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Notes d'auteur :

Coucou tout le monde,

 

Un petit message pour remercier les personnes qui prennent le temps de lire mon histoire. Vous êtes adorables.<3

Ce chapitre est un peu particulier.

Les auteurs aiment parfois s'inspirer de leur vie, de personnes rencontrées pour écrire. C'est le cas pour ce chapitre.

On se retrouve en note de fin pour les explications.

Bonne lecture !

 

Mary

 

 

 

— Maman écoute.

Je suis en train de lui mettre ses chaussures, et mon téléphone sonne encore. C’est bien la vingtième fois depuis mon réveil. Il est posé sur le meuble près de la porte d’entrée. Je suis tellement agacée que je ne vérifie pas l’identité de la personne qui essaie de me joindre. Après tout, si c’est important elle laissera un message.

Lorsqu’elle est prête, Eleanore frappe dans ses mains pendant que je vais chercher notre sac de sport que j’ai posé sur la table de la salle à manger. Revenue dans le couloir, j’attrape mes clés de voiture dans la coupelle, prends mon téléphone que j’hésite à éteindre et la range dans la poche de ma veste.

 

Pendant que nous descendons les marches du perron pour rejoindre la voiture qui est garée le long du trottoir, je laisse à nouveau la sonnerie s’élever discrètement autour de nous.

J’installe Eleanore sur son siège, et vais m’installer derrière le volant. J’espère qu’il n’y a pas de bouchons car je dois traverser une partie de la municipalité pour me rendre au centre sportif où a lieu le cours de baby gym.

Par chance, ma petite coccinelle traverse la ville rapidement. Je vois enfin le centre sportif lorsque le chanteur de a-ha entame le dernier couplet de Take On Me.

 

Sur place, je sors de la voiture, attrape notre sac sur le siège passager. Mon téléphone recommence à sonner.

— Maintenant ça suffit ! je marmonne entre mes dents.

Je l’attrape dans poche et l’éteins. Je n’ai pas envie de gâcher la séance.

En marmonnant, je le glisse dans la pochette extérieure du sac de sport et ouvre la portière d’Eleanore. J’essaie vraiment de faire bonne figure devant elle, même si ce n’est pas facile aujourd’hui. Lorsqu’elle touche le sol, elle recommence à sautiller. Elle est impatiente de retrouver ses amis.

Elle attrape ma main et nous hâtons le pas vers l’entrée. Je suis contente que ce ne soit pas la pleine influence. Je n’ai pas envie de voir les gens me dévisager avec curiosité.

Nous marchons rapidement. La professeure est dans le hall d’accueil et discute avec un couple. Je la salue d’un signe de tête, et nous entrons dans la grande salle.

Je dépose nos affaires sur les gradins, enlève la veste et les chaussures d’Eleanore et lui mets ses chaussons de gym.

Quand elle est prête, elle court rejoindre ses copains : Amy, Mia et Josh.

A mon tour, j’enlève mon manteau et mes chaussures de ville.

Je porte un pantalon de yoga noir, un long débardeur vert et des chaussures de sport noires. Mes cheveux sont retenus grâce à un chignon assez brouillon.

 

— Joshua descend de là tout de suite ! Ne me force pas à venir te chercher !

Peggy hurle à s’en casser les cordes vocales. Elle porte un pantalon de tailleur noie et une chemise bleue. Ses longs cheveux blonds sont coiffés impeccablement. Aucune mèche rebelle ce qui n’est jamais mon cas. Son téléphone, qu’elle ne quitte jamais, est dans ses mains. Elle doit donner des consignes à son assistante, mais elle arrive quand même à fusiller son fils du regard tout en écrivant. Pour sa défense, c’est vrai que son petit garçon est une vraie tornade. Il est déjà venu jouer plusieurs fois à la maison, j’ai mis deux jours à m’en remettre et mon intérieur aussi.

 

Pendant que je m’approche du groupe, Karen me fait un signe de la main. Elle est souriante comme toujours même si elle semble vraiment fatiguée. Les cernes sous ses yeux sont de plus en plus marqués. Sa petite Jenny qui a quelques semaines ne dort toujours pas. Elle ne s’apaise que si elle est dans les bras de Karen qui, depuis la porte presque toute la journée dans l’écharpe que je lui ai offerte en cadeau de naissance.

Ben, le mari de Karen est souvent en déplacement à l’étranger. Elle se retrouve donc très souvent seule avec ses deux filles.

Lorsque je m’approche de mes amies, je me note de lui rendre visite plus souvent pour essayer de l’aider le plus possible. Peut-être jouer à la baby-sitter pour qu’elle puisse se reposer un peu.

 

— Je n’en reviens pas que tu nous aies cachés ça, murmure Jill en me montrant la une d’un magazine people.

— Chut, je marmonne en le lui arrachant des mains pour le ranger dans son sac à main. Pas ici et surtout pas maintenant !

— Tu sors avec Alexander Wills et tu ne nous as rien dit ! je pensais que nous étions tes amies, continue-t-elle en souriant.

Karen secoue la tête amusée. Jill est comme ça. C’est la plus exubérante du groupe. Elle adore les ragots et la presse people. Elle ne travaille pas.

« Pas besoin avec un mari qui gagne très bien sa vie », nous a-t-elle un jour dit.

 

Ce sont les trois mamans que j’ai rencontrées pendant les cours de yoga prénatal. Depuis, nous sommes restées en contact et devenues amies. Bien sûr, elles ne remplaceront jamais Angie, mais, je m’amuse vraiment bien avec elles. Je peux parler de mon quotidien de maman et puis, Eleanore adore ses trois amis. Nous nous retrouvons assez souvent chez l’une ou l’autre pour discuter autour d’un goûter et parler d’éducation alternative.

— Plus tard, je siffle entre mes dents en regardant autour de moi.

— Jill ça suffit, intervient Karen lorsqu’elle voit qu’elle ne compte pas lâcher le morceau si facilement. Jill hausse les épaules et lève les yeux au ciel. Elle me connaît suffisamment pour savoir qu’elle n’obtiendra rien de moi pour l’instant.

 

Je me mords la lèvre du bas. Mes yeux me piquent un peu lorsque je sens les regards des autres parents sur moi. Saleté de Paparazzi !

Angie m’a envoyé un mail de la nuit – c’était encore la journée pour elle aux U.S.A – que j’ai vu ce matin en me réveillant. Un lien vers un site people américain. Alexander et moi en faisions la une !

Alexander a vu juste hier quand nous sommes sortis de chez mes parents. Ce sont ces photos précisément qui ont été vendues aux journaux.

Assise sur mon lit, j’ai fixé l’écran de mon ordinateur et les photos pendant plusieurs minutes. Nous sommes sur la plupart en train de rire tous les deux. Ce moment où Alexander m’a taquiné pour la capuche d’Eleanore.

Sortez les mouchoirs mesdames, Alexander Wills n’est plus célibataire !

Comment la romancière Léa Lewis a conquis son cœur ?

Tous les détails et interviews exclusives de leurs proches pages 5 à 10.

 

La seule chose qui m’a un peu consolé ce matin, c’est qu’aucune photo ne laisse entrevoir le visage d’Eleanore.

Je peux supporter le fait d’être dévisagé, mais il est hors de question que son visage apparaisse dans la presse.

Après le choc, j’ai tout de suite téléphoné à mon avocat. J’ai voulu connaître les alternatives possibles si jamais cela arrivait.

Il m’a rassuré et promis de préparer rapidement plusieurs demandes de suppressions immédiates qui seront l’étape douceur. Si cela ne fonctionne pas, nous passerons par la case justice.

 

Depuis ce matin, Alexander a essayé de me joindre à plusieurs reprises, mais je n’ai pas décroché. Je n’ai pas envie de lui parler. Je suppose qu’il veut savoir comment je vais. Pour l’instant, tout ce que je veux, c’est faire le vide dans ma tête et profiter de cette heure pour passer du temps avec Eleanore.

— Mesdames, messieurs, nous allons commencer, annonce joyeusement Betty d’une voix basse et mystérieuse. Les enfants, venez rejoindre vos parents au milieu de notre cercle.

Nous nous avançons et nous mettons au bord du cercle tracé à la craie par Betty. Les enfants sont au centre. Cela les amuse d’être entouré des adultes. Eleanore me regarde en souriant. Je sais qu’elle s’amuse beaucoup ici.

C’est pour ça que, quoi qu’il arrive, je n’accepte jamais de rendez-vous à cette heure-ci le jeudi matin. C’est notre heure à toutes les deux. Un moment entre une fille et sa maman.

 

— Nous allons chanter notre chanson pour réveiller notre corps, continue Betty en donnant la main à ses voisines.

Peggy me prend la main pendant que je tends l’autre à Jay, mon voisin de droite. Avec son conjoint, ils ont une petite fille à peine plus vieille qu’ Eleanore.

Je ferme les yeux et fais le vide dans ma tête.

— Chouuuuuuuuuuu

Nous reprenons tous en chœur. La première séance a été très difficile. Impossible de garder mon sérieux. C’est pour ça que depuis, je ferme les yeux. Je préfère éviter de croiser le regard d’un autre parent car, ce serait le fou rire assuré.

— ouuuuuuuuuuuuu

Comme à chaque fois, je sens Peggy rire. Elle n’y arrive jamais. La grande avocate, qui est un vrai requin quand elle défend une affaire n’arrive pas à rester sérieuse avec cette chanson.

— Carottes.

Nous lâchons les mains.

— Navets

Nous claquons nos mains sur nos cuisses.

— Pommes de terre.

Nous tapons dans nos mains.

 

Betty n’a plus vraiment besoin de nous guider. Nous nous asseyons ensuite en cercle. Elle prend les minutes suivantes pour saluer chacun des enfants présents qui, lui réponde « bonjour Betty ». C’est très important pour elle. Elle dit que c’est un moyen de rentrer en connexion tous ensemble.

Quand vient notre tour, Peggy cache son fou rire par une crise de toux.

— Bonjour Léa.

— Bonjour Betty, je réponds en lui souriant.

Pendant qu’elle continue le tour du cercle, je sens à nouveau les regards curieux. Lorsque je lève les yeux, je croise les regards moqueurs de Gillian et son amie Rachel qui se parlent à l’oreille en ricanant. De ma place, je comprends quelques bribes de leur conversation « pour son argent » et « profiter de sa célébrité ». Elles ne nous aiment pas beaucoup depuis le début de l’année.

— Tu as vu le mari de Gillian, il est moche comme un pou. Elle doit être jalouse que tu sortes avec un homme aussi canon ! me murmure Peggy qui a suivi mon regard.

J’acquiesce distraitement. Je vais devoir apprendre à faire face à la jalousie des autres.

 

— Nous allons continuer à réveiller notre corps, lance Betty en se levant pour se diriger vers son lecteur cassettes d’un autre temps. Prenez le temps de courir dans toute la pièce.

Dancing Quenn du groupe Abba s’élève dans la pièce pendant que les enfants commencent à courir.

Pour les adultes, cela s’apparente plus à de la marche rapide qu’à de la course.

— Bravo tout le monde, nous encourage Betty. Maintenant, vous êtes un oiseau.

Je pince fort les lèvres pour ne pas rire quand je croise le regard de Peggy qui continue de se marrer dans son coin. Je tends les bras sur le côté et fais des mouvements souples comme pour battre des ailes en parcourant la pièce.

— Un danseur classique.

Les enfants ont plus de difficulté avec cette consigne. Beaucoup ont compris le mot danseur. Ils se dandinent sur la musique qui n’est pas vraiment prévue pour cet exercice précis. Karen qui est une ancienne danseuse, fait une magnifique arabesque. Et même si elle est bien protégée dans l’écharpe, elle a déposé sa main au niveau de la tête de Jenny.

D’autres s’amusent à faire des sauts.

J’ai quelques notions de danse classique - Merci Barbara ! - je fais donc quelques pas chassés en espérant que Betty change rapidement de consigne.

— Dites-moi que je rêve, crie Gillian.

Sa voix est très aiguë et couvre la musique.

 

Surprise, je me stoppe dans mon mouvement et tourne la tête où elle pointe du doigt. Alexander est dans un coin de la pièce et ne me quitte pas des yeux. Je rougis.

« Génial », je pense avec mauvaise humeur.

Lorsqu’elle le voit Eleanore se stoppe, et court se jeter dans les bras de son papa qui la réceptionne en souriant.

Les joues rouges, je regarde Betty qui semble prise de court. Elle est en train de perdre sa connexion avec le groupe. Les sourcils froncés et les lèvres pincées, elle coupe la musique. Il n’y a plus que les chuchotements surexcités de plusieurs parents.

— Je suis désolée, dis-je en m’éloignant rapidement du groupe.

Je marche rapidement en cherchant quoi dire. A sa hauteur, je l’attrape par le bras et nous éloigne le plus possible du groupe pour que notre conversation reste entre nous deux.

 

— Qu’est-ce-que tu fais là Alexander ?

Eleanore est retournée près de ses copains. Je m’arrange pour que mon visage contrarié ne soit visible que par lui. Je ne sais pas jouer la comédie comme lui.

— Comme je n’arrivais pas à te joindre, j’ai téléphoné à Jack qui m’a dit que vous étiez ici toutes les deux. Je voulais juste voir si tu allais bien. Je suis tellement désolé de t’entraîner dans tout ça.

Nos visages sont assez proches, pour n’être entendu par personne. Ses yeux ne quittent pas les miens. Je le vois qu’il est inquiet.

Je me mords l’intérieur de la joue, c’est de ma faute s’il est là.

 

Je m’apprête à lui répondre lorsque la voix de Betty résonne à nos côtés : — je suis désolée de vous déranger, mais vous perturbez mon cours. Si vous voulez rester, je vous invite à vous joindre à nous. Nous n’avons pas tellement de papa dans le groupe. Et, je suis certaine que votre petite Eleanore sera contente de partager cette connexion avec vous.

— C’est gentil à vous Betty, mais Alexander a sans doute d’autres ch…

— Avec plaisir.

Pardon ?

Les yeux écarquillés, je me tourne vers l’acteur. A quoi joue-t-il exactement ?

 

Assez contente d’elle, Betty s’éloigne pendant qu’Alexander enlève ses chaussures et sa veste en cuir. Lorsque je me rends compte que je le fixe bêtement, je baisse les yeux et m’éloigne. Alexander me rejoint rapidement et marche à côté de moi.

— Moi aussi j’ai envie de faire l’oiseau, dit-il en me souriant pendant que nous rejoignons le groupe.

Je suis un peu agacée par sa présence. Peut-être aussi jalouse de devoir aussi partager ce moment avec lui.

— Je vous propose de continuer la séance. Le papa d’Eleanore va se joindre à nous.

Lorsque Betty dit ça, je vois plusieurs personnes faire la navette entre le visage d’Eleanore et Alexander. Moi qui n’ai jamais donné l’identité de son papa, je sens que je vais devoir expliquer plusieurs choses dans les prochains jours. Mon ventre se tord d’avance.

Quelques mamans se recoiffent et vérifient leur tenue. Peggy se glisse à mes côtés.

— Tu n’aurais pas dû le lâcher dans la cage aux fauves, rigole-t-elle en me donnant un coup d’épaule complice.

— Il est assez grand pour se débrouiller, je réplique amusée malgré tout par l’image.

Betty remet la musique et nous continuons l’exercice. Nous devenons des mimes, le vent, des grenouilles. Lorsque je croise le regard amusé d’Alexander, j’ai à nouveau des difficultés à garder mon sérieux. Il s’arrange toujours pour être sur mon chemin. Malgré la taille de la salle, il n’y a pas un mouvement où je ne le croise pas.

Eleanore est contente que son papa soit là. Elle lui sourit à chaque fois qu’elle le croise et lui murmure :

— Regarde papa.

Lui lève le pouce pour ne pas perturber le cours plus que ça.

 

Au bout de quinze minutes, nous commençons la séance. Betty sépare les enfants en quatre groupes. C’est plus facile pour les faire tourner aux ateliers qu’elle a prévus aujourd’hui. Ce sont les parents qui les surveillent pendant qu’elle s’assure que tout va bien d’un atelier à l’autre.

Dans notre groupe, Eleanore passe en première. C’est toujours la plus motivée pour essayer de nouvelle chose. Elle marche en équilibre sur l’arrière d’un banc avant de glisser sous une structure. Elle se débrouille très bien. Quand elle est assez avancée sur le parcours, je fais commencer Amy que j’aide à avancer sur le banc en lui tenant la main. Lorsque Eleanore termine, elle va s’asseoir à l’arrière de la file et attend à nouveau son tour. C’est devenu une routine pour eux.

Notre groupe est composé de ses trois copains et de Jenny, la fille de Jay que nous apprécions beaucoup avec les filles. Il a toujours le bon mot à chaque situation. Il lui arrive de nous rejoindre pour prendre le goûter.

 

Alexander se tient à l’écart. A plusieurs reprises, je croise son regard que je n’arrive pas à déchiffrer.

Nous tournons dans les différents ateliers. Le dernier que nous faisons aujourd’hui et le yoga parent – enfant. Betty nous montre des figures et nous devons les reproduire.

Lorsque je lui demande s’il veut le faire avec Eleanore, Alexander refuse en me souriant.

— Je préfère vous observer Eleanore et toi.

 

Allongée sur le sol, j’écoute les consignes de Betty. Je suis un peu mal à l’aise de savoir que l’acteur ne me quitte pas des yeux.

— Les jambes pliées, les plantes des pieds au sol. Expirez et contractez le périnée tout en remontant vos genoux vers votre poitrine. Installez votre enfant sur vos tibias. Parfait, nous encourage-t-elle. Maintenant, gardez le dos droit, rentrez le menton, posez la tête sur le sol. Expirez et levez la tête en décollant les épaules du sol et redescendez sur l’inspiration. C’est très bien les parents.

Elle passe entre les parents pour corriger un mouvement ou un autre.

— C’est parfait Léa, me félicite-t-elle.

— Merci, je murmure.

Comme Karen ne peut pas faire l’exercice avec Jenny dans l’écharpe, je le refais avec Amy à la place d’Eleanore. De loin, je vois Karen discuter avec Alexander. Il lui répond sans me quitter des yeux.

 

La dernière partie de la séance est consacrée au repos de notre corps. Betty a installé des tapis de gym sur le sol et nous invite à nous y installer. Sa voix ressemble à un murmure. Alexander se couche à mes côtés. Il est couché à cheval sur deux tapis pour que nous ayons suffisamment de place pour tous les parents et les enfants présents. Nos jambes et nos mains se touchent.

— Fermez les yeux, chuchote Betty très doucement. Imaginez qu’une petite goutte d’eau tombe du ciel. Inspirez, expirez comme nous l’avons appris. Cette petite goutte tombe sur vos orteils et remonte le long de votre pied.

Malgré la présence de l’acteur, j’essaie vraiment de me relaxer. J’inspire et expire doucement.

La voix de Betty me semble très loin à présent. Je laisse mon esprit se reposer. Je me sens somnolente comme à chaque fois.

 

— Elle remonte le long de votre ventre.

Dans mon état de semi-conscience, je frisonne lorsque je sens les doigts d’Alexander frôler ma main. C’est à peine perceptible.

J’ai très envie d’éloigner ma main. Surtout que, tout le monde mis à part Betty doit avoir les yeux fermés. Je suppose qu’il agit comme ça parce que nous sommes en public. J’en veux à mon corps de réagir aussi rapidement dès qu’il me touche.

— Elle caresse votre bouche.

Je suis bel et bien revenue dans la salle, et je n’arrive plus à penser à autre chose que sa main qui touche la mienne. Ses doigts qui se promènent discrètement sur mon poignet et ma main.

— Et maintenant, tout doucement, quand vous êtes prêts à le faire, vous pouvez ouvrir les yeux.

En général, je suis la dernière à ouvrir les yeux, mais pas aujourd’hui !

Je les ouvre et tourne la tête vers Alexander pour le fusiller du regard. Déjà assis, il me regarde intensément. Une douce chaleur éclate dans mon bas-ventre en voyant ses iris enflammés.

 

Les joues rouges, je tourne la tête et me redresse. Je me recoiffe avec les doigts pour occuper mon esprit. Plusieurs mèches se sont échappées de mon chignon. Pendant que les autres reprennent peu à peu conscience du monde qui les entoure, j’enlève mes pinces une à une et libère mes cheveux qui tombent en cascade sur mes épaules.

— Tu en as oublié une, chuchote Alexander en m’enlevant une pince cachée sur le côté de ma tête.

Je frisonne au contact de ses doigts sur mes cheveux. Pour m’aider, il s’est légèrement rapproché. Son corps est contre le mien. Je sens son souffle chaud contre ma peau. Sa main reste plus longtemps que prévu dans mes cheveux. Je n’ose pas bouger. J’ai envie de m’éloigner, mais je n’ose pas. Je n’ai pas envie de faire de scène devant tout le monde.

 

— Merci beaucoup à tous pour cette séance, lance joyeusement Betty. Et merci à ceux qui voudront bien m’aider à ranger le matériel.

Je me lève très rapidement et attrape le tapis qui m’a servi de couchette. D’un pas rapide, je le conduis dans la réserve. Alexander me suit avec un second pendant que les enfants rassemblent le matériel qu’ils ont utilisé.

Il y a déjà des parents qui sont partis. Ce sont toujours les mêmes. Ceux qui jugent que comme ils paient la séance, ils n’ont rien besoin de faire. Aujourd’hui, étonnement plusieurs restent pour nous aider. C’est une grande première. Je me demande en rangeant les mousses si la présence d’Alexander n’y est pas pour quelque chose ?

— Je me suis bien amusé, me dit Alexander lorsque nous sortons pour la troisième fois de la réserve. La première partie n’est pas très différente des exercices de théâtres.

— Je suis contente que cela t’ait plu, je réponds en regardant droit devant moi.

Je me dépêche de rejoindre nos affaires pour quitter rapidement la salle. Je n’ai pas envie de voir une foule se rassembler autour de l’acteur.

 

Plusieurs parents sont en groupe dans un coin de la salle. Ils n’arrêtent pas de regarder vers nous. Gillian est à sa tête. Elle aussi est restée aujourd’hui, et a même rangé avec nous.

Les copines m’attendent plus loin. Je suppose que je ne vais pas passer outre les présentations.

— Tu ne nous présente pas ? lance joyeusement Peggy, en vérifiant que Josh ne casse rien.

Je lève les yeux au ciel.

— Alexander, je te présente Peggy, Jill, Karen et sa petite Jenny, ce sont mes amies et les mamans des amis d’Eleanore. Les filles, je vous présente Alexander, le papa d’Eleanore.

Je me mords l’intérieur de la joue en disant ça. L’information ne sera bientôt plus secrète. Je suis certaine qu’avant ce soir tout Londres sera au courant que l’acteur est le père de ma fille. Je ne pourrais plus éluder la question.

— Et son fiancé, ajoute malicieusement Alexander en déposant sa main sur ma taille.

Quatre paires d’yeux glissent directement vers l’annulaire de ma main gauche que j’ai envie de cacher dans la poche de ma veste. Veste qui est trop loin pour le faire.

 

Alexander fronce les sourcils lorsqu’il ne voit pas ma bague de fiançailles à mon doigt.

— Léa, je vois que toi aussi tu ne mets jamais de bijoux quand tu viens ici, dit Karen qui a vu le regard de l’acteur.

— Oui, j’ai trop peur de les perdre.

Reconnaissante, je lui souris. J’adore cette femme.

Les filles discutent avec lui. Je suis contente qu’elles restent elles en sa présence.

Bientôt, d’autres parents s’incrustent en prétextant une invitation à un anniversaire. Debout à côté de moi, Peggy ne cache pas son amusement.

Certaines mamans qui discutent avec nous aujourd’hui, nous ont toujours snobés. Comme si nous étions de grandes amies.

— Léa, il faut que vous veniez manger à la maison, lance Gillian.

Je ne réponds même pas et m’éloigne un peu. J’entends Alexander lui répondre poliment que nous devons en discuter. J’ai besoin de respirer. Est-ce-que notre vie sera comme ça à présent ? Ne plus savoir qui s’intéresse à nous pour nous ou pour la célébrité d’Alexander ?

Je vais chercher Eleanore qui joue avec ses copains. Ils courent dans la salle. Karen s’éloigne à son tour et marche à côté de moi. Nous allons manger toutes les quatre ensemble, comme tous les jeudis. Aujourd’hui, c’est chez Jill.

— Tu vas bien ? me demande Karen au bout de quelques secondes de silence.

Des trois, je crois que c’est Karen dont je suis la plus proche. Nos caractères sont assez similaires. C’est quelqu’un de très empathique. Elle sent directement quand quelqu’un de ne pas bien.

— Je crois que je suis un peu dépassée par les événements, je lui murmure en faisant signe à Eleanore de nous rejoindre.

— C’est normal, mais tout ira bien.

Je lui souris pendant que Jenny s’agite. C’est l’heure de manger.

— Va lui donner à manger, je m’occupe d’Amy. J’ai toujours le second siège auto dans le coffre. On se retrouve chez Jill.

— Tu es un amour.

Elle me sourit et s’éloigne rapidement en murmurant des paroles apaisantes à Jenny qui hurle à plein poumon.

 

Lorsque j’ai récupéré Amy et Eleanore, nous nous dépêchons de quitter le gymnase. Alexander marche silencieusement à côté de nous. Les deux filles me tiennent la main.

— M’a vu papa ?

— Oui ma chérie, tu étais magnifique.

J’ouvre rapidement la voiture. Il fait vraiment froid dehors. Je sors le siège auto du coffre et l’installe pendant qu’Alexander joue avec les deux filles. Quand c’est fait, j’installe Amy. Cette enfant est aussi adorable que sa maman. Eleanore est dans les bras de son papa et lui fait un câlin.

— On se voit samedi ma chérie.

Il la serre fort contre lui et dépose un baiser sur son front avant de l’installer dans son siège. J’en profite pour déposer notre sac de sport dans le coffre.

— Je suis déjà en retard, je dis précipitamment lorsque je le vois ouvrir la bouche pour me parler.

Je n’ai pas envie de discuter avec lui. Pas aujourd’hui. Pas sur ce parking.

J’ouvre la portière, m’installe, boucle ma ceinture et démarre la voiture.

Alexander s’est un peu reculé pour me permettre de sortir de ma place de parking. Il est confus. C’est la première fois que je me montre si distante et limite impolie avec lui.

Note de fin de chapitre:

C'est à nouveau moi :D

J'espère que ce chapitre vous a plu.

Je disais plus haut que ce chapitre est particulier. Particulier car il est inspiré de faits réels.

Pendant mes études, j'ai fait un double cursus institutrice maternelle/maître spécial en psychomotricité. Le chouuuuu, l'accueil avec le prénom, les ateliers, la relaxation est un mélange de mes trois années de cours et de la pratique sur le terrain.

La chanson d'accueil est aussi difficile à faire sans rire que dans le chapitre. Ma prof était un peu suscptible avec cette chanson. Je passais ce moment avec les yeux fermés pour ne pas voir les autres rire.

 

 

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