Journal de bord de Liz Hope du dimanche 11 décembre 2112.
Dans quoi est-ce que je me suis encore embarquée ? Pourquoi est-ce que cela devait tomber sur moi ? Oui, je sais, parce que la vie est injuste. Mais ce ne serait pas trop demandé d’avoir quelques explications logiques ? Je vais finir par croire à cette histoire de karma que Polly essaye tout le temps de faire croire à François. Parce que bon une histoire de réincarnation est beaucoup plus facile à croire quand on peut séparer son esprit de son corps et qu’on a des coéquipiers qui respectivement crachent du feu, créent des éclairs dans leurs paumes et sont tellement rapides qu’on n’arrive pas à les suivre des yeux. Parce que oui, en plus de ne pas avoir des têtes de zombies, Amaniel et Tizita ont des super-pouvoirs vraiment classes. Je disais déjà que la vie était injuste ?
En attendant, je n’ai toujours pas trouvé un moyen d’utiliser mon pouvoir de manière offensive. Je veux bien aller espionner pour recevoir des informations mais apparemment les autres préfèrent une méthode plus offensive d’aborder le problème. De quel problème je parle ? Alors là, aucune idée. On peut aller sauver la Terre, mais nous expliquer d’où vient le souci et ce qu’on doit faire pour, c’est tellement démodé qu’ils disaient. Oui, je suis donc allée espionner mon propre côté.
Selon ce que j’ai entendu dans la salle de contrôle, l’activité humaine sur la planète est tout à fait normale et rien n’a des traces d’une catastrophe survenue il y a quarante-deux ans qui aurait expliqué la Grande Fuite. Grande Fuite qui n’est visiblement pas si grande puisqu’il y a encore environ cinq milliards d’humains sur la Terre. Il est donc probable que notre existence toute entière soit bâtie sur des mensonges. Karen ne se souvient de rien de concret d’ailleurs, ce qui n’est pas étonnant vu que j’ai trouvé la fiche technique d’un troubleur de souvenirs dans la base de données de Schoclacho. Cela ne m’étonnerait pas que quelqu’un en ait utilisé un sur Karen avant qu’elle ne monte à bord…
D’ailleurs, les bases de données confidentielles de chez eux sont premièrement vraiment intéressantes par rapport au passé et deuxièmement faciles d’accès. Je n’ai même pas eu besoin de sortir le deuxième clavier pour contourner la sécurité. Espérons que personne ne saura rien, ce serait bien ma veine que cela soit compté comme une déclaration de guerre entre mugs – mais je ne crois pas, la docteure Larissa a dit que je pouvais chercher les informations que je voulais quand je l’ai fixée dans les yeux en lui demandant des explications. Peut-être qu’elle n’aime pas les explications mais moi si.
Enfin voilà ce que j’ai trouvé : les mugs ont décollé pour sauver l’humanité au cas où une expérience – encore indéterminée – échouerait et rendrait la Terre invivable. Sympa, n’est-ce pas ? Surtout quand on pense à toutes les êtres vivants qu’on n’a pas demandés… Enfin, visiblement – d’après ce que j’ai vu et entendu dans la salle de contrôle – l’expérience a réussi. Je me demande bien ce que ça pouvait bien être. Certainement un truc imbécile qui vise à améliorer l’humain comme dans les films de science-fiction. Et tout aussi visiblement un tyran – un super-vilain dans la théorie de Karen et de Larissa – a pris le pouvoir de toute la planète. Bien sûr, on y croit.
Vous voulez le pire ? Je vais devoir aller l’affronter avec les autres. Tout ça pour qu’ensuite les habitants des mugs peuvent retourner vivre sur Terre. Ça va finir en guerre civile, je vous le dis. Qui voudrait vivre sur Terre s’il peut parcourir l’espace à la recherche d’aventure ? Moi, d’accord. Et c’est sympa pour passer les vacances au soleil – les vraies vacances au soleil je déconseille, le mug Pti-san s’est approché trop prêt et a fondu. En tout cas, je doute fort que les fous des mugs Lé et K-Fée aient envie de revenir vivre sagement sur notre planète.
– Tu te plains encore à ton journal ? se moqua Karen.
– Au moins, je sais ce qui se passe, siffla la jeune femme de mauvaise humeur.
Elle n’aimait pas que quelqu’un se moque d’elle et à plus forte raison de sa prise de note et de sa réflexion. Déjà qu’elle était obligée de passer du temps avec ses trois coéquipiers alors qu’elle ne voulait rien de plus qu’un peu de solitude et de calme pendant sa dernière dialyse avant l’aventure. Elle avait intérêt à ne pas durer plus d’une semaine sinon les autres devraient ramener son cadavre. Ou l’enterrer sur Terre d’ailleurs. C’était bien ce qu’on faisait à l’époque avec les morts, non ? Par manque de terre, les habitants des mugs préféraient brûler les corps. Honnêtement, elle s’en fichait. Elle serait morte de toute manière, qu’elle serve à chauffer de l’eau ou à nourrir des insectes, peu lui importait.
– Vous pourriez au moins faire semblant de vous entendre, commenta Amaniel en croisant les bras. On forme une équipe maintenant.
– Dans une heure quand on décollera pour la Terre, le corrigea Tizita.
Le regard gris fumée de Liz se posa sur les deux Schoclachoiens – est-ce que ça voulait dire qu’eux étaient des tiens ? Si Tizita était plus jeune qu’elle – oui, elle s’était trompée – étant encore une adolescente, Amaniel devait bien avoir trente ou trente-cinq ans et posait sur tout un regard sceptique qui aurait été plus agréable s’il n’avait pas l’habitude de tout juger sur l’extérieur et s’il avait le sens de l’ironie. Mais ainsi Liz ne savait pas comment s’adresser à lui – ça tombait bien elle n’allait tout simplement pas lui parler. Tizita était en pleine phase de rébellion et la fatiguait rien qu’à la voir bouger dans tous les sens tout le temps. Ce qui était sûr, c’était que ces deux-là n’auraient pas de problème à atteindre leur méchant, ce dont elle doutait fortement d’elle-même si par malheur il y aurait un escalier entre eux. Elle était vraiment pitoyable en fait. Elle allait demander une mutation dans le camp des méchants, ils avaient toujours des engins géniaux et pratiques dans les histoires. Et puis personne ne lui dirait quoi faire, elle allait tranquillement envahir les archives et personne ne lui chercherait les noises – un super-héros ne délivre pas des tas de papier.
– Pour tout vous dire, on s’entend très bien malgré la différence d’âge, sourit Karen. On s’entend même suffisamment bien pour se disputer.
– Ce n’est pas ton cas, je sais que tu n’as aucun ami, fit l’adolescente du groupe en jouant avec un élastique à cheveux.
Liz leva les yeux et ferma son journal pour assister à la joute verbale qui ne tarderait pas à éclater. Le seul homme avait serré les poings – est-ce qu’il y avait vraiment des étincelles qui en jaillissaient ? – et semblait se retenir de répondre violemment. Heureusement pour Tizita, il fut coupé avant même d’avoir pris de l’élan par la porte qui s’ouvrit sur les ingénieurs en chef des deux mugs. Si elle n’avait pas été si habituée d’être accrochée à une machine, elle aurait eu honte qu’ils la voient dans cette position. Mais au fond, c’était assez amusant. Surtout de voir les trois autres sauter sur leurs pieds comme si cela avait la moindre importance si on accueillait les personnes avec le plus d’influence dans les mugs en étant assis ou debout. De toute façon, ils n’avaient pas plus de pouvoir décisif que chacun.
– Bonjour, les super-héros ! fit Pierre Acrosce comme s’ils étaient les meilleurs amis du monde et comme s’il n’avait pas donné son accord pour cette mission suicide dans laquelle ils s’étaient engagés.
– Un super-héros et trois super-héroïnes ! lui répondit Karen sur un ton où la blague se disputait le reproche.
– Oui, d’accord. Est-ce que vous êtes prêts ? Nous nous approchons de la Terre et de notre hauteur de vol stable. Vous pouvez dès à présent gagner votre vaisseau.
– Pas vraiment, fit Liz d’une voix neutre. Il reste trente minutes.
Le départ pour le vaisseau était prévu pour dans vingt minutes et le mug T n’arriverait à la bonne hauteur dans quarante minutes puisqu’il faudra ralentir pour incliner correctement l’angle d’approche. C’était évident et surtout tout cela était entièrement public. Il n’y avait donc aucune raison de lui lancer un regard aussi froid. Elle n’avait même pas dévoilé de secret. Et elle allait encore devoir expliquer des choses évidentes.
– Le vaisseau est petit et la machine en a pour encore un quart d’heure. Ça ne change rien qu’on attende ici avec des toilettes à disposition ou dans un vaisseau à l’étroit.
Pierre se râcla la gorge, légèrement gêné – il pouvait être gêné ? – et fit un geste d’acceptation, mais ce fut son collègue du mug Schoclacho qui reprit la parole d’un air sérieux qui figea Amaniel. Que faisait-il d’habitude ? Prenait-il ses consignes de travail de l’ingénieur en chef ? Et d’ailleurs c’était quoi sa forme de maladie de l’espace ? Elle ne semblait pas réellement impacter sa forme physique... D’ailleurs, c’était aussi le cas pour Tizita mais elle avait toutes les chances d’être hyperactive vu son attitude pendant qu’ils attendaient. Liz tapota sa montre à la recherche de sa liste récapitulative. Elle devait bien l’avoir enregistrée quelque part en local.
– Nous avons apporté des uniformes pour vous. De vrais uniformes de super-héros que vous pourrez porter sur la Terre après avoir enlevé les uniformes d’astronaute.
Liz leva les yeux sur ses coéquipiers. Elle s’attendait presque à une bêtise pareille venant d’en haut – d’accord elle avait intercepté le message adressé à la couturière. Par contre, si Karen avait l’air emballé et avait les yeux étincelants, les deux autres semblaient tout aussi sceptiques qu’elle-même.
– Vraiment ?! fit Tizita. Nos habits ne sont pas assez bien ?
La jeune rousse dévisagea le jean et hoodie noirs de l’adolescente. Elle n’était pas certaine que ce soit vraiment pratique pour se déplacer très rapidement mais elle ne pouvait pas réellement critiquer puisqu’elle ne tiendrait pas le rythme une seule seconde. Les ingénieurs en chef l’ignorèrent et firent entrer Marguerite, la couturière, qui portait les costumes de couleurs franchement criardes sur le bras.
– Voilà pour toi, Karen.
– Trop bien ! s’enthousiasma la vieille femme.
Pourquoi était-elle toujours si heureuse ? Surtout pour un justaucorps rouge orangé et une cape de la même couleur. N’était-ce pas un peu trop voyant ? Il ne se prêterait pas à la discrétion et elle avait peur que cela joue en leur défaveur. Cela dit, ce n’était probablement pas très discret d’arriver en vaisseau depuis l’espace de toute manière. Même si arborer son super-pouvoir de manière si ostentatoire lui paraissait toujours encore stupide. Avec un peu de chance le sien n’était pas comme cela – comment représenter les voyages astraux aussi…
– Je suis Flamme-Woman maintenant ! s’exclama Karen enjouée en se passant immédiatement la cape autour des épaules. Admirez-moi !
– Flamme-Mamie plutôt, commenta Tizita à voix basse.
Elle reçut son uniforme couleur fumée avec un soulagement visible. Elle avait probablement les mêmes craintes que Liz ou alors elle pensait juste que les couleurs n’allaient pas avec sa rébellion. En tout cas, c’était rassurant de voir que sa super-vitesse n’était évoquée qu’à travers la couleur fumeuse et quelques rayures discrètes. A l’inverse, celui d’Amaniel clamait à nouveau haut et fort son électricité. D’un bleu foncé, des éclairs déchiraient le ciel sombre représenté sur le costume. Plus sobre que le rouge, il ne laissait pas plus de doute quant à sa nature de cape de super-héros. L’homme s’en saisit avec un air d’obéissance dépitée qui horrifiait Liz.
– Et la tienne, Liz.
Précautionneusement elle se saisit de son déguisement de super-héros que lui avait apporté Marguerite. Il était plutôt simple et visiblement moins justaucorps que les autres. Elle espérait que c’était fait exprès et pas dû au fait que tous les habits étaient toujours trop larges pour elle. C’était peu probable mais cela ne la dérangeait pas plus que ça. Ce qui était étrange c’était la mini-jupe cousue par-dessus les collants. La couleur vert pastel n’était pas horrible mais n’indiquait absolument rien sur la nature de son pouvoir. Elle retourna sa cape de la même couleur – ils voulaient tous les avoir en unicolore ou quoi ? – et se figea.
– Un fantôme ?! fit-elle d’une voix blanche.
Pourquoi un fantôme ? Elle n’était pas encore morte à ce qu’elle sache. A côté d’elle, Karen s’étouffait d’un rire devenu toux, tandis que Tizita avait sorti un mouchoir qu’elle s’appliquait à déchirer en petits morceaux.
– Un esprit, corrigea Marguerite. D’où la couleur.
Depuis quand les esprits étaient vert pastel ? Non, elle ne voulait pas savoir. De toute façon, les fantômes et les esprits n’existaient pas. Et puis tant pis, hein. Au moins la couleur ne jurait pas trop avec ses cheveux. Et il était peu probable qu’elle revoit les méchants qui allaient l’apercevoir dans cette tenue.
La machine qui bipa et Héloïse qui entra dans la pièce la sauvèrent de devoir répondre quoique ce soit. Quelques minutes plus tard, elle était sur pied et si elle avait un peu mal à la tête, elle se sentait quasiment prête pour l’aventure. Elle se changea dans la salle de bain – comme prévu son uniforme lui était trop large et flottait autour d’elle, comme un fantôme… – puis rejoignit ses coéquipiers. Les costumes de super-héros étaient vraiment ridicules mais au final les autres semblaient s’être accommodés à l’idée de les porter. Elle avait aussi profité de quitter l’œil vigilant des autres pour lancer une recherche sur le tissu des uniformes. Apparemment il était fait pour optimiser les aptitudes physiques et permettre une transpiration saine. Sans oublier qu’il était élastique pour autoriser un maximum de mouvements et d’attaques stylées qu’on pouvait voir dans les films. C’était vraiment ridicule. D’ailleurs, est-ce qu’on pouvait parler d’uniformes puisqu’ils étaient tous différents ?
Le groupe se mit en route et avança vers le garage du vaisseau spatial miniature qui allait les emmener sur la Terre. Il était prévu qu’ils atterrissent sur le parking à côté de l’immeuble qui était le centre de contrôle de leur super-méchant. Des informations sur lui ? Non, complètement inutile. S’ils étaient au courant, nul besoin de super-héros pour l’affronter, n’est-ce pas ? Génial. Elle espérait juste qu’ils ne croiseraient personne. Evidemment, ils croisaient son seul ami, également la personne qui ne devait pas être au courant.
– Où est-ce que vous allez ? demanda le garde avec un sérieux auquel se mélangeait une inquiétude plus que visible pendant que son regard s’attarda sur elle.
Liz réalisa à cet instant qu’il les accompagnerait certainement maintenant qu’il allait apprendre ce qu’ils étaient en train de faire. François n’était pas un super-héros mais il était fort, il était entraîné et il savait utiliser une arme s’il le fallait. Et surtout il était son meilleur ami et il ne la laisserait jamais tomber.
– Tu as reçu les ordres pour l’ensemble des gardes, non ? fit l’ingénieur en chef.
Il commençait à la désespérer à se conduire en chef. Il n’avait pas à prendre les décisions à la place de tous les habitants même s’il était probablement le plus au courant. Il devait présenter et argumenter mais pas décider. La rousse se fit une note dans un coin de la tête de garder un œil sur lui dès son retour. Oh misère. Elle commençait à développer un complexe de super-héros…
– Laisser passer un groupe de super-héros qui veulent accéder au mini-vaisseau, se rappela François en fronçant les sourcils. C’est vous ?
– En effet, déclara Karen en prenant une pose de Super-Girl qui était encore plus ridicule qu’à l’écran. On a été chargés de descendre sur Terre et de la délivrer d’un…
– Chut ! Amaniel lui écrasa le pied. Tu n’es pas censée le raconter à tout le monde. C’est une mission secrète.
Liz supplia son ami du regard. Elle n’avait aucune envie d’y aller mais elle devait lui faire comprendre qu’elle l’avait promis à Karen et qu’elle devait tenir parole. Pour une raison qu’elle ignorait d’ailleurs puisque dans leur univers rationnel – ou du moins rationnel jusqu’à la semaine dernière – il ne se passait rien si on ne tenait pas une promesse. Enfin à part que la personne vous en voulait, ce qui était normal. Mais elle avait quand même envie d’y aller. De toute manière, il ne la regardait même pas.
François resta un instant bouche-bée puis laissa exploser le mélange de stupéfaction et de rage qui avait dû le submerger. Liz savait bien que c’était compliqué à comprendre pour lui. Il avait déjà du mal à croire qu’elle pouvait porter les livres et cartons des archives. Et quand elle voulait aller quelque part, il insistait souvent pour l’accompagner. C’était pitoyable mais elle était quand même rassurée de savoir qu’il viendrait avec eux. Il ne le savait juste pas encore.
– Comment ça, vous allez descendre sur Terre ?! Pourquoi spécialement quatre personnes fragiles qui ont même été interdites de se mêler aux habitants d’un autre mug ? Sur Terre, il y aura encore plus de microbes et de bactéries qui pourraient vous faire du mal ! Sans parler du fait que personne ne sait ce qui se passe là-bas !
– Nous savons maintenant, affirma calmement Liz. Nous sommes les personnes adéquates pour la tâche qui nous attend.
Le jeune homme la fixa avec de grands yeux avant de se tourner vers les autres et de les examiner un à un. Il avait visiblement toujours encore des doutes sur le fait que c’était eux qui étaient envoyés et Liz ne pouvait pas lui en vouloir – après tout elle n’était toujours pas convaincue elle non plus. François rendit son verdict après quelques minutes de silence pesant.
– Dans ce cas, je les accompagne. Je n’ai pas confiance en l’équipe pour protéger ma meilleure amie. Je pourrais toujours porter Liz si je ne sers à rien d’autre. Vous avez déjà pensé à passer du côté obscur pour avoir des gadgets classes ?
Pendant que Karen semblait réellement réfléchir à cette option et que Tizita approuvait de la tête, les deux ingénieurs en chef se consultèrent de la tête comme si la décision leur appartenait. Pitoyable les personnes de pouvoir qui en voulait toujours davantage. Liz savait qu’il n’y avait rien qui pouvait empêcher François de l’accompagner et elle en était réellement heureuse. Ensemble ils allaient peut-être avoir une chance. Finalement, Pierre donna sa bénédiction.
– Tant que tu restes du bon côté, tu peux les accompagner à tes propres risques et périls. L’assurance du mug T ne prend aucune responsabilité s’il t’arrivait quelque chose.
– On n’a pas de système d’assurance, commenta Liz, blasée.
Ignorée par tous, elle soupira en consultant sa montre. Ils avaient perdu du temps et ce n’était pas de sa faute. Heureusement que le mug Schoclacho les ralentissait encore plus que prévu. Pourquoi il voulait absolument rester à côté d’eux pendant toute la durée de la mission la laissait perplexe mais ce n’était pas pour lui déplaire de pouvoir repousser le moment de décoller un peu plus.
– Super, se réjouit François. Et où est ma cape ?
Une fois une cape trouvée – Pierre avait insisté pour qu’elle soit en accord avec l’uniforme de garde du jeune homme et avec les autres capes – les cinq héros étaient montés à bord de leur vaisseau et là il s’était avéré que les grands génies de l’organisation qui voulaient absolument diriger les opérations – nommément les deux ingénieurs en chef – avaient oublié de vérifier si l’un d’entre eux pouvaient voler. Heureusement que François avait eu le droit de venir puisque ce fut lui qui put prendre le volant. Ça commençait bien.
– Direction la Terre ! annonça le conducteur de vaisseau spatial fraîchement nommé. Je vous prie de vous installer confortablement et de mettre vos ceintures de sécurité. Les issues d’urgence sont inexistantes et les vestes de secours se trouvent sous vos sièges. Pas de boisson ni de nourriture jusqu’à ce que nous ayons atteint notre hauteur de vol stable. Notre service de restauration passera parmi vous le moment venu. Je vous remercie d’avoir choisi Vaisselle Airline et vous souhait un agréable vol.
Aucun commentaire. Elle n’allait faire aucun commentaire et espérer très fort ne pas être sujette au mal des transports. Elle n’avait jamais pu essayer – par manque de moyen de transport dans l’enceinte du mug – mais elle avait déjà la nausée rien que d’y penser.
– Vaisselle Airline, releva Karen entre deux éclats de rire.
– Bah, un vaisseau, une vaisselle, et c’est une ligne aérienne.
– Trois, fit soudainement une voix robotisée. Deux.
– On dirait les films d’il y a deux siècles, commenta Tizita d’une voix qui se voulait blasée mais qui trahissait son excitation. Faut croire qu’on ne sait toujours pas synthétiser des voix.
– Un.
– Ça va jusqu’à zéro ou c’est fini ? s’intéressa François mais personne n’eut besoin de lui répondre.
Le mini-vaisseau décolla dans un grand bruit de moteur et d’échos. Ce que Liz retint du voyage fut qu’elle avait effectivement le mal des transports. Karen et Tizita trouvaient ça apparemment très amusant de traverser l’espace puis l’atmosphère à toute vitesse et d’observer par la fenêtre la planète devenir de plus en plus grande jusqu’à ce qu’ils y atterrissent. Liz avait plutôt l’impression que ce soit un miracle qu’ils soient non seulement encore vivants mais en plus à l’endroit prévu. Ils sortirent et Karen ouvrit grand les bras pour se réjouir d’être enfin de retour sur sa planète de naissance quand ils prirent soudain conscience de ce qui les entourait. Ou plutôt de qui les entourait.
Impossible que ce soit des humains même s’ils en avaient la forme, les vêtements et l’intelligence. Les êtres autour d’eux faisaient plus de deux mètres de hauteur, étaient plus musclés que l’entraîneur des gardes sur le mug T – et il passait sa journée entière à cela – et les fixaient d’un regard hostile. Peut-être parce qu’ils avaient atterri sur l’un d’entre eux…
– J’imagine que vous ne nous croyez pas si on dit qu’on vient en amis, fit François d’une voix incertaine.
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