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Notes d'auteur :
Bonjour !
Pour ce chapitre au thème de "tasse", bonne lecture !
(quoi vous vous attendiez à une phrase plus intéressante ?)
L’intervention de Hugo laissa place à un blanc dans le petit bureau. Augustine haussa les épaules, tandis que Léonard avait arraché le papier des mains du chef pour voir de ses propres yeux pourquoi il avait été affecté à un autre dossier. Le chef lui-même s’était levé d’un bond.
– Hugo ! Depuis quand entres-tu dans mon bureau sans frapper ? Surtout pour une telle banalité ! Dehors, tout de suite, ou tu feras de la bureaucratie pendant deux mois !
– Désolé, désolé, s’excusa le policier, penaud, et s’éclipsa aussi rapidement qu’il était venu.
En attendant, Léonard avait retrouvé usage de sa parole. Il sortit à la suite d’Hugo en marmonnant dans sa barbe inexistante.
– Je me demande vraiment comment tu fais…
Malheureusement pour lui, Augustine entendait très bien, mais ne connaissait pas non plus la réponse à sa question. De la chance, elle dirait, surtout de la chance. En fait, elle dirait même qu’elle n’avait même pas encore commencé à réfléchir. Ce qui la menait au point problématique de l’enquête : pourquoi tout tournait autour de Geneviève Croiset ? Si ce n’était peut-être même pas elle, la morte... Elle devrait peut-être aussi trouver quelque chose sur Isabelle Mancheau. Le nom de ses amis, ses activités, n’importe quoi qui pourrait justifier que quelqu’un la tue ! Qui est-ce qui lui avait mis cette idée d’échange en tête en réalité ? La cravate manquante, l’attitude de celle qui s’était présentée comme Isabelle Mancheau, une remarque de quelqu’un qu’elle avait interrogé. C’était très peu pour fonder cette impression, non ? Et en face, elle avait plusieurs personnes qui n’hésitaient pas à interpeller la vivante d’Isabelle et qui ne disaient n’avoir rien remarqué d’inhabituel. A moins bien sûr que c’était ses questions qui avaient donné une certaine lumière à l’enquête. C’était compliqué et il fallait davantage d’information.

– Tu comptes rester dans mon bureau encore longtemps ? l’interrompit le chef. Allez, allez, au boulot !
Augustine fixa quelques secondes l’homme derrière sa table puis se rappela où elle était. D’un signe de tête, elle quitta la pièce pour se diriger vers son propre bureau. Hugo avait déjà poussé les montagnes de dossiers de la table – il les avait placés par terre comme si c’était le meilleur endroit – et sorti les baguettes achetées juste avant.
– C’est l’heure du déjeuner ! se réjouit-il en voyant Augustine.
L’inspectrice dévisagea l’état déplorable de son bureau. Et elle qui avait juste envie de réfléchir tranquillement pour dénouer les problèmes et pour savoir dans quel sens aborder les entretiens restants. Mais quand Hugo lui adressa un grand sourire en plaçant des tasses de café sur la table, elle comprit qu’elle n’allait pas lui échapper. Tant pis, elle commencerait quand même à faire une petite liste.
« Bon appétit » signa Augustine en enlevant sa veste puis en se saisissant de son calepin.
– Bon appétit ! Hugo n’hésita pas une seconde avant de se jeter sur son sandwich.

Augustine haussa un sourcil devant tant de gourmandise et commença par sa réflexion.
« Si la morte est Geneviève Croiset :
– Isabelle Mancheau : jalousie
– Bénédicte Mancheau : motif inconnu
– Sophie Verçon : jalousie
– Frédéric Boisot : amour déçu ?
– Jacques Henri : ?
– Jean Bois, peut-être petit-ami ? : motif inconnu
Si la morte est Isabelle Mancheau :
– Geneviève Croiset : vengeance ?
– Bénédicte Mancheau : motif inconnu
– Sophie Verçon : aucun motif
– Frédéric Boisot : par peur qu’elle ait découverte les vols de vélos ?
– Jacques Henri, relation à découvrir : par peur qu’elle ait découverte les vols de vélos ? »
Elle n’avait vraiment pas assez d’informations sur la cousine officiellement vivante. Et il lui en fallait davantage sur la famille Mancheau-Croiset en général. N’y avait-il pas aussi un petit frère ? Tant de possibilités…

– Tu sais quoi ? l’interrompit Hugo. Tu devrais manger quelque chose, tu n’as rien avalé d’autre qu’un café ce matin. Tu réfléchiras beaucoup mieux le ventre plein. Et je t’assure, le boulanger d’en face, il fait les meilleurs sandwichs de la ville.
Augustine se saisit du sien et mordit dedans à contre-cœur. Les enquêtes de meurtre lui coupaient toujours l’appétit mais elle savait bien qu’Hugo avait raison. Et de toute façon, elle n’avait plus rien à noter. Elle avait prévu de manger maintenant dès le début.
– On va voir les Mancheau en famille, c’est ça ? Et si j’ai bien compris en devrait aussi retrouver l’ami de la cousine. Comme je te connais tu voudras immédiatement continuer et rendre visite à d’autres personnes qui n’ont été évoquées qu’une seule fois, n’est-ce pas ?
L’inspectrice leva les yeux au ciel mais ne le nia pas. C’était à peu près le plan, oui. Une autre pensée bien plus importante lui traversa la tête et elle fit une pause dans son sandwich pour l’écrire.
« Qu’est-ce qui est arrivé à l’autre, celui que tu voulais ramener, en fait ? »
– Pose pas de question, mange. Ah, il a dit qu’il n’avait pas envie de revoir Isabelle parce qu’elle lui faisait trop penser à Geneviève et qu’il rentrerait à pied. Je suppose que c’est ce qu’il a fait.
Augustine espérait cela très fort. Est-ce que ce commentaire impliquait peut-être un éventuel échange et alors pourquoi serait-il si triste pour Isabelle ? Il fallait qu’elle interroge les membres de la famille séparément. Par contre, elle commençait à en avoir assez des conseils bienveillants de son collègue. Elle prit une gorgée de café dans sa tasse. Concentration sur l’enquête.

Une heure plus tard, ils se retrouvèrent de nouveau attablés avec une tasse de café à la main. Les Mancheau face à eux semblaient être dans un état terrible. A peu près l’état que l’on s’imaginait quand on savait que l’une de leurs enfants avaient été assassinée. Le père Bénédicte fixait un point du mur en semblant penser à complètement autre chose, la mère Comment-est-ce-qu’elle-s’appelait-déjà sanglotait toujours encore derrière son mouchoir, le frère Jérémie, qui devait déjà bien avoir vingt ans aussi, affichait un air sérieux du jeune homme qui ne voulait pas pleurer en public. Seule Isabelle essayait d’afficher un semblant de normalité et avait insisté pour servir du café. Au fond, Augustine préférait quand les personnes qu’elle voulait interroger ne montrait pas trop leurs sentiments, c’était tellement plus facile de simuler de grosses larmes qu’une peine refoulée. Et au moins personne ne s’attendait à ce qu’elle les rassure. Même si là, en l’occurrence, c’était Hugo qui s’en chargeait merveilleusement bien. Et dans quelques minutes quand l’agitation causée par leur venue sera retombée, elle leur poserait des questions qui allaient peut-être remettre en perspective les réponses précédentes. Hugo demanda à ne parler qu’aux parents et les deux enfants – adultes aussi – étaient partis en lançant des regards suspicieux.
« Est-ce que vous pouvez nous parlez de ce qui s’est passé hier soir à la fin de la répétition, Monsieur Mancheau ? » C’était une question classique qu’Hugo répéta à haute voix puisqu’il ne semblait pas vouloir regarder le petit calepin.
– Mais vous le savez déjà ! Je vous l’ai dit, explosa Bénédicte Mancheau soudainement. Je suis allé aux toilettes et j’y ai trouvé ma pauvre Genie ! C’est horrible et je veux que vous retrouviez le coupable !
– Vous vous êtes peut-être souvenu d’un détail ? tenta Hugo. Nous faisons tout notre possible mais nous avons besoin d’informations.
– Non, il n’y a rien de plus, s’entêta le père endeuillé.

Augustine haussa les épaules quand son collègue la regarda. Ils n’en tireraient rien même s’il avait vu quelque chose mais en même temps elle en doutait. Evidemment, s’il n’avait croisé personne cela pouvait aussi l’accuser. Il n’y avait aucune raison de le croire quand il disait avoir trouvé Geneviève morte. Cependant cela ne semblait pas coller avec l’autopsie. Le chef d’orchestre était bien plus fort que sa nièce…

« Est-ce que vous connaissez des ennemis à votre nièce ? »
– Non, tout le monde aime Genie.
« Est-ce que vous pouvez nous parler de votre famille, votre nièce, votre fille, leurs amis, leur relation entre elles ? Vous aussi, madame. »
Augustine ne se faisait pas beaucoup d’espoir si ce n’était d’en apprendre davantage sur Isabelle et ses amis. Mais le résultat de la question surpassa ses attentes.
– D’où vous sortez cette idée que c’est Isa qui a tué Genie ?! C’est faux ! s’énerva le père de famille en se levant d’un bond. Elles se sont toujours très bien entendues, ce sont mêmes les meilleures amies du monde. Je peux vous donner des centaines d’exemples quand elles se sont entraidées. Par exemple la semaine dernière Isa a couvert que Genie n’est pas rentrée de la nuit. Si ça, ce n’est pas de l’amitié !
– Nous n’avons rien dit de tel, calma Hugo. Nous voulons simplement savoir qui avait un motif, ou si vous avez remarqué un changement de comportement récemment.
Augustine fronça les sourcils. Si même le père d’Isabelle la pensait capable d’un tel acte, y avait-il encore place au doute ? Et qu’essayait-il de leur cacher ?
– Ils ont raison, osa enfin Madame Mancheau. Ecoute, Bénédicte, dis-leur simplement que tu as croisé Jacques qui revenait des toilettes. Et tant pis si ça rend triste Isabelle. Elle ne peut pas sérieusement aimer le probable meurtrier de sa cousine…
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