Pelotonnée dans une grosse couverture, je bois une tasse de thé vert et grignote un cookie au chocolat. Je suis assise sur la terrasse de notre jardin et j’observe le soleil se lever doucement.
Cela fait deux semaines que nous sommes rentrées d’Écosse.
Je me rends compte à quel point cette maison me manque quand nous sommes loin. C’est pareil pour notre vie à Londres et je ne parle même pas de mon père qui est l’être le plus compréhensif et attentif du monde.
Bien sur, cela fait deux semaines aussi que je n’ai pas eu de nouvelles d’Alexander. Je ne sais toujours pas ce qu’il compte faire à notre sujet. Je sursaute lorsque quelqu’un sonne à la porte. Le téléphone c’est encore pire ! Je suis dans un tel état d’angoisse que je n’arrête pas de grignoter dès que le calme s’installe dans la maison.
L’horloge du salon sonne huit heures lorsque je me lève enfin. Je m’étire en bâillant longuement, prend la tasse de thé sur la petite table en fer forgé et passe la double porte qui mène à la salle à manger. Nous sommes dimanche, mais mon programme est quand même bien chargé. Je dois faire quelques lessives, préparer les lasagnes pour le repas de midi, ranger la cuisine remplie de farine du sol au plafond à cause de notre séance pâtisserie avec Elenore. Cela m’est égal car nous nous sommes bien amusées toutes les deux.
Je dois aussi profiter de sa sieste pour terminer les premiers chapitres de ma nouvelle histoire que je dois présenter dans quelques jours à mon éditeur. En général, Jerry est assez confiant quant à mon travail, surtout qu’il sait que me bousculer ne sert à rien. Mais cela fait un mois ou deux, qu’il me presse un peu. Sa secrétaire est persuadée que c’est parce que son couple bat de l’aile. Mais les bruits de couloir ne m’intéressent pas vraiment.
Je quitte le salon lorsque mon téléphone qui est posé sur la table basse en bois bipe.
« Angie », je pense en revenant sur mes pas.
J’ai hâte de lire ses dernières aventures américaines. Avec enthousiasme, je me rends près du canapé où je m’assieds, pose la tasse que je tiens toujours à la main sur le meuble bas et prend le téléphone.
Je me bats une minute avec le schéma pour le débloquer avant d’accéder à l’écran d’accueil.
Je fronce les sourcils. Ce numéro m’est totalement inconnu. Ce n’est pas chose rare. Barbara, utilise souvent ses assistants pour essayer de prendre de mes nouvelles. Ma mère en change comme elle change son intérieur, c’est-à-dire presque chaque trimestre !
« Comment va-t-elle réussi à gâcher mon dimanche cette fois-ci ? » je songe avec humeur.
Du pouce, je tapote sur la petite enveloppe au milieu de l’écran et découvre le message. Ce n’est pas Barbara ! Bonne nouvelle !
« J’ai eu ton numéro par Jane. Eleanore et toi soyez prêtes pour dix heures, je vous emmène passer la journée à l’extérieur. Alex »
Je pince les lèvres et relis le message encore et encore. En fait, je cherche un indice sur une éventuelle décision. Je grogne et capitule rapidement. Il n’y a rien du tout qui peut apaiser mon angoisse dans ce qu’il dit.
« Je vous emmène passer la journée à l’extérieur », je lis à haute voix. Cette phrase me pose légèrement problème. Où peut-il nous emmener ?
Je pourrais faire semblant de rien avoir reçu et ne pas lui répondre. Je souffle, pose la tête contre le dossier du canapé et ferme les yeux. Ce n’est pas dans mes habitudes. Je suis connue pour être quelqu’un qui prend les soucis à bras-le-corps.
Ma conscience qui fait de la corde à sauter, lève les yeux au ciel : « gagne du temps ! »
C’est facile pour elle puisqu’elle n’existe pas sans moi ! Mais elle n’a pas totalement tort.
J’attrape le téléphone, cale mes jambes sous moi et réponds sans réfléchir « et si nous avions d’autres plans pour la journée ? »
Je me mords la lèvre du bas en relisant le message. J’hésite. C’est peut-être un peu trop sur la défensive.
« Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir », souffle ma petite voix.
Je ferme les yeux et finis par envoyer. Je reçois l’accusé de réception quelques secondes après.
En attendant une éventuelle réponse, je me lève, m’assieds à nouveau. Je me mords l’ongle du pouce droit et observe le téléphone avec appréhension. Peut-être que je n’aurais pas dû lui dire cela. J’aurais pu juste lui demander où il voulait nous emmener !
J’en suis à me demander si je peux effacer le message avant qu’il ne le reçoive lorsque mon téléphone me signale que j’ai sans doute une réponse de sa part.
Les mains légèrement tremblantes, je prends l’appareil de malheur et lis à mi-voix :
« Promotion de la semaine, -50 % sur l’achat de votre second parfum avec le code S23456 »
— Non mais, ils se foutent de moi, je grogne en fusillant mon téléphone du regard.
Pourquoi faut-il que je reçoive de la publicité à ce moment précis ? Alors qu’en général mon téléphone reste silencieux la journée.
Je râle mais au final, c’est une bonne chose car je ne songe plus au message que je lui ai envoyé. Le téléphone que je tiens à la main s’allume.
« C’était une idée stupide. Je verrai Eleanore une prochaine fois. Bon dimanche. Alex. »
Je pince les lèvres. Je sens la déception dans ses mots. Je n’ai pas envie de passer du temps avec lui et encore moins lui laisser en passer seul avec Eleanore. Car au final, nous ne nous connaissons pas tous les deux. Et, même s’il est très connu, il peut être au final qu’un psychopathe qui se sert de sa célébrité pour attirer ses prochaines victimes.
Je sais, j’exagère sans doute un peu. Je me trompe rarement sur une personne. Et, Alexander a l’air d’être quelqu’un de bien. Je suppose qu’il veut rattraper les deux années et demie qu’il n’a pas eu avec notre fille.
« Pourquoi faut-il que tu fasses tant d’histoires pour une simple invitation ? », me demande ma conscience qui lit Baudelaire, assise sur son fauteuil Louis XV.
C’est une bonne question. Je ne sais pas à vrai dire. En fait, si, je me méfie de lui et de ce que je ressens lorsqu’il est dans les parages. Et encore plus, lorsqu’il me touche. Je ne peux pas baisser ma garde devant lui.
— Bon allez, je me motive en tapant le message suivant :
« Ton idée n’était pas stupide. On peut se rejoindre où ? »
Je ne prends même pas la peine de relire de peur de changer d’avis, ferme les yeux et appuie sur la touche envoyer.
Je m’en veux directement. Mon ventre me fait mal. J’ai une boule désagréable dans la gorge. J’ai envie de me cacher sous les couvertures. Pourquoi suis-je toujours aussi gentille ?
Sa réponse est tout aussi rapide que les autres messages qu’il m’a envoyés aujourd’hui.
« Je passe vous prendre à dix heures. J’ai lu que les parents prévoyaient toujours un sac avec quelques affaires, n’hésite pas à y ajouter une tenue pour toi. Ne sait-on jamais. »
J’écarquille les yeux et manque de m’étouffer avec ma salive. Où compte-t-il nous emmener ? Et surtout pourquoi prévoir une tenue de rechange pour moi aussi ? Est-ce-que cela veut dire que nous allons passer la nuit ailleurs ?
Je relis la partie de sa phrase où il mentionne qu’il a lu sur les parents prévoyants, cela veut sans doute dire qu’il prend son rôle très à cœur. On pourra sans doute échanger nos avis sur les livres qu’il a lu sur le sujet. Ce serait un bon sujet de conversation. Parce que j’ai beau me creuser la tête, je ne sais pas ce que nous allons bien pouvoir nous raconter tous les deux. Et encore plus si nous passons deux journées ensemble.
Il passe nous prendre ? Mais il n’a pas notre adresse. Comme s’il avait lu dans mes pensées à distance, je reçois un nouveau message : « Jane m’a donné votre adresse. »
Je suis persuadée que Jane a une idée bien précise derrière la tête. Je vais devoir avoir une sacrée conversation avec elle, même si je sais que cela n’arrêtera pas la cousine de Tom.
Mon cœur se serre en songeant à Tom. Il n’a pas répondu à mon long mail où je lui proposais de venir boire un thé à la maison pour que je puisse lui expliquer la situation. Je n’ai plus aucune nouvelle de lui. Alors qu’avant, je recevais plusieurs textos sur la journée, des mails, sans parler de ses commentaires drôles et spirituels sur mon compte twitter. Cela me manque. Je suppose qu’il a besoin de temps pour digérer que son meilleur ami est en fait le père de ma fille.
Je traîne sur le canapé, pas vraiment motivée par cette journée en sa compagnie.
« C’est un peu de ta faute si tu en es là », lance ma conscience. Et encore une fois elle a raison. C’est aussi parce que j’ai peur de connaître une éventuelle décision de sa part que je me traîne autant pour me préparer alors qu’en général, je suis prête en peu de temps. Sans grand entrain, je monte à l’étage et me rends dans ma chambre. Je ferme la fenêtre que j’ai ouverte en me levant. La pièce est assez aérée. Je refais le lit, déplace un cadre, puis un autre. Tout cela dans l’objectif de gagner du temps avant de commencer à me préparer pour la journée. Mon côté maniaque est incontrôlable quand je suis stressée comme là. Je pourrais vider encore et encore toutes les armoires de la maison et les laver plusieurs fois. Même si je me définis comme quelqu’un de zen, je suis une jeune femme complètement névrosée.
Après avoir changé trois fois la place des coussins sur le lit, je vais dans le dressing et sors un sac de voyage en cuir noir que je pose sur le sol. Je prends un jean, un pull en laine rose et des sous-vêtements en coton. Une tenue de rechange veut sans doute dire qu’il a prévu que nous dormions quelque part avec...lui ! Je n’aime pas cette idée. Je me promets de lui faire changer de lui d’avis. Et comme, je suis prévoyante, je prends un vieux t-shirt mauve et un pantalon d’intérieur de la même couleur. Je pince les lèvres. Peut-être que je devrais ajouter une trousse de toilette de voyage ? C’est mon côté maniaque qui a besoin de tout contrôler. Je refuse de me laisser surprendre. Même si, devenir mère m’a aidée à accueillir les imprévus avec beaucoup moins de stress qu’avant.
Les bras chargés, je dépose le tout sur le lit, attrape dans le tiroir de la commode une feuille de papier et un crayon. Je m’assieds sur le lit et liste ce dont je vais avoir besoin.
* 2 tenues de rechange Eleanore + moi
* Vérifier la météo : veste de pluie pour les deux
* Trousse de toilette y ajouter brosses à dents de la salle de bain
* Pyjama Eleanore + moi
* Sac de jeux Eleanore
* Mon ordinateur portable pour travailler sur mon prochain chapitre.
J’ai envie d’ajouter une trousse de secours, et tellement d’autres choses. Je barre le sac de jeux. Je vais y ajouter un livre et quelques jeux comme à chaque fois que nous sommes à l’extérieur. Je laisse la feuille sur le lit et me rends dans la salle de bain. Vu l’heure il est temps de commencer à me préparer.
Dans la pièce, je laisse l’eau chaude apaiser mes nerfs mis à rude épreuve depuis son retour dans ma vie. J’inspire et expire à plusieurs reprises pour essayer de calmer les battements trop rapides de mon cœur. Sur l’étagère de la douche, je prends mon bain douche à l’aromathérapie et me savonne généreusement le corps. L’odeur m’aide à m’évader bien loin d’ici. Mon corps s’apaiser légèrement. Je termine de me rincer, attrape deux serviettes. La première, je m’enveloppe dedans et la serre contre ma poitrine, la seconde, je l’enroule autour de mes longs cheveux bruns. A petits pas pour ne pas glisser sur le carrelage de la pièce, je me rends près du lavabo. J’essuie la buée sur la vitre et m’observe. Mes yeux verts sont empreints de doute et sans doute de peur. Je fais des grimaces pour essayer d’apaiser mon visage. Mais, rien n’y fait, j’ai toujours ce petit air stressé.
— Super, je vais vieillir de dix ans avec lui dans les parages ! je marmonne.
J’attrape ma brosse à dents et me les brosse avec application avec de petits mouvements circulaires en insistant bien sur toutes les dents même celles du fond. Les oubliées, le plus souvent. J’aime que ma dentiste me dise avec un grand sourire que c’est parfait. Cela doit être un trait de la personnalité de Barbara que j’ai hérité. La brosse à dents en bouche, je grogne en pensant à ma mère. Moins je la vois et mieux je me porte. Elle qui m’a empêchée de voir mon père quand j’étais petite. C’est principalement pour ça que je veux faire l’effort de laisser la possibilité à Alexander de passer du temps avec notre fille. Je n’ai pas envie qu’elle m’en veuille plus tard comme j’en veux à celle qui m’a mis au monde.
Je me rince abondamment la bouche, rince la brosse à dents et l’emporte dans la chambre. Je vais l’ajouter à la trousse de toilette qui est ouverte sur le lit.
Je m’essuie avec application, applique de la crème hydratante, patiente le temps qu’elle entre bien dans la peau même si à chaque fois que je suis au magasin, je me dis que je vais m’acheter celle de la publicité à appliquer sous la douche. Au moins, je ne devrais plus attendre que cela sèche avant de pouvoir m’habiller.
Lorsque je ne colle plus comme du papier tue-mouche, j’enfile mes sous-vêtements. Je suis une adepte du coton. Oui, j’aime appliquer les recommandations des médecins.
La serviette serrée sur ma tête menace de tomber alors, je penche la tête en avant et me les frictionne vigoureusement avec la serviette. Lorsque je me redresse, je passe mes doigts dedans pour garder un peu ce côté sauvage. Ils vont sécher librement. Il me reste assez de temps pour ne pas devoir utiliser le sèche-cheveux.
J’enfile mon jean noir, glisse des chaussettes mauves à mes pieds, prend mon chemisier blanc que je passe et y ajoute un long gilet noir. Mes boots compléteront cette tenue. Je termine de boutonner le chemisier en me rendant près de ma commode où ma boîte à bijoux est posée. J’ajoute un long sautoir noir. Je prends précautionneusement mes boucles d’oreilles. Ce sont des perles de cultures disposées autour d’une vague de diamants. C’est un cadeau de Jack et papa. Elles me portent chance depuis qu’ils me les ont offertes. J’espère que ce sera encore le cas aujourd’hui car, j’en ai bien besoin. Comme mes cheveux seront lâchés autour de mon visage, personne ne pourra voir que je porte des boucles d’oreilles hors de prix. C’est vraiment la seule chose extravagante que je me permets depuis que je vis de ma plume.
Malgré les supplications de Jack, je ne m’habille pas chez de grands couturiers et pourtant, je pourrais très facilement le faire puisque ses créations sont portées par les stars du monde entier. Je préfère m’habiller normalement. Bien sûr, j’ai quelques tenues plus chères que les autres dans mon dressing. Elles me servent quand je dois absolument accompagner Jack dans une Fashion Week. Il connaît mon amour pour les choses simples alors, il a choisi des tenues les plus classiques qui me permettent de me fondre dans la masse.
Je glisse à mes doigts plusieurs bagues, ajoute quelques bracelets.
Lorsque je me rends près du miroir sur pied pour atteindre ma coiffeuse en bois, je m’observe quelques secondes. Le résultat est correct. Pour une fois, je n’aurais pas à rougir de ma tenue.
Alexander m’impressionne tellement que j’ai besoin de me sentir bien dans mon corps pour faire face à nos soucis.
Je retiens mes cheveux en arrière avec un bandeau pendant que je me maquille et que j’applique de la crème de jour sur mon visage. Je mets de l’ombre à paupières brune, et du mascara. C’est suffisant à mes yeux. Je n’utilise jamais de fond de teint. Ce n’est pas bon pour la peau. Et même si elle n’est pas parfaite, j’ai appris à vivre avec ces imperfections.
Une fois prête, je vais dans la chambre d’Eleanore qui est déjà réveillée. Elle est assise sur son fauteuil à côté de son lit. En pyjama, elle joue avec ses playmobil 123.
— Bonjour mon ange, je murmure en déposant un baiser sur son front. On va se promener aujourd’hui.
Eleanore tape dans ses mains, contente de sortir de la maison. Cet enfant est une vraie pile électrique. Je me rends dans son dressing, j’y prends un legging, une longue robe en laine, une culotte à petits pois roses qui vont lui servir de tenue de rechange. Je prends son doudou petit chat et la tétine qu’elle prend encore la nuit. Je prépare aussi ses vêtements pour la journée et un pyjama blanc.
Nous choisissons ensemble le livre qu’elle va prendre et quelques jouets qui vont rejoindre son sac de changes. Elle connaît mes conditions : pas de petites pièces qui risquent de se perdre dans la nature. Elle privilégie, deux dinosaures, une poupée et une petite voiture. J’attrape un mémory des animaux. Ce sera idéal si jamais nous passons effectivement la nuit ailleurs. Un moyen de ne pas devoir parler.
Nous nous rendons dans la salle de bain où je lui prends sa douche. Elle gesticule et rigole sous la douche pendant que je la savonne. Malgré mon anxiété, je chantonne avec elle « un petit poisson dans l’eau ».
Une fois rincée, je l’emballe dans son peignoir rose et la prends dans mes bras.
Dans la chambre, je la pose sur le lit et la sèche en faisant de drôles de bruits qui la font rire. Une fois sèche, je la prépare. D’abord la petite culotte, ensuite les chaussettes. Elle s’assied sur le lit pendant que je passe les jambes de son legging rose pale et se met debout pendant que je le monte jusqu’à sa taille. Je passe sa robe rose en coton et dentelle qui lui arrive à mi mollet. Je fais le nœud qui lui serre accessoirement la taille. Comme ses cheveux sont encore courts, ils sèchent plus rapidement que les miens. J’y ajouterai un serre-tête et ses petites boots compléteront sa tenue.
Lorsqu’elle est prête, elle retourne jouer avec ses playmobil pendant que je termine de transporter ses affaires dans ma chambre pour les ajouter au sac de voyage.
Le pyjama mis dedans, je le ferme et regarde l’heure. Alexander arrive dans une demi-heure. Ce qui nous laisse le temps de prendre le petit déjeuner. Je me demande si on peut l’attendre pour le prendre avec lui. Ce serait un chouette moyen de commencer cette journée ensemble. Bon techniquement, j’ai déjà grignoté un cookie sur la terrasse.
J’attrape mon téléphone sur le lit et lui envoie « tu as déjà pris le petit déjeuner ? »
Je n’attends pas longtemps car il répond presque tout de suite. A croire qu’il passe sa vie avec son portable collé à sa main.
« Je ne pas mange pas le matin. Je suis en train de partir de chez moi. »
Quelle idée ! C’est pourtant le repas le plus important de la journée. Le meilleur moyen d’être en forme toute la journée.
Et, je ne sais toujours pas où il compte nous conduire.
Je relis son message. Si je comprends bien, il lui faut donc une demi-heure pour arriver chez nous. A supposer qu’il soit à l’heure.
Le sac prêt, nous descendons dans la cuisine Eleanore et moi. Je prépare sa tasse de cacao, et lui sert ses céréales. Je prends une pomme que je coupe en quartiers. Je lui tends plusieurs bouts qu’elle mange avec appétit. Les chiens ne font pas des chats. J’étale de la confiture de fraise sur des biscottes que je mange en buvant une nouvelle tasse de thé.
Nous terminons de manger quelques minutes avant dix heures. Je fais le tour de la maison pour vérifier que tout est bien fermé. Eleanore patiente dans le salon en jouant avec ses poupées.
Lorsque je reviens dans la pièce, je reste près de la porte pour la regarder jouer.
Égoïstement, je n’ai pas du tout envie que notre vie change. J’aime notre routine mère-fille. Mon cœur se serre. J’ai tellement peur pour la suite.