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Notes d'auteur :
Bonjour !
Le nouveau thème est "chorale" et je crois que pour une fois il est bien intégré - ne vous y habituez pas XD
Bonne lecture !
Augustine était quasiment certaine d’atterrir dans l’eau glacée d’un matin de décembre mais à la place son dos rencontra un bras musclé qui la retint en attendant qu’elle retrouve son équilibre. Elle remercia son sauveur d’un sourire.
– Ça va, qu’est-ce qui vous est arrivé ? s’inquiéta Frédéric Boiset. Vous ne tenez plus sur vos pieds ?
L’inspectrice plissa les yeux et examina le sol. Elle était certaine d’avoir senti une main sur son épaule avant de perdre l’équilibre, et il n’y avait personne d’autre que le jeune homme. Ce devait être lui, rien d’autre n’était possible. Un comble qu’elle devait se faire rattraper par quelqu’un qui avait tout intérêt à ce qu’elle tombe et se noie… Cela l’arrangerait bien, puisqu’il venait d’avouer des vols de vélos devant elle. Il n’avait certainement pas envie que cela ne s’ébruite. Alors, pourquoi l’avait-il rattrapée juste après ?
– Tout va bien ? Hugo arrivait, légèrement essoufflé. J’ai cru te voir tomber ! Merci beaucoup, jeune homme.

D’un seul coup, Augustine comprenait beaucoup mieux. Il avait pris peur en voyant un autre policier arriver et être témoin. Et puis il fallait lui laisser le bénéfice du doute puisqu’elle aurait très bien pu glisser sur le miel et pas être bousculée. Maintenant qu’elle y pensait, elle ne pouvait plus dire exactement si elle avait senti la main sur son épaule avant ou après qu’elle était tombée… Rah ! Ça l’embêtait. Si on ne pouvait même pas se fier à ses propres souvenirs !
– J’aurais préféré que vous me remerciez vous-mêmes mais je vois que vous avez un collègue bien dressé, lui sourit Frédéric d’un air moqueur.
L’inspectrice n’en crut pas ses oreilles.
– Je ne vous permets pas ! s’indigna Hugo mais fut coupé dans son élan par une autre personne qui arriva en courant.
– Frédéric ! Tu ne saurais pas où est Jacques ? Je le cherche partout, il m’a promis de m’aider avec les petits. Ah, bonjour madame l’inspectrice, monsieur l’officier.
Isabelle Mancheau se tenait devant eux, à peine surprise de les voir, et visiblement en pleine panique. Son manteau était ouvert comme si elle avait trop chaud dans ce froid samedi et ses joues étaient rouges. Sous le bras, elle portait un paquet de feuilles colorées.

– L’opéra est encore fermé, je dois trouver une solution pour la chorale des petits très rapidement. Du type maintenant ! Vous avez des idées ? Qu’est-ce que vous faites tous dans ce coin d’ailleurs ? Enfin, peu importe, si Jacques n’est pas là, tu peux m’aider, Fred ?
Augustine cligna des yeux. Elle n’avait pas du tout l’impression d’avoir la même personne sous les yeux que la veille. Mais si c’était là la véritable personnalité d’Isabelle Mancheau, elle comprenait pourquoi Geneviève Croiset avait eu du mal de l‘incarner. Ou alors si c’était bien Isabelle Mancheau, ce devait être le choc qui l’avait rendu plus calculatrice la veille. Ou alors, non elle ne savait plus quoi penser. Y avait-il eu un échange ou non ? Isabelle était-elle Isabelle ou Geneviève ? En tout cas, Frédéric, l’ami de Geneviève, n’hésitait pas une seconde pour l’appeler Isabelle. Et lui devait le savoir, non ?
– Isabelle, calme-toi. Et ce n’est pas parce que Jacques ne sait pas dire non, que c’est aussi mon cas. Je n’ai aucune attention de me casser les oreilles en essayant de garder concentrer des gamins de six ans.
Augustine craignit le pire quand sa suspecte principale se tourna vers elle avec un air désespéré. A côté d’elle, elle voyait Hugo trembler pour son déjeuner.
– Mais vous pourriez m’aider, non ? Je suppose que vous voudriez m’interroger de nouveau de toute manière alors vous pouvez tout autant m’aider en attendant que j’ai un peu de temps. Vous voyez, cette chorale c’est mon bébé musical. Geneviève ne s’y est jamais intéressée davantage que pour le critiquer. Venez. Et Fred, si tu vois ton meilleur ami, tu me l’envoies, hein.

Augustine, déjà prête à sortir son calepin pour y inscrire des consignes et surtout sa découverte, s’arrêta en plein mouvement quand le jeune homme éclata soudainement en sanglots. Elle n’avait pas du tout pensé qu’il puisse être aussi émotif. C’était quand même un voleur en série ! Et il avait été si… normale quand elle lui avait parlé. Même quand ils avaient évoqué Geneviève Croiset. Mais apparemment il était tout d’abord un jeune homme dont la meilleure amie avait été tuée. Elle se sentit un peu honteuse. A quel moment avait-elle oublié ce détail ?
– Comment tu peux être si détachée, c’était toujours Genie, Jacques et moi, sanglota-t-il. Comment peux-tu penser à ta chorale maintenant ?!
Mais Isabelle avait aussi déjà les larmes aux yeux et plaça ses feuilles dans les mains d’un Hugo éberlué, avant de prendre l’ami de sa cousine dans les bras.
– Mais non, j’essaye juste de refouler. Il y a tellement de choses à faire… Si je me permets de penser, rien ne va fonctionner. Surtout que papa est dans un tel état, il faut que je m’occupe de tout.
Augustine se sentit vraiment gênée et échangea un regard avec Hugo. Mais ensuite la partie pragmatique de son esprit reprit le dessus et elle profita de l’inattention des deux témoins voire suspects pour écrire à son collègue.
« Derrière la porte côté fleuve de l’opéra, il y a les vélos volés. Probablement ceux que cherche Léonard. Frédéric Boiset a avoué face à moi. Lui et ses deux meilleurs amis Jacques Henri et Geneviève Croiset (la victime de mon enquête actuelle) sont les responsables. Demande que l’intervention sur les vélos soit repoussée à la fin de mon enquête sur le meurtre. Je continus d’interroger I. Mancheau, toi retourne au poste. »
Les yeux de Hugo s’écarquillaient pour atteindre une taille qu’elle ne s’imaginait pas qu’ils puissent atteindre. Lui qui n’avait pas cru qu’il y avait une porte était véritablement surpris. Mais pour ne pas commenter cela à voix haute, il se contenta de hocher la tête et de mettre la feuille arrachée du bloc-notes dans sa poche.

– Je suis désolé, renifla Frédéric.
– C’est moi qui suis désolée. Mais tu devrais te reposer, essayer de penser à autre chose. Tu ne peux plus lui aider, si ce n’est en t’occupant de ce qu’elle aimait.
– Vous voulez que je vous ramène chez vous ? proposa Hugo de sa voix aimable de petit papi. Je dois penser à rentrer mais un détour est vite fait.
Augustine réprima un sourire. Evidemment qu’il allait profiter du fait qu’elle l’ait renvoyé au poste pour aller manger chez lui, et si elle était honnête, elle ne pouvait pas le lui reprocher, sa femme cuisinait merveilleusement bien.
– Oui, merci, accepta le jeune homme en se mouchant dans un mouchoir mis dans sa main par la cousine. Je ne pense pas qu’ici je puisse faire quoique ce soit…
– Prends soin de toi, cria Isabelle derrière lui avant de se retourner vers Augustine. Je m’inquiète pour lui, ils sont quasiment inséparables depuis la sixième, et pas par obligation familiale. Merci beaucoup pour votre aide. Venez, les enfants doivent déjà attendre devant. Vous chantez ?
L’inspectrice la fixa avec de grands yeux. Elle croyait vraiment qu’elle chantait ? Elle secoua la tête. Evidemment que non, elle ne chantait pas plus qu’elle ne parlait, merci bien. Elle accompagna néanmoins Isabelle Mancheau vers le groupe de jeunes enfants avec leurs parents qui s’était formé devant le bâtiment.
– Bon, je vais voir ce que je vais faire de vous. Avec un peu de chance, votre uniforme suffira pour les faire taire. Vous savez diriger au moins ? Ou lire des notes ?
Augustine regretta déjà d’avoir accepté. Elle lui paraissait très fatigante maintenant qu’elle était dans son élément. Au moins, vu l’élan et l’engagement pour cette chorale qu’elle montrait, il était invraisemblable qu’elle soit Geneviève ce qui était rassurant. A moins qu’elle ne joue très bien son rôle ce qui n’était pas exclu non plus. Elle devait arrêter de penser à toutes ces possibilités, sinon elle finirait par avoir des nœuds dans le cerveau. Elle secoua la tête – d’où elle pourrait savoir diriger une chorale – puis la hocha – son père avait insistait pour qu’elle apprenne à jouer du piano puis de l’orgue pour l’église même si cela n’avait pas été couronné de succès, la musique n’était pas son point fort.

– Désolée du retard ! lança Isabelle au groupe qui attendait. Malheureusement le bâtiment est fermé à cause d’une explosion hier soir. Voici l’inspectrice Pinson chargée de l’enquête. Je vous propose de ne pas répéter aujourd’hui mais de directement chanter ici sur la place, voir même de passer dans les rues. Pour cela j’ai besoin de l’autorisation de vos parents.
Le groupe entier se pressa autour d’Isabelle pour lui poser des questions ou lui assurer du soutien pour son projet. Certains parents, particulièrement curieux, se rapprochèrent d’Augustine pour lui poser des questions sur l’origine de l’explosion. L’inspectrice était mal à l’aise, elle détestait ce genre de situation où elle devait s’adresser à un groupe de personnes. C’était toujours plus compliqué que de tendre un papier vers une seule qui pouvait lire à son rythme. Elle se contenta donc de lever les mains et de secouer la tête comme si elle ne pouvait rien leur dévoiler – bon c’était le cas mais pas comme ils se l’imaginaient. Heureusement la plupart ne semblaient pas vouloir insister.
– C’est à cause de la mort de Geneviève Croiset ? cria pourtant une jeune femme par-dessus les parents. La presse locale doit être au courant. Est-ce vrai que la soliste de l’orchestre symphonique a été tuée lors de l’explosion ?
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