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Notes d'auteur :

Bonjour !
Ici, le thème est "pointe" et je suis assez fière de l'avoir utilisé ^^.
Bonne lecture !

Le dimanche soir, Augustine eut enfin le droit de rentrer chez elle. Elle passa évidemment d’abord au poste pour laisser une note indiquant qu’elle voulait voir Isabelle Mancheau au plus tôt le lendemain. Ce n’était pas la peine de perdre du temps, maintenant qu’elle était venue à la conclusion qui était le coupable. Evidemment, il n’y avait pas encore de preuves réellement accablantes, juste des suppositions et de la déduction à partir de témoignages et entretiens. Personne n’avait vu Isabelle commettre le crime mais personne ne l’avait vu ne pas le faire non plus. L’inspectrice était convaincue de sa culpabilité et surtout du fait qu’elle allait pouvoir lui extorquer des aveux. Elle cèderait facilement si elle croyait qu’elle avait des preuves contre elle.
Elle ressortit tout aussi rapidement qu’elle était entrée. Sur les marches sur lesquelles elle était tombée environ vingt-quatre heures plus tôt, elle faillit rentrer dans Hugo. Elle s’arrêta brutalement et cligna des yeux. Mais…
– Ah, Augustine, son collègue la prit de court. Pourquoi ça ne m’étonne pas de te voir ici ? Tu as enfin réussi à t’échapper ?
L’inspectrice hocha la tête puis lui jeta un regard de travers. Que faisait-il là ? Hugo n’était pas du tout le genre de personne qui sortait un dimanche soir pour se rendre au travail alors qu’il était en weekend.
– Moi ? Euh, en fait, comment dire ? J’ai peut-être reçu une lettre à la maison qui disait que tu étais en danger. Alors je t’ai cherchée. A l‘hôpital, on m’a dit qu’ils venaient de te laisser partir, et il n’y avait personne chez toi. Il n’y avait qu’un seul endroit où tu pouvais être.
Elle haussa les épaules et lui fit signe d’entrer dans le couloir. Là au moins, il y aurait de la lumière et elle pouvait répondre. Hugo lui emboîta le pas et Augustine vit enfin l’air inquiet sur son visage. Elle leva les yeux au ciel. C’était ridicule de s’en faire pour si peu.
« Une lettre de qui ? »
– Elle est signée Frédéric Boisot…
Augustine eu une soudaine envie de rire. C’était tellement absurde. Comme si Isabelle Mancheau essayait d’attirer l’attention sur quelqu’un d’autre. Encore. Comme pour la deuxième explosion. Et là aussi la faute avait été rejetée sur ce pauvre Frédéric. S’il fallait une preuve que c’était Isabelle derrière tout cela et non Geneviève, la voilà.

– Tu crois que c’est lui le coupable ? Je veux dire, tu as déjà échappé à deux explosions alors la menace me paraît crédible. Et ne te donne pas cet air blasé, ça ne te va pas. Je sais très bien que tu réfléchis déjà à toutes les possibilités.
Pour une fois que ce n’était pas le cas… L’inspectrice haussa les épaules. Elle n’était pas visée par les explosions, elle en était quasiment certaine. Les explosions avaient été trop faibles pour être réellement dangereuses. Enfin, plutôt, la première avait été trop remarquable pour ne pas être évitée et la deuxième n’avait en aucun cas le but de tuer quelqu’un. Ou alors elle avait été complètement ratée. De toute manière, si la personne prévenait avant de mettre ses menaces à exécution, il devait y avoir autre chose derrière.
« Il faudrait être idiot pour signer une telle lettre de son propre nom. Je pense plutôt que c’est une énième tentative de faire croire qu’elle n’est pas coupable. »
– Elle ?
« Isabelle Mancheau. »
Hugo ouvrit la bouche comme pour répondre mais aucun son n’en sortit. Il resta quelques instants comme une carpe puis la referma sous le regard railleur d’Augustine. Elle désigna la porte comme pour demander s’ils pouvaient y aller.
– Tu ne veux même pas savoir ce qui était écrit dans la lettre ? Si tu dois t’attendre à une nouvelle explosion ou autre chose ? D’ailleurs comment elle a su où j’habitais ? Et toi ? Parce que ton adresse était dans la lettre aussi. Comme le lieu qui allait exploser en prochain…
« Grâce aux Pages Jaunes évidemment. » Augustine était désespérée. Ne pouvait-il pas réfléchir calmement aux faits pour une fois ?
– Mais ce n’est pas tout, s’inquiétait encore davantage Hugo devant son calme. Dans la lettre… il y avait une pointe de flèche !
« Une pointe de flèche ? » Elle haussa les sourcils. C’était complètement absurde. Encore plus que l’accusation de Frédéric. A moins qu’il ne fasse du tir à l’arc en tant que loisir… Mais si la pointe était chez eux, ils ne risquaient plus grand-chose. Après tout, une flèche avait besoin de sa pointe pour voler correctement. Mais Hugo prenait cela vraiment au sérieux.
– Oui, une pointe de flèche, une bien pointue. Comme d’une vraie arme. Je crois qu’on peut tirer très loin avec ça…
« Tu veux qu’on aille voir Frédéric Boisot pour lui demander ? » proposa-t-elle en se passant une main dans les cheveux. La réalité était qu’elle n’avait aucune envie de faire ça mais au moins elle pourrait lui poser d’autres questions sur ses amis par exemple.
– Ce n’est pas un peu tard pour ça ? hésita Hugo. Si tu crois que ce n’est pas lui de toute manière…
Augustine avait l’impression que c’était son collègue et non pas elle qui avait reçu un coup contre la tête. Depuis quand les horaires lui posaient problème ? Cela l’agaçait un peu, là. Elle avait autre chose à faire… ou pas d’ailleurs. Elle lui adressa un léger sourire. Après tout il ne s’inquiétait que pour elle.
« Soit on y va, soit on rentre. C’est aussi simple que ça. » Il n’y avait pas cinq possibilités vue la situation. Hugo hocha doucement la tête.

– Allons-y alors.
L’inspectrice n’y croyait presque pas, mais Hugo lui désigna sa voiture et quelques minutes plus tard ils étaient devant l’immeuble où habitait Frédéric Boisot. Son collègue appuya sur le bouton de sonnette correspondant et le jeune homme les invita à monter d’une voix enrouée. Il avait les yeux encore plus rougis que le matin et Augustine semblait apercevoir des montagnes de mouchoirs usés à travers la porte entrouverte de la chambre. Ce n’était pas mieux dans le salon où Frédéric essayait de cacher l’état déplorable de son appartement.
– Vous avez trouvé le meurtrier ? demanda-t-il enfin d’un air suppliant. S’il-vous-plaît, vous avez le droit de me le dire, non ?
Augustine fit une moue. Elle n’avait pas prévu de le lui révéler pour éviter que l’information ne fuite ou pire, que la coupable ne fasse des choses irréfléchies en pensant qu’elle n’avait plus rien à perdre. Elle échangea un regard avec Hugo. Ils avaient eu la même idée. Le policier posa l’enveloppe qu’il avait reçu sur la table.
« Probablement l’auteur de cette lettre vous ne pensez pas ? »
– Mais… C’est mon nom ! Je dirais même que c’est mon écriture…
– C’est vous qui avez écrit cette lettre alors ?
– Bien sûr que non… Quel serait l’intérêt ? Je veux que vous trouviez l’horrible personne qui a tué ma meilleure amie ! Pourquoi vous menacer dans ce cas ?
« Vous faites bien du tir à l’arc, non ? » changea de sujet Augustine.
– Oui…
« Est-ce qu’une de vos flèches était cassée ces derniers temps ? »
– Plusieurs même. Et c’est étonnant parce que je viens de les acheter. Mais quel est le rapport avec la lettre ? Vous permettez que je la lise en entier ?
Augustine lui fit signe que c’était tout à fait souhaitable et attendit patiemment – chose qu’on ne pouvait pas dire de son collègue. Il essayait de le cacher mais Augustine entendait son pied bouger.
– Oh, je vois. Puis-je voir la pointe de flèche ? Je pourrais peut-être dire quand je l’ai utilisé pour la dernière fois…
Hugo la lui tendit et le jeune homme l’examina longuement en reniflant quelques fois.
– Je vous ai trop promis. Elle a été abîmée sciemment pour ne pas être reconnaissable. D’habitude il y a toujours un numéro de série dessus mais regardez-là…
« Est-ce que vous connaissez quelqu’un qui sait imiter les écritures ? »
– Si vous voulez parler de quelqu’un qui m’a déjà fait la blague de refaire mon écriture, il y a Eva, vous savez la fille de Sophie. C’est très gênant puisqu’elle vient tout juste d’apprendre à écrire mais elle a une mémoire quasiment photographique c’est extrêmement perturbant. Et puis il y a Isabelle bien sûr. Elle écrivait souvent les devoirs de Geneviève donc j’imagine qu’elle doit bien savoir écrire avec une écriture différente…
Cela se défendait tout à fait. En tout cas, rien de tout cela ne contredisait ce qu’elle avait supposé. Hugo rassura encore Frédéric puis ils le saluèrent. Ils ne voulaient pas s’attarder davantage…
Les deux policiers descendirent lentement. La peine de ce témoin était tellement grande et accablante. Hugo s’en voulait probablement de l’avoir dérangé, Augustine le connaissait assez bien pour le savoir. Mais au moment où elle voulut le saluer, il lui fit part de ses inquiétudes restantes.
– Je serais quand même plus rassuré si tu dormais chez nous cette nuit…
Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre ?! Augustine n’en croyait pas ses oreilles. C’était complètement ridicule. Quoique… Peut-être qu’elle pouvait se faire inviter à manger, les repas à l’hôpital avaient été atroces même à son niveau.
« Si vous n’avez pas encore mangé, je pourrais éventuellement te concéder ce point… »

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