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Notes d'auteur :

Un immense immense merci aux merveilleux, adorables commentaires que j'ai reçu sur mes chapitres précédents. <3

J'attrape un plaid blanc sur le bord du lit et entoure mes épaules. Je jette un dernier regard à la petite fille endormie pour vérifier qu'il n'y a rien de dangereux autour d'elle et sors de la chambre. Dans le couloir, je resserre le plaid autour de moi. Il fait froid depuis quelques heures et même si, les différentes cheminées de l'auberge sont allumées, je frisonne. Je commence à connaître la décoration de ce couloir mais, je continue à chaque fois d'observer les différents portraits des Écossais célèbres avec admiration. Presque religieusement, j'observe les uns après les autres, ces hommes et ces femmes qui ont marqué l'histoire. Même si je dois absolument voir Louise, je prends mon temps. D'ailleurs, au moment où j'arrive à l'accueil, elle est derrière le comptoir en pleine conversation.

Non ! dites-moi que je rêve ! 

Louise, les joues rouges à force de rire, discute joyeusement avec Alexander qui semble lui raconter quelque chose d'assez drôle.

Je reste plantée au milieu du couloir à les regarder discuter. Alexander qui tient à présent une brochure pour une promenade en montgolfière s’intéresse à ce que la gérante doit lui expliquer. Je pince les lèvres. Je suis contrariée, je n'aime pas que mes projets soient reportés. Je veux partir d'ici le plus rapidement possible. Alors, je voulais profiter de la sieste d’Eleanore pour venir payer le reste de notre séjour. En les regardant discuter, je sais que cela ne sert à rien. Et, comme c'est parti, ce n'est pas près de s'arrêter. Découragée, je fais demi-tour pour retourner dans la chambre, boucler nos derniers sacs. Je reviendrais plus tard.

 

— Drôle de journée.

Je sursaute. Mes yeux s'écarquillent sous la surprise. Je me stoppe. Ce n'est vraiment pas mon jour de chance. J'hésite.

Mais, quand faut y aller, faut y aller.

Je me retourne et me retrouve nez à nez avec Alexander qui me sourit. Son parfum, mélange de bois de cèdre et mandarine vient m'englober. L'odeur est très agréable. Ses yeux verts détaillent mon visage comme s’il n’était pas vraiment certain que ce soit moi, là, devant lui. Les mains dans les poches de son jean, il attend sans doute que je réponde à cette tentative de conversation. Mais, soyons honnête, que puis-je bien lui dire ?

« J'ai vu que tu lisais un prospectus sur une promenade en montgolfière au-dessus des Lowland ? ». Nous sommes d'accord, c'est ridicule.

— O...eu..hum...oui, je réponds simplement très mal à l'aise.

Son sourire s'agrandit. Il s'approche d'un pas, je recule de deux. En me voyant faire, Alexander fronce les sourcils.

— Léa, je dois te parler.

Mon cœur bat rapidement. Je me demande ce qu'il doit me dire. S’est-il rendu compte de quelque chose ? Jane lui a-t-elle dit ce qu'elle a compris en nous voyant tous les trois ?

 

C'est d'ailleurs elle qui me sauve. Elle arrive en courant vers nous. A côté d’ Alexander, elle sautille en lui tirant le bras.

— Je te le pique, me dit-elle en souriant.

Avec plaisir.

Au bout de quelques secondes, où, je suppose qu'il a compris qu'elle ne le laisserait pas tranquille, Alexander lève les yeux au ciel. Et, finit par capituler. Il me jette un regard désolé et suit la jeune actrice dans le grand salon où Tom doit les attendre. Lorsque, je suis certaine qu'ils ne peuvent plus me voir, je m'adosse au mur derrière moi et reprends ma respiration. Mon cœur bat toujours à un rythme très saccadé. Jane vient de me sauver la mise. Elle m'a permis de ne pas rester trop longtemps aux côtés de lui.

 

Maintenant qu'il n'est plus là, je quitte le couloir et me rends à l'accueil. Après tout, c'est pour ça que je suis sortie de la chambre ! Louise qui range des prospectus pour diverses promenades dans la région redresse la tête quand je me stoppe devant elle.

— Miss Lewis, que puis-je pour vous ?

Me sortir de cet enfer.

— Je viens régler mon séjour et vous prévenir que nous partons ce soir.

Je sors le portefeuille de la poche l'arrière de mon jean où je l'ai glissé avant de quitter la chambre.

La vieille dame fronce les sourcils. Ses yeux noisette se plissent légèrement comme si elle tentait de percer le mystère de ce départ anticipé. Au bout de quelques seconds où j'ai l'impression de passer au rayon X, elle dit :

— Pierre vient de revenir du sentier. Un tronc d'arbre est tombé et il est impossible de rejoindre la route. Personne ne peut venir l'enlever avant lundi matin.

Mon cœur se serre. Mes yeux me piquent. Qu'est-ce-que je vais bien pouvoir faire si la nature elle-même se ligue contre moi ? Je n'ai vraiment pas envie de rester dans le même endroit que lui. Je ne veux pas prendre le risque qu'il se rende compte que Eleanore est sa fille.

— C'est que je dois vraiment partir aujourd'hui.

Louise hoche la tête. Elle semble comprendre mon désarroi même si elle est loin de la vérité.

— Ce serait dangereux, murmure-t-elle doucement en me tapotant la main droite que j'ai posée sur le comptoir.

J'acquiesce. Bien sûr que c'est dangereux ! Je me trouve d'ailleurs égoïste d'avoir pu risquer la vie de ma fille pour l'éviter lui. Après tout, je suis une adulte et, je suppose que je peux prendre sur moi et gérer cette crise. Je remercie Louise qui me regarde avec compassion et retourne dans la chambre. Je n'ai pas d'autre choix que de défaire nos valises. Bien sûr, nous devons éviter autant que possible Alexander. Tant pis pour Jane et Tom, nous aurons l'occasion de nous revoir après notre séjour aux U.S.A.

Le plus important est d’empêcher Alexander Wills d’approcher Eleonore !

*****

— Bon, bon, bon, je marmonne en tournant encore et encore une photo d'Eleanore bébé dans mes mains.

Je suis assise sur le bord de notre lit et, ce que vient de me dire Louise ne m'aide pas vraiment. Je regarde d'un œil noir les valises ouvertes. Je n'ai pas envie de les défaire. Je suis optimiste, si cela se trouve la tempête va juste nous frôler. D'ailleurs, je compte filer dès qu'elle sera loin et que les routes seront praticables. Eleanore joue sur notre lit. Sa sieste terminée, elle attend le repas du soir en jouant avec sa poupée qu'elle emmène partout. Je ne sais pas quoi faire pour réussir à la garder dans la chambre. D'ailleurs, je sais qu'au bout d'un moment Tom viendra nous chercher si nous restons enfermées.

— Croquette de pomme de terre ! je siffle entre mes dents en me laissant tomber en arrière sur le couvre lit.

Je repousse mes cheveux en arrière et repense avec nostalgie au soir où Angie et moi avons trouvé cette astuce. Ma meilleure amie dit énormément de gros mots dans toutes les langues qu'elle connaît. Comme elle n’a pas le droit d’en dire chez nous, un soir alors qu’Eleonore était au lit et après quelques bouteilles de vin rouge, Angie a trouvé que ce serait une chouette alternative. Et, il m'arrive de l'utiliser quand je suis vraiment en colère comme en ce moment.

 

— Peu maman ?

La mine sombre, je me redresse. Pour ne pas l'inquiéter, je plaque un sourire sur mes lèvres avant de sourire pour de vrai. Eleanore est debout devant moi. Dans sa petite main, elle tient sa robe de fée bordeaux qu'elle a trouvée dans sa valise. Cette adorable petite fille vient d'avoir une brillante idée.

— Quelle bonne idée, je réponds avec enthousiasme en me laissant glisser sur le sol pour l'aider à se préparer.

— Meci maman.

Eleanore tape dans ses mains avant d'essayer de retirer son t-shirt. Mais bien sûr, comme toujours, cela coince. Elle n'a pas encore totalement compris comment faire. Attendrie, je souris comme une idiote et lui vient en aide. Je la déshabille ne lui laissant que sa petite culotte à cœurs rose.

Puis l'habillage. D'abord, les petits collants blancs. Sa robe de fée et ses petites ballerines bordeaux trouvées par Jack à Paris. Ensuite, ses ailes de fée que j'accroche à la robe et enfin, le masque que je pose devant ses yeux. Ce masque, elle l'adore. Nous l'avons trouvé dans une boutique de déguisement lors d'un voyage en Espagne. Ma fille s'est transformée en fée masquée. Concentrée sur ma tâche, je glisse dans ses cheveux en désordre qui est mon héritage génétique, une couronne. Et, dans sa petite main droite, une baguette. Elle est adorable.

 

Pendant qu'elle lance des sorts dans la chambre, je vérifie ma tenue. Je fais la moue. J'adore le t-shirt que je porte. C'est un vestige de mes années d'adolescence où je suis tombée amoureuse de la musique des Stones mais, comme j'ai beaucoup grandi depuis, on voit un quart de mon ventre. Et, je suis trop pudique pour oser sortir de la chambre comme ça.

— On se voit très vite mon vieux, je murmure à mon t-shirt.

Oui, je parle à mes vêtements ! J'attrape dans la valise ouverte, un pull blanc en laine que j'enfile rapidement. De toute façon, le temps s'est rafraîchi et comme je suis frileuse, ce pull tombe à pic. Je frotte l'arrière de mon jean au niveau des fesses et enfile mes chaussures. Un petit coup de brosse dans mes cheveux et nous sommes enfin prêtes pour aller dîner avec les autres dans la grande salle à manger.

Avant de quitter la chambre, je souffle plusieurs fois pour me donner du courage. Eleanore qui saute partout, glisse sa petite main dans la mienne et, nous sortons de la chambre. Dans le couloir, nous avançons silencieusement. Je respire calmement pour essayer d'apaiser les battements rapides de mon cœur. C'est une véritable torture de me retrouver dans la même pièce que lui mais, je n'ai pas vraiment le choix. Eleanore doit manger. Sur le pas de la porte, je me force à ne pas faire demi-tour. Je plaque un sourire sur mes lèvres et jette un regard amusé à Eleanore qui me sourit. Je n'aime pas être au centre de l'attention alors je baisse la tête, les joues rouges, et m'avance dans la pièce. Lorsque je lève les yeux, je croise le regard amical de Tom qui me fait signe de venir le rejoindre. Comme à son habitude, il nous a gardé des places à ses côtés.

 

Eleanore du haut de ses deux ans, marche fièrement parmi toutes ces personnes, ces acteurs qui, eux ont l'habitude. Je crois, qu'elle doit tenir ça d'Alexander. Elle sourit quand on lui fait un compliment. Ceux-ci sont nombreux depuis son entrée dans la pièce. Et comme toujours, elle arrive à charmer son monde, cette coquine ! Lorsque nous arrivons à ses côtés, Tom soulève Eleanore dans ses bras et lui dit :

— tu es la plus belle fée que j'ai eu l'occasion de rencontrer.

Eleanore sourit de toutes ses dents avant de filer s'asseoir à côté de Jane.

— Tu as déjà eu l'occasion de rencontrer beaucoup de fée ? lui demande Jane en se moquant de lui.

Debout derrière eux, je souris. Ils se taquinent souvent l'un et l'autre mais, ils s'aiment vraiment beaucoup. Tom se passe une main dans les cheveux en faisant semblant de réfléchir.

— Voyons...hum...En fait, pas vraiment mais, Eleanore en est une.

Nous rigolons tous les trois. Au final, ce n'est pas si compliqué que ça. Je fronce les sourcils en cherchant dans la pièce Alexander.

Il s'est peut-être envolé.

Comme si elle avait lu dans mes pensées, Jane lance innocemment : – il prend sa douche, il nous rejoint après.

Elle ne m'a pas regardé en disant cela mais, et même si elle ne l'a pas précisé, je sais que cette information m'est totalement destinée.

Mon cœur se calme. Je suis contente d'apprendre cela car il y a une faible chance pour que nous ne le croisions pas aujourd'hui.

 

Eleanore est assise entre Jane et Tom. Je suis assise à la droite de ce dernier et je suppose que la chaise vide à la gauche de Jane est pour Alexander. Je me mords l'intérieur de la lèvre, c'est quand même vachement proche de Eleanore, même si elle est déguisée en fée masquée.

Lorsque Louise, toujours aussi souriante, nous annonce que le buffet de ce soir est ouvert, je me lève aussi vite que si je venais de me piquer les fesses avec une aiguille de couture. Tom me jette un regard amusé et prend son temps pour se lever.

Lorsque je passe derrière elle, je me penche vers Eleanore et lui donne les consignes qu'elle connaît déjà par cœur.

— Tu restes assise. Maman revient tout de suite.

— Bien zur, elle affirme avec son sourire espiègle en me faisant un rapide câlin.

 

Décidée à ne pas traîner dans les parages, je me joins à la file qui attend déjà devant le buffet. J'attrape une assiette pour Eleanore et la remplis d'un peu de spaghettis à la sauce bolognaise, son plat préféré.

Dans la salle à manger, les discussions sont joyeuses. Les bruits des couverts se mélangent au reste, cela donne une belle cacophonie apaisante. J'écoute d'une oreille distraite les deux hommes devant moi qui parlent de la météo et des prévisions pour les prochains jours.

— On va être bloqué à l'intérieur pendant plusieurs jours, affirme le roux.

— On prend du retard, soupire l'autre.

A mon tour, je soupire. Cela ne laisse rien présager de bon.

 

La salle à manger sent bon le pain d'épice, la viande et les pains. Louise a encore réussi à préparer un repas digne d'un banquet.

—J'ai menti tout à l'heure.

Le souffle chaud de Tom caresse mon cou et mon oreille droite. Du bout des doigts comme une caresse, il enlève une mèche de cheveux qui tombe sur mon épaule à demi nue. Je frisonne.

— Comment ça ?

Je chuchote en avançant par petits pas pour suivre la file et m'approcher des petits pains au lait que Eleanore adore.

— Eleanore n'est pas la seule fée que j'ai rencontrée.

Je serre fort les lèvres pour ne pas rire et continue d'avancer dès que c'est possible. La présence de Tom dans mon dos, contre moi, ne me dérange pas. Son souffle contre ma peau est plutôt agréable et réchauffe mon corps.

Je mentirais en disant que notre proximité pendant que Jane nous prenait en photo plus tôt dans la journée ne m'a pas perturbée.

— C'est vrai ?

Au moment où le photographe des studios passe devant moi en s'excusant pour attraper une fourchette, Tom glisse sa main dans mon dos pour me guider et m'éviter de lui rentrer dedans. Je frisonne. Mes jambes tremblent un peu, une boule de chaleur se propage dans mon ventre. Tom est le premier homme depuis Alexander à être aussi proche de moi. Je n'ai plus l'habitude.

— Bien sûr. Si c'est une fée, sa maman doit l'être aussi, non ? donc, ça fait bien deux fées que je connais.

Cette fois-ci, je ne me retiens pas et pouffe de rire. Tom est comme ça, adorable, attachant et marrant.

 

— Il y a quoi de bon à manger ?

La voix masculine qui résonne à nos côtés, me fait sursauter. Malgré moi, je m'éloigne de Tom. Je regarde toujours devant moi pour cacher le trouble provoqué par Tom. J'ai envie de répondre à Alexander qu'il lui suffit simplement de regarder autour de lui. Mais, je me tais et finis par réussir à attraper un petit pain au lait. Sans un regard pour Alexander, je souris à Tom et retourne près de Eleanore pour déposer l'assiette devant elle.

La petite fille est en pleine conversation avec Andréa qui est venue s'asseoir à une place libre à ses côtés. La réalisatrice la complimente sur sa tenue originale. Lorsqu'elle me voit, Andréa me félicite encore une fois d’avoir une petite fille si adorable et s'éloigne vers le buffet.

 

Même si je ne les regarde pas, je sens leurs regards sur moi.

— Meci maman, dit Eleanore lorsque je dépose l'assiette devant elle.

Je lui souris, lui sers un gobelet d'eau, vérifie qu'elle ne manque de rien et vais m'asseoir à ma place.

Je n'avais pas tellement faim en arrivant dans la pièce, mais savoir que je vais devoir partager ce repas avec lui me coupe littéralement l'appétit. Bien sûr, je ne peux pas empêcher Eleanore de se nourrir. Alors, je prends mon mal en patience. Alors je prends mon mal en patience, même si je voudrais être partout ailleurs qu’ici. Lorsque les deux acteurs viennent s'asseoir à table avec des assiettes bien remplies, je jette plusieurs coups d’œil à ma fille pour vérifier qu'elle est toujours bien cachée par son masque de super fée.

 

Jane essaie plusieurs fois de la convaincre d'enlever son masque pour ne pas le salir mais, la petite refuse en secouant la tête. Jane perd son temps, il n'y a pas plus têtue que ma fille.

— Ce n'est pas grave si elle le salit.

Eleanore est contente de mon intervention. La bouche barbouillée par la sauce, elle sourit de toutes ses dents.

— Elle est vraiment adorable, murmure Tom qui est assis à côté de moi.

J’acquiesce distraitement. Il tente de faire la conversation mais, la magie de la file d'attente s'est envolée et puis, je suis tellement sur les nerfs que je ne suis pas réceptive à ce qu'il me raconte.

— Tu devrais manger, dit Tom pour la dixième fois en quelques minutes.

Je secoue la tête, bois une longue gorgée d'eau pour éviter de répondre une énième fois. Je ne me vois pas lui expliquer que je n'arrive pas à avoir envie de manger car son meilleur ami se trouve à quelques chaises de moi et, encore pire, à quelques chaises de sa fille ! Non ! Il me prendrait pour une folle.

 

Malgré la présence de l'acteur dans la salle à manger, je discute un peu avec mes autres voisins de table. Ce sont les membres de l'équipe technique. Les ingénieurs du son. Ils sont marrants et arrivent même à faire rire plusieurs fois. Certains parlent de leurs enfants qui leur manquent, d'autres parlent de chez eux ou du plaisir qu'ils ont à faire ce métier qu'ils adorent.

En les écoutant parler avec enthousiasme, je jette des regards à l'assiette d'Eleanore qui, je la connais, va attendre le dessert avec impatience.

Je soupire. Je n'ai plus qu'à prendre sur moi et à attendre patiemment.

A plusieurs reprises, quand je la regarde, je sens le regard de Alexander se poser sur moi mais, je n'ose pas lever les yeux vers lui.

 

— On pourrait se faire un week-end à trois en Écosse. Je te ferais visiter quelques endroits de mon enfance. Et puis, ma mère serait contente que vous veniez, Eleanore et toi, manger chez eux.

Tom est Écossais. Il est né à Perth qui était un peu trop loin d'ici pour visiter la ville.

Je ne dis rien et me contente de l'observer. Je sens le regard de son meilleur ami qui ne me quitte pas des yeux. De sa place, je suis certaine qu'il n'a rien entendu. Mais, cela me met vraiment mal à l'aise. Alors, je lève les yeux vers Alexander et rencontre ses yeux verts qui m'observent. A mon tour, pendant quelques secondes, je détaille ce visage que j'espérais oublier jusqu'à la fin de ma vie.

Ses cheveux châtain clair en batailles.

Ses yeux verts émeraude.

Son visage viril.

Sa barbe naissante.

Alexander me sourit doucement. Je ne réponds pas et détourne les yeux.

Tom attend toujours sa réponse. La glace à la vanille dans son bol est en train de fondre.

— Avec plaisir, je réponds simplement.

Un immense sourire éclaire son visage.

 

Lorsque Eleanore termine son dessert, je prétexte un début de mal de tête et quitte la pièce avec elle.

Une fois dans notre chambre, je prépare nos affaires pour la nuit et, nous nous rendons dans la salle de bain.

En silence, car elle est fatiguée, je débarbouille Eleanore et fait pareil avec moi. Il est temps pour elle d'aller au lit.

Dans la chambre, je ne range pas nos affaires, je suis lasse. J'espère vraiment que le sommeil viendra rapidement car, le temps passe trop lentement à mon goût ! Je suis en général quelqu'un de très posée et calme, mais là, je ne sais pas si mes nerfs vont supporter encore longtemps cette proximité.

 

Eleanore se frotte les yeux. Lorsqu'elle se glisse dans les draps avec son pyjama ourson rose, j'attrape le livre de contes que nous lisons le soir. Elle s'installe confortablement. Je me glisse à mon tour dans les draps et commence à lui lire l'histoire de cendrillon. Je sais que je ne lirais pas longtemps car, elle est vraiment fatiguée et baille sans cesse.

Je me plonge dans l'histoire de cette jeune fille et tente d'oublier tout le reste. Je suis à la moitié de l'histoire lorsque je me rends compte qu'elle s'est endormie. Doucement, pour ne la réveiller, je ferme le livre que je pose sur la table de nuit en bois. J'éteins la lumière et, allongée dans le lit, j'attends que le sommeil vienne bien longtemps encore après qu'elle se soit endormie.

Il n'y a plus aucune lumière dans la chambre, mis à part, les premiers éclairs que je vois à travers les rideaux tirés. Le bruit qui vient de l'extérieur est assourdissant. J'ai l'impression de me trouver à côté d'une immense machine à laver.

 

La vie est quelque chose d'étrange. Elle n'est jamais un long fleuve tranquille.

Parfois, le destin se mêle de nos vies.

Jusqu'à aujourd'hui, j'étais certaine de ne plus jamais le revoir. Mais, le destin en a décidé autrement.

Dehors, la tempête fait rage !

Désespoir !

Le reflet d'un éclair traverse ma chambre !

Pourquoi y a-t-il cette maudite tempête ?

Une branche vient frapper contre la fenêtre de la chambre.

Qu'est-ce-que j'ai fait pour que cela arrive ?

Le bruit des vagues qui s'écrasent contre les rochers résonne dans la nuit.

Pourquoi? Pourquoi ?

 

 

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