Une semaine passa avant qu’elle ne soit convoquée à sa première séance individuelle. Son thérapeute la pria de s’installer confortablement dans un fauteuil en face de lui et commença :
- Mademoiselle Deniel, votre adaptation se passe-t-elle bien ?
- Bien monsieur Trubard.
- Ces cauchemars ?
- Rien pour l’instant.
- Parfait. Hier, en réunion de groupe, vous nous avez parlé de la nuit où vous pensez avoir trouvé un homme. J’aimerais qu’on en reparle ensemble.
- Encore ?
- C’est important pour votre guérison. Il semble que cette nuit ait déclenché vos troubles.
- Bien. Un homme blessé était dans la ruelle près de chez moi. Je l’ai porté jusqu’en dessous d’un vieux lampadaire vacillant. Il s’était fait agresser et saignait beaucoup. J’avais du mal à le porter.
- Qu’avez-vous ressenti à la vue de tout ce sang ? Sur lui et sur vous ensuite ?
- J’étais angoissée, je voulais appeler des secours, mais il ne voulait pas. C’était horrible. Il en avait partout.
- Et vous ?
- Quoi moi ?
- Vous aviez aussi du sang partout en l’ayant porté.
Maïwenn resta silencieuse un instant.
- Je ne m’en rappelle pas.
- Comment est-ce possible d’après vous ?
- C’est étrange, mais je ne me rappelle pas en avoir eu sur moi.
- Voulez-vous mon avis là-dessus mademoiselle Deniel ?
- Je vous écoute.
- Cette scène est le fruit de votre imagination. C’est courant lors d’une dépression. Vous avez tout inventé et c’est pour cela que vous n’aviez pas de sang sur vous. Si cela s’était vraiment produit vous en auriez eu partout. Vous souvenez-vous d’avoir lavé des vêtements tachés de sang ?
- Non, balbutia sa patiente.
- Et bien, l’explication la plus simple est souvent la meilleure : rien de ceci ne vous est arrivé. Votre esprit a inventé cette histoire comme une soupape à vos soucis dans la vie réelle.
- Je suis complètement folle alors ! Aidez-moi à me soigner, s’il vous plaît, paniqua Maïwenn.
- Ne vous inquiétez pas, vous traversez juste une mauvaise passe. Nous allons vous remettre sur pied, mais pas sans votre participation. Vous devez balayer toute cette nuit-là de votre esprit et repartir sur de bonnes bases.
- Je suis prête docteur Trubard, assura la jeune femme.
Maïwenn passa ainsi deux semaines de plus dans cet établissement. Ses journées s’articulaient entre thérapie de groupe et séances individuelles jusqu’au jour où le docteur Trubard la convoqua à nouveau dans son bureau :
- Je crois que l’heure est venue Mademoiselle Deniel, vous pouvez rentrer chez vous. Bien sûr je ne vous laisse pas, il me semble primordial que nous nous voyons une fois par semaine pour faire le point sur votre réadaptation. Qu’en dites-vous ?
- Je me sens beaucoup mieux. Quand je pense à tout ce qui me passait par la tête, je n’arrive pas à y croire. Si vous jugez utile que nous continuions de nous voir, je suis pour aussi.
- Disons que vous avez très bien progressé, mais rien n’est encore gagné. Vous devez tenir bon et suivre votre traitement, finit-il en se levant et lui tendant la main.
- À la semaine prochaine alors docteur et encore merci, conclut Maïwenn avant d’aller faire sa valise.
La jeune femme était originaire d'un village du bord de mer. Ses parents, Alain et Madeline, tous les deux retraités, avaient tenu pendant des années l’unique boulangerie du bourg.
Pas très grand et un peu gras, Alain inspirait confiance au premier regard, tandis que Madeline était une petite boule d'énergie brune frisée à lunettes. Une fois sur place, Maïwenn posa le pied dans l'allée conduisant à leur maison et en faisant cela, elle sentit toutes les tensions s'évacuer, ces trois semaines lui avaient fait du bien.
Après avoir dit bonjour à ses parents, elle se dirigea vers la plage à quelques mètres. Le temps était magnifique et une légère brise faisait tournoyer le sable. Elle enleva ses chaussures et marcha pieds nus dans le sable qui glissait entre ses orteils. L’endroit était désert à l’exception d’une femme qui promenait son chien, un peu plus loin. Maïwenn les regarda avec attention car l'animal, un labrador noir, courrait rapidement dans sa direction avant de se stopper net à son niveau. Sa maîtresse, d'une cinquantaine d'années, portait une longue robe noire avec des broderies rouges qui flottait au vent tout comme ses longs cheveux roux. Elle s'avança vers Maïwenn et plongea ses yeux bleus sévères dans ceux de la jeune fille.
- N'ayez pas peur, il ne mord pas. Vous l'impressionnez en tout cas pour qu'il n'ose pas approcher plus près.
- Pourtant, je ne suis pas trop rassurée avec les animaux que je ne connais pas.
L'inconnue s'avança vers elle et lui tendit la main.
- Il n'y a pas qu'avec les animaux que vous devriez être mal à l’aise, dit-elle, tout en lui serrant le bras.
- Quoi ?
- Allez Esco, on y va, finit l'inconnue en s’éloignant.
Échaudée par cette rencontre étrange et par le vent qui se levait, elle écourta sa balade et passa un début de soirée paisible en famille. Elle écouta donc ses parents lui raconter leur semaine, notamment une visite à l’exposition photo portant sur la cathédrale de Quimper. À la fin du repas, Maïwenn rejoignit sa mère dans la véranda. Elle voulait lui parler de sa rupture avec Brieuc. Madeline le détestait depuis le premier jour, aussi la jeune femme s’attendait à ce que la nouvelle soit plutôt bien prise.
- Que se passe-t-il ? lui demanda froidement sa mère en la voyant s’approcher.
Maïwenn eut un tressaillement et perdit instantanément le sourire détendu qu’elle arborait jusque-là. Surprise par le ton agressif qu'utilisait Madeline, elle décida tout de même de se lancer.
- Tu vas être contente, j’ai quitté Brieuc.
Madeline détourna les yeux de sa fille et retourna à ses plantes sans rien dire.
- Il ne me traitait pas bien, tu sais.
- Ah bon. Il te frappait ? demanda sa mère sans lever les yeux.
- Non.
- Alors quoi ? Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? hurla Madeline pointant vers sa fille la paire de ciseaux qu'elle tenait dans la main.
La jeune femme eut un mouvement de recul en même temps que sa mère continuait sa phrase.
- Il est adorable, il a une très bonne situation. Avec lui, tu aurais été à l'abri du besoin., mais non, il n'est pas assez bien pour princesse Maïwenn.
- Mais qu'est-ce qui te prend ? Tu l’as toujours détesté. Il n'en avait rien à faire de moi, je le soupçonne même de m’avoir trompée. Il t'a envoûté ou quoi ?
- Envoutée, n'importe quoi. Reviens un peu sur terre ou retourne chez les fous ! Tu crois que tu peux tout avoir sur un plateau ? Il faut faire des concessions et serrer les dents. Tu crois que les hommes te courent après ? Réveille-toi. Quant à tes études de langues… Tu crois que c'est avec cela que tu vas te nourrir ? Idiote. Je l’adorais !
- Que t’arrives-t-il, je ne te reconnais plus.
- J'espère bien qu'il t’a trompée, c'est tout ce que tu mérites, finit sa mère emportée par la rage.
Son nez se mit soudainement à saigner. Puis, elle eut un vertige qui l'obligea à lâcher ses ciseaux pour se tenir à un rebord de la véranda. Elle quitta ensuite la pièce sans laisser une chance à sa fille de répondre. Alain, partit se promener dans le jardin, venait de croiser sa femme qui montait telle une furie dans leur chambre. Étonné de la voir dans cet état de colère, il décida de la laisser seule et se rendit alors auprès de sa fille.
- Ta mère ne va pas bien, elle dort très mal en ce moment et est très irritable. Ça nous bouleverse aussi ton séjour en psychiatrie. Il faut lui pardonner.
- Désolée d’avoir eu besoin de prendre soin de moi en maison de repos, papa, « maison de repos », rétorqua Maïwenn en quittant la pièce.
- Ne le prends pas comme cela, ne pars pas, demanda son père, en vain.
Toutes ces émotions avaient épuisé la jeune fille qui décida d'aller se coucher. Ce moment de la journée était toujours une source d'angoisse malgré son traitement et elle ne put alors s'empêcher de repenser à ce que lui avait dit la femme sur la plage. Quelque chose dans sa réflexion la mettait mal à l'aise. Ce n’est qu’au bout d'une heure qu’elle sentit enfin le sommeil la gagner, bercée par le roulement des vagues non loin.
Tout à coup, une main la gifla, ce qui la fit tomber dans l'herbe dense d'un bord de falaise. Prise au dépourvu, Maïwenn se releva difficilement. Elle réalisa alors être au milieu d'une ronde que formaient trois femmes qui se moquaient d'elle. La première était grande, blonde, aux yeux bleus et portait une robe verte fluide qui, au contact du vent, donnait l'impression que ses pieds quittaient le sol. La seconde, plus petite et plus quelconque, était châtain aux yeux verts perçants et toute de bleu vêtue. Elle semblait être moins sûre d’elle et regardait avec attention chaque mouvement de la troisième qui n'était autre que l’inconnue croisée sur la plage. Les trois femmes tournaient de plus belle la poussant sans qu’elle ne comprenne pourquoi.
- Arrêtez, je vous en supplie, cria Maïwenn.
- Ce n'est que le début ! rétorqua la femme de la plage en ricanant.
- Arrêtez, arrêtez ! implora-t-elle encore.
- Tu nous fais vraiment peur, ironisa la blonde.
- Cette fois-ci, ça suffit ! hurla Maïwenn.
Elle pointa du doigt cette dernière qui fut projetée au-delà de la falaise, dans le vide.
- Je suis maîtresse de mes rêves, bordel ! Laissez-moi tranquille. Je veux que vous vous en alliez maintenant, cria Maïwenn, le visage face au vent.
Dans un bruit fracassant, une fissure se forma dans le vide derrière elles. De cette déchirure sortit une immense porte de bois à deux battants.
La rousse, qui jusqu'à présent semblait jubiler, devint nerveuse :
- C'est toi qui fais cela ? ... Non... C'est impossible.
- Et bien, il faut croire que si… la preuve. Sortez de ma tête.
La porte s'entrouvrit peu à peu, aspirant vers elle les deux femmes restantes qui tentaient désespérément de résister en s'accrochant aux battants, mais elles lâchèrent prise et furent happées à leur tour.
Le bruit des portes se refermant réveilla la jeune femme.
Gelée et encore tremblante, elle descendit dans la cuisine prendre un verre d'eau et y trouva son père.
- Pourquoi tu ne dors pas ? lui demanda-t-elle.
- J'ai fait un cauchemar, je n'arrive plus à me rendormir. Et toi ?
- Pareil, je viens juste prendre un verre d'eau.
- Nous sommes des gens stressés de mon côté de la famille, tu tiens cela de moi, s’excusa presque Alain.
Elle salua son père puis retourna se coucher pour enfin s'enfoncer dans le sommeil.
Le lendemain matin, ravie de ne pas avoir fait d'autres cauchemars, elle s'étira longuement, profitant du temps libre qu'elle avait, et remonta un peu plus les draps sur elle. C'est à cet instant que le silence qui régnait dans la, maison l'interpella. Pas de radio à tue-tête ou de bruits domestiques. Pourtant, ses parents étaient toujours actifs dans un coin de la, maison. Elle descendit dans la cuisine, personne, mais un mot posé sur la table.
« Nous t'avons laissé dormir. Ta grand-mère est à l'hôpital, elle a fait un malaise, rejoins-nous dès que tu le pourras. »
Ni une ni deux, elle sauta sous la douche, s'habilla et entra dans sa voiture sans avoir même avalé quoi que ce soit.
Sa grand-mère habitait Concarneau, à environ une heure de là. Elle y vivait seule depuis la mort de son mari et, à plus de quatre-vingts ans, la fatigue se faisait sentir de plus en plus.
Comme beaucoup d'autres, Maïwenn n'appréciait pas les hôpitaux et c'est donc à contre-cœur qu'elle poussa la porte d'entrée et demanda son chemin à l'accueil. Devant la chambre qu'on lui avait indiquée, elle retrouva ses parents, la mine grave.
- Alors, comment va-t-elle ? s'empressa-t-elle de demander.
- Elle a chuté, rien de très grave, mais vu son âge... Elle était désorientée et délirait à notre arrivée. Le médecin est venu, ils vont lui donner des calmants, lui répondit son père.
Une infirmière sortit alors de la chambre. Celle-ci les autorisa à la voir, mais à la condition d'y entrer un par un. Maïwenn entra la dernière et salua Françoise, sa grand-mère, tout en s'asseyant à ses côtés. Elle n'était pas très proche de cette femme qui lui avait porté peu d'attention et qui avec le temps, était devenue acariâtre. Les cheveux blancs courts et le regard froid accentué par de nombreuses rides, elle était allongée dans son lit, visiblement affaiblie. La vieille dame lui saisit alors les mains et la regarda tendrement comme pour la remercier de sa présence.
- Mamie, tu as fait une chute, tu devrais te reposer tu sais et ne pas t'agiter comme ça.
- Mon Guide, je ne t'ai jamais oublié. J'espère que toi aussi, tu connaîtras ça Maïwenn. Il m'a laissée seule et maintenant, ils me veulent du mal.
- Papi nous a quittés il y a longtemps. Personne ne te veut de mal, au contraire, si tu es ici, c'est pour ton bien.
- Je ne parle pas de lui, idiote ! Je parle de mon Guide... Tu ne comprends rien.
- D'accord mamie, d'accord, il faut te reposer...
- Me reposer alors que vous êtes tous en danger ! dit la vieille femme en sortant de son lit.
Trop faible, elle vacilla et dut être soutenue par sa petite fille pour ne pas tomber.
L'infirmière, alertée par le bruit, entra alors dans la chambre, aida la vieille femme à se remettre au lit puis demanda à sa petite fille de sortir.
Une fois dans le couloir, Maïwenn jeta un regard vers son père qui semblait effondré. Madeline, elle, était debout à ses côtés, la main posée sur son épaule pour lui témoigner son soutien. Cependant, mis à part ce geste, elle n'avait pas l'air affectée par ce qui était en train de se passer. Depuis quelques semaines, sa mère, d’habitude enjouée, semblait devenir de plus en plus agressive et cette impression avait été confirmée la veille lors de leur dispute.
Un instant plus tard, l'infirmière ressortit de la chambre pour les informer que Françoise s'était endormie. Ils quittèrent alors l'hôpital pour se rendre là où Alain avait grandi. Sa mère allait être hospitalisée plus longtemps que prévu et avait besoin de vêtements de rechange.
Maïwenn pénétra dans la chambre de sa grand-mère alors qu'elle n'avait jamais eu le droit d’y entrer. La décoration y était quasi inexistante, mais elle remarqua tout de suite la photo de mariage sur la table de nuit. Elle regarda avec attention cette femme sublime à l'air si mélancolique même le jour de son mariage. Qu'avait-il pu lui arriver de si terrible ? s’interrogea-t-elle.
Puis elle ouvrit son armoire, impeccablement rangée et commença à fouiller.
De quoi aurait-elle besoin ? Une chemise de nuit… Qu'est-ce que c'est…
Sa main venait de buter contre quelque chose sous une pile de linge : un journal. Elle hésita un instant, mais sa curiosité prit le pas. Elle le sortit, s'assit sur le lit et commença à lire :
« Juillet 1937, ma tante vient de m'offrir ce journal pour que je puisse y écrire mes secrets et j'en ai beaucoup depuis quelque temps ! »
Referme ça, c'est privé. Remets-le à sa place, non mieux, je vais lui amener pour qu'elle se souvienne, se résonna la jeune femme.
Elle le mit dans le sac des vêtements destinés à sa grand-mère et ressortit de la chambre pour saluer ses parents. Elle voulait quitter au plus vite l’atmosphère pesante qui régnait dans cette maison, entre son père au plus mal et sa mère glaciale.
Lorsqu’elle arriva à l’hôpital, elle déposa le sac d'affaires dans un placard prévu à cet effet puis posa le journal sur la table de chevet alors que sa grand-mère semblait dormir paisiblement.
- Tu t’en vas déjà ? demanda la vieille femme en lui prenant le bras.
- Je croyais que tu dormais mamie, je ne voulais pas te réveiller, désolée.
- Je ne dormais pas, même si les médicaments m'assomment. Qu'est-ce que tu as posé là ?
- J'ai retrouvé ça dans ton armoire, je me suis dit que ça te ferait plaisir de le relire.
- Aide-moi à me relever. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas lu ce journal. C'est ma tante qui me l'a offert avant la guerre, précisa sa grand-mère tout en le prenant.
Je suis déjà au courant, se dit Maïwenn.
- Garde-le. J’aimerais que tu le lises et ensuite, tu comprendras que je ne suis pas sénile, reprit Françoise.
- Mamie non, c'est personnel.
- Lis-le je te dis, je ne sais pas combien de temps je vais rester ici et j'aimerais que tu le gardes.
- Bon, d'accord si tu y tiens, céda sa petite fille avant de prendre congé.
Maïwenn était très perturbée en sortant de la chambre, car elle ne s'attendait pas à ce que sa grand-mère lui laisse son journal. Sur le chemin du retour, son regard était régulièrement attiré par ce dernier posé sur le siège passager et elle s’imaginait déjà lire l’histoire de Françoise tranquillement sous la couette. Pourtant, à peine était-elle rentrée dans son appartement que l’on frappait à sa porte. C’était Mylie qui tenait elle aussi un livre dans ses mains.
- J’ai peut-être une explication à tes cauchemars, mais j'ai peur que tu ne sois pas prête à l'entendre, dit cette dernière en entrant.
- Mon psy m’a expliqué que c’était le stress, c’est bon.
- Tout ce que je te demande, c'est de m'écouter, précisa la voisine en s’asseyant sur le canapé. Alors voilà, c'est un livre qui a été écrit dans les années quatre-vingt par un historien. Son père était un grand scientifique pendant la seconde guerre, mais perturbé par d'affreux cauchemars qui le rendirent quasiment fou.
- Ok…Je sors d’une maison de repos alors vas-y mollo avec tes histoires, je suis encore fragile, intervint la jeune fille.
- Laisse-moi finir avant de critiquer.
- D’accord, mais fais gaffe quand même, consentit Maïwenn.
Mylie leva les yeux au ciel et reprit :
- Donc, son père tenait un journal dans lequel il notait ses rêves et à chaque fois, le même homme venait le torturer pour connaître l'avancée de ses recherches. Dans le but, d'après lui, de donner des informations à l'ennemi.
- Ne me dis pas que tu crois à cette histoire ? Quel est le rapport avec moi ?
- Je ne sais pas encore. Il explique que la plupart des Guides, comme il les nomme, sont bien intentionnés. L'écrivain s'appelle John Clerks, il est anglais, c'est une sommité du genre.
- Du genre barge ? plaisanta Maïwenn.
- Si tu te moques, j'arrête. Débrouille-toi !
- Excuse-moi, mais pour ton information je suis sous traitement car j’ai eu des hallucinations et je ne pense pas que ce genre d’histoire puisse m’aider à aller mieux, précisa la jeune femme.
- Laisse-moi au moins finir cette histoire, supplia Mylie.
- Soit, mais vite.
- Génial. Une nuit, alors que le Guide essayait de soutirer des informations au père de l'auteur, un autre homme est apparu pour le défendre. Il a aidé le père de Clerks à reprendre ses esprits pour changer les plans qu'il avait conçus. Les nuits suivantes, son père a ainsi pu donner de fausses informations. Après cela, les deux hommes ont souvent communiqué en rêve. C'est fou non ?
- C’est le mot oui. Toutes ces histoires me donnent la chair de poule, même si pour être honnête, je n'y crois pas deux secondes, s’agaça Maïwenn.
- Il faut penser au côté spirituel de la chose. Tu n'es pas encore assez ouverte. D'après lui, ce n'est pas un rêve, tu peux y communiquer comme tu veux.
- Oui, mon psy te parlerait de schizophrénie.
- Et ton psy aurait tort.
- Bref ! lâcha énergiquement Maïwenn pour conclure cette conversation qui ne lui plaisait pas du tout, j’ai trouvé le journal intime de ma grand-mère aujourd’hui.
- Intéressant ! Que raconte-t-elle de beau ? demanda sa voisine faisant mine de ne pas remarquer la diversion.
- Je n’ai lu que quelques lignes, mais ma grand-mère a insisté pour que je le lise en entier. Étrange, non ?
- Elle a dû y écrire tous les secrets de ta famille. Tu vas apprendre que ton grand-père n'était pas vraiment ton grand-père, rétorqua Mylie malicieusement.
- Arrête tes conneries !
- Il s'en est passé des choses pendant la guerre. Elle veut peut-être soulager sa conscience, qui sait. Finalement, c'est peut-être pour cela que tu fais des cauchemars, insista la quadragénaire en riant.
Après une bonne heure de divagations sur ce que sa grand-mère aurait pu faire étant plus jeune, les deux femmes décidèrent d'aller se coucher.
Encore une fois, le sommeil ne semblait pas vouloir venir et Maïwenn céda à la tentation du journal de Françoise.
Juste quelques pages, se promit-elle.
« Juillet 1937, ma tante vient de m’offrir ce journal pour que je puisse y écrire mes secrets et j’en ai beaucoup depuis quelque temps. Il y a quelques semaines, j’ai fait une rencontre étrange avec un homme, je l’ai vu ce soir au théâtre avec une autre. Louise m’a dit que nous n’étions pas du même monde, mais je m’en fiche ! Je sais qu’il y a quelque chose… »
Mylie sur ce coup-là, tu avais tort, elle aimait vraiment papi.
« Mon inconnu est apparu dans mes rêves, il est si beau et mystérieux. »
Une vraie midinette la mamie, il hantait même ses rêves.
« Il m'a donné rendez-vous à la cathédrale. Ce n'était qu'un rêve, je n'y croyais pas, mais j'y suis allée quand même. Henry était là aussi, j'étais déçue ! Mais au détour d'un pilonne, je l'ai vu. On est monté dans sa belle auto et il m'a conduite à l'écart de la ville... »
Attends une minute, c'est quoi ces conneries… Henry, c'était papi, donc l'autre, qui est-ce ? Elle s'est fait embobiner par un détraqué ou quoi ? réalisa Maïwenn.
« ... Il m'a expliqué pourquoi je le voyais dans mes rêves, mais c'est un secret entre lui et moi. Il m'a même interdit de l'écrire quelque part. J'ai eu du mal à y croire, mais je ne peux pas douter de lui ... »
Maïwenn ferma le journal d’un seul coup, pétrifiée par ce qu’elle venait de lire. Elle conclut alors que ses médicaments la rendaient trop fragile et décida d’enfermer le livre dans un des placards du hall d'entrée, comme si ce geste pouvait le lui faire oublier. Bien sûr, il n’en fut rien. Elle tourna et vira plusieurs heures sous sa couette, ressassant encore et encore cette histoire étrange, à tel point qu’elle n’avait plus vraiment envie de connaître les détails de la vie de Françoise. À presque cinq heures du matin, elle parvint tout de même à s'endormir.
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Notes d'auteur :
Tout est dans le titre :-p
Note de fin de chapitre:
Voilà voilà, j'espère que cette suite de l'histoire vous plait :-)
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