ce soir, le silence entre nous ne me dérange pas, que du contraire, c’est apaisant de ne pas devoir parler. Alexander ouvre la bouche en me souriant, avant de secouer la tête et de se lever de la chaise.

Debout devant moi, il me tend ses deux mains que je prends dans les miennes. D’un geste, il m’aide à me lever. Lorsque mon corps bute contre le sien, il passe ses mains autour de ma taille.

— Salut, murmure-t-il la bouche contre mon oreille.

Malgré moi, je souris et glousse comme une idiote.

 

La main d’Alexander ne quitte pas la mienne pendant que nous nous rendons dans le salon. Je veux vérifier que ma meilleure amie ne manque de rien pendant la nuit. Je dépose une bouteille d’eau de source sur la table basse. Je sais qu’elle aime boire la nuit. Je rapproche la boite de mouchoirs. Je vérifie qu’elle est suffisamment couverte et dépose une nouvelle couverture pliée sur le sol devant le canapé.

Pendant que je bouge silencieusement autour d’Angie, je sens qu’il ne me quitte pas des yeux. Alexander m’attend près de la porte du salon.

Comme pour Eleaore, je vérifier que tout est bon avant de la quitter pour la nuit. J’aime veiller sur ma famille. Angie est la sœur que j’ai toujours rêvé d’avoir.

Lorsque j’ai bougé pour la troisième fois de quelques centimètres la bouteille d’eau, je sais que je ne peux pas repousser plus longtemps le moment délicat

 

Sur la pointe des pieds, je retourne timidement près de l’acteur qui me sourit tendrement en me tendant la main droite. Je me stoppe devant lui et lève les yeux. Mon cœur menace de s’échapper de ma poitrine, et pourtant, je me sens apaisée à ses côtés. Je glisse ma main dans la sienne et le laisse entrelacer nos doigts pendant que nous montons les marches pour rejoindre nos chambres. Dois-je lui proposer de dormir avec moi ? Ai-je envie de reprendre là où nous nous étions arrêtés ? Foutu hormones ! Foutu questions !

« Tu en crève d’envie », clame ma conscience.

Elle n’a pas tord, mais la journée de demain risque d’être aussi épuisante que celle-ci, je dois être en forme pour Angie.

« Tu te cherche des excuses ! »

Elle m’énerve à avoir raison.

Lorsque nous nous stoppons devant la porte de ma chambre, je n’ai la réponse à aucune de ces questions.

— Bonne nuit, murmure-t-il avant de déposer un bref baiser sur mes lèvres.

Je retiens ma moue boudeuse lorsqu’il se recule.

— A toi aussi.

Je me mets sur la pointe des pieds pour atteindre sa joue, et dépose un baiser sur sa joue droite. Il soupire d’aise en m’attirant contre lui. Ses bras entourent mon buste, sa bouche est contre mes cheveux.

— Je n’ai pas envie de te quitter même pour la nuit, souffle-t-il timidement à mon oreille.

Une douce chaleur traverse mon corps. Mes joues rosissent. Je glisse mes mains dans sa nuque pour garder son visage tout contre le mien. Je me sens tellement bien comme ça, avec lui contre moi.

Je ne sais pas combien de temps nous restons comme ça, l’un contre l’autre en silence, mais lorsqu’il recule légèrement pour me regarder, j’ai à nouveau envie de me blottir contre lui.

« Tu es foutue », me nargue ma conscience.

 

— Je suppose que je ne peux pas dormir avec toi ?

Alexander n’ose pas me regarder, ses joues sont légèrement rouges. Comme à chaque fois qu’il est mal à l’aise, il frotte le côté de sa chaussure sur le sol. Je pince les lèvres pour ne pas sourire, tellement je le trouve adorable. Je le trouve encore plus beau.

— Je suis fatiguée.

— Dormir, promet-il en relevant mon visage vers le sien.

Je me mords la lèvre du bas, j’hésite. Alexander ne quitte ma bouche des yeux, il sait que je vais craquer.

— Dormir, je souffle doucement en le regardant droit dans les yeux.

Je suis à la fois amusée et stupéfaite par son culot. Et surprise aussi, d’avoir cédé aussi facilement.

— Promis, promet-il en mettant la main sur son cœur et en y faisant une croix dessus.

Je souris en ouvrant la porte de la chambre.

 

Mon cœur bat trop rapidement. Mes mains sont moites. Alexander reste à côté de la porte ouverte et regarde le lit avec hésitation. Il se passe encore et encore les mains dans les cheveux.

— Le lit ne mord pas, je lance dans une veine tentative de détendre l’atmosphère, alors que je suis tout autant stressée que lui.

— Dommage, parce que c’est mon plus grand rêve, me taquine-t-il en me souriant.

Debout, près de la commode, je lui rends son sourire en me répétant de ne pas lui sauter dessus. Pour cacher mon trouble, j’attrape un pyjama short vert dans le premier tiroir du meuble et me rends dans la salle de bain pour me préparer pour la nuit.

Pendant que je me brosse les dents avec application, je tente de me relaxer. Après tout, il m’a promis que c’était juste pour dormir. Je dois arrêter de paniquer pour rien. J’enlève mes vêtements et passe mon pyjama. Après un dernier regard dans le miroir, je sors le rejoindre. Alexander s’est déjà glissé dans le lit. Son jean, chaussures sont posées près du fauteuil à côté de la fenêtre. Lorsqu’il m’entend arriver, il tourne la tête vers moi et me sourit. Il a l’air plus à l’aise que moi. Je tortille le bas de mon t-shirt en me dirigeant vers le lit. Il a pris le côté gauche. Parfait, je préfère dormir à droite, plus près de la porte de la chambre. Plus facile pour intervenir la nuit quand Eleanore fait un cauchemar. Je m’assieds sur le bord du lit en me répétant que je suis capable de le faire. Cela ne doit pas être si compliqué de juste dormir à côté de lui. Je me glisse dans les couvertures et m’allonge en lui tournant directement le dos. Je suis certaine que les battements douloureux de mon cœur sont audibles dans toute la chambre.

— Bonne nuit !

— Bonne nuit, je murmure faiblement.

Malgré sa présence à mes côtés, qui soyons logiques me connaissant devrait m’empêcher de dormir, la fatigue gagne rapidement la bataille. Je glisse doucement vers le monde des songes lorsque je sens ses bras se refermer autour de mon corps.

 

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