En ce petit matin, le soleil brillait déjà fort au-dessus des champs. La journée promettait de devenir très chaude, mais pour le moment cela ne dérangeait pas Maya. Elle profitait de la légère brise qui faisait bouger les coquelicots. Les oiseaux gazouillaient dans les buissons et les seuls bruits de moteurs que l’on entendait venaient de loin. La jeune femme tendit son visage dans un rayon de soleil. Quel calme, quelle brise agréable, quels beaux coquelicots rouges !
– Bon, se reprit Maya et se détourna.
Elle devait se rendre au travail et ne pouvait pas rester indéfiniment ici. Elle siffla pour appeler son beagle Penny. Mais le chien ne lui lança seulement un regard en travers. Maya l’appela encore une fois sans plus de succès. D’habitude, Penny écoutait bien mieux que cela… Surtout si elle sentait une friandise derrière l’obéissance. Maya fronça les sourcils. Qu’avait en tête son petit chien ?
La première chose qu’elle vit fut une chaussure qui dépassait du champ de coquelicots, puis sa respiration s’arrêta un instant. Ce n’était pas qu’une chaussure. C’était un cadavre ! Une jeune femme, peut-être même encore une fille, était couchée dans le champ à côté de sa promenade quotidienne. Elle peinait à y croire. Elle attacha la laisse au collier de Penny et la tira loin du corps. C’était dégoûtant qu’elle avait reniflé un mort. Sortant son téléphone de sa poche, elle espéra qu’elle avait encore suffisamment de batterie. Comme la plupart de ses collègues, elle chargeait toujours son portable au bureau. Pourquoi y pensait-elle maintenant ? Elle devait appeler la police. Elle tapa rapidement le 17. Ça sonnait. Maya n’avait aucune idée de ce qu’elle devait dire. Comment signalait-on qu’on avait trouvé un cadavre ?
– Poste de police Beernheim, bonjour. Que puis-je faire pour vous ?
– Euh, balbutia Maya. Je viens de trouver un cadavre. Dans les champs derrière Brunnweiler.
Pendant un instant, seul le silence lui répondit, puis le policier de l’autre côté de la ligne se racla la gorge.
– J’aurais besoin de votre nom et de votre position.
– Maya Baustaet. Avec a-e et un t à la fin.
Répondre à des questions tellement habituelles avait quelque chose de rassurant. Elle précisait toujours comment écrire son nom puisqu’il en existait tellement de différentes. Maintenant, elle devait se concentrer sur comment expliquer où elle se trouvait. C’était plus compliqué mais la police en avait besoin pour venir.
– Si vous venez de la direction de Beernheim, vous devez traverser Brunnweiler en entier. Après le panneau de sortie du village, un chemin part à droite. Je me trouve au bord du champ de coquelicot, du côté du village. Il devrait être assez facile à trouver.
– Merci, je vous envoie mes collègues. En attendant, je vous demande de ne bouger et de ne rien toucher afin de ne pas effacer d’empreintes. Ne vous inquiétez pas, nous arrivons aussi rapidement que possible.
Le policier raccrocha et Maya resta seule avec son téléphone dans la main. Il n’y avait personne autour d’elle. Elle était seule avec le cadavre d’une femme, seulement un peu plus jeune qu’elle. La peur que le meurtrier revienne et la tue aussi l’envahit. Mais elle ne pouvait pas partir, elle devait attendre que la police arrive, sinon ils ne trouveraient jamais la femme. Même si les policiers étaient partis immédiatement du poste, ils prendraient au moins vingt minutes avant d’arriver. Elle devait tenir bon.
Maya réfléchit un instant puis s’assit de l’autre côté du chemin avec Penny. Ici, il n’y avait que peu de chance qu’elle efface des empreintes importantes. Il était clair par contre, qu’elle n’irait pas au travail aujourd’hui. Elle allait appeler et ensuite il ne lui restait plus qu’à attendre.
Les policiers avaient pris les empreintes sur le chemin et le corps, et même si Maya avait des doutes sur l’utilité de tout ceci, le fourmillement d’activité le rassurait. Ces gens avaient l’air de savoir ce qu’ils faisaient. Ils avaient notamment sorti le corps des fleurs. Maya avait du mal à en détourner le regard. Cette vue la dégoûtait et pourtant elle dévisageait le corps comme si sa vie en dépendait. Elle avait justement reconnu qu’il s’agissait d’une jeune femme. Elle lui donnait qu’une vingtaine d’années. Le corps portait une petite robe rouge et des chaussures à talon noires qui détonaient ici sur ce chemin de terre. Son visage était blanc, probablement parce qu’elle était déjà morte depuis un bon bout de temps, et contrastait avec sa chevelure noire. Son maquillage avait coulé et une grande tâche sombre s’était formée sur sa poitrine. Une sueur froide descendit dans le dos de Maya. Rapidement elle détourna la tête et se concentra sur les policiers qui l’avaient jusqu’à maintenant quasiment ignorée.
– Nous avons fini, chef. Doit-on ranger et envoyer le corps à l’analyse ?
– Bien. Stéphane disait que l’inspectrice Pinson voudrait voir d’elle-même. Elle aurait déjà dû arriver d’ailleurs… Rangez le matériel. Nous attendons encore trente minutes.
Maya caressa le poil court et dur de Penny. Elle aurait aimé demander si elle avait le droit de partir mais elle était convaincue que ce ne serait pas le cas. Après tout, elle allait encore devoir faire sa déposition. Qui décidait de cela ? Qui pouvait-elle demander ? Probable à cet inspecteur qui s’était perdu en route. Si seulement il avait appelé pour laisser des instructions. Elle n’avait aucune envie de rester plus longtemps que nécessaire au lieu du meurtre.
Pile à ce moment-là, une voiture arriva par le chemin irrégulier. Maya l’observa aves curiosité. Peut-être que son attente morbide finirait enfin. Tenant Penny court à la laisse, elle se leva pour mieux voir. Le véhicule s’arrêta derrière les voitures de police et une femme d’âge mûr en sortit. Un petit chien blanc la suivit. Penny tira, voulant se précipiter vers le nouvel arrivant.
– Ah, inspectrice Pinson ! Vous nous avez trouvés !
Maya dévisagea l’inspectrice, plutôt sceptique. Elle n’était pas d’avis qu’un chien avait quelque chose à faire sur le lieu d’un meurtre, surtout s’il ne s’agissait pas d’un chien de police. En plus, cette inspectrice ne ressemblait pas du tout à ceux des films. Elle portait tout simplement l’uniforme classique des policiers. Maya était déçue. Pour une fois qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire, elle ne recevait même pas un inspecteur digne d’un film. L’inspectrice échangea un court hochement de tête avec le policier le plus haut gradé puis se dirigea vers Maya et le cadavre.
– Vous pouvez tout regarder tranquillement, Augustine. Le relevé des empreintes est déjà passé. La victime a probablement été tuée avec un couteau. Nous ne savons pas encore de qui il s’agit mais nous y travaillons. Voici Madame Baustaet qui a trouvé le corps. Madame Baustaet, l’inspectrice Augustine Pinson.
Maya regarda dans le léger sourire de la policière. Maintenant qu’elle était face à elle, elle voyait enfin un détail non conforme à l’uniforme classique, un foulard bleu clair autour de son cou. Bizarrement, elle trouvait cela rassurant que l’inspectrice n’était pas totalement ennuyante. Mais à la réflexion, qui portait un foulard en juin ? Penny tira pour renifla le terrier blanc qui avait suivi l’inspectrice.
– Bonjour, fit Maya, une boule dans la gorge.
Elle ne savait pas pourquoi mais soudain la présence des policiers ne lui paraissait plus aussi rassurante. Que se passerait-il s’ils pensaient que c’était elle qui avait tué la femme ? L’inspectrice, qui était restée muette et se contentait de sourire et de tout observer avec ses yeux froids, ne l’aimait certainement pas. Sinon elle lui aurait dit bonjour, non ?
Le policier se détourna pour parler avec ses hommes, tandis que l’inspectrice dévisagea Maya de haut en bas. Maya déglutit. Elle avait l’impression d’être passée aux rayons X. C’était ridicule de se sentir intimider par une femme qui faisait plus qu’une tête de moins et qui ne pouvait pas l’accuser puisqu’elle était innocente. Elle avait agi comme elle le devait. Pourquoi avait-elle l’impression d’être suspectée ?
– Peut-être pourriez-vous expliquer à l’inspectrice comment vous avez trouvé le corps, Madame Baustaet ? proposa le policier tout en observant les autres.
L’inspectrice hocha la tête et lui adressa un nouveau sourire. Maya ne comprenait pas elle-même pourquoi ce petit sourire un peu gêné l’énervait. Il la mettait mal à l’aise et lui donnait l’impression d’être demandée de pardonner quelque chose. Mais quoi ? De l’avoir déjà condamnée ? Elle détestait des opinions faites trop tôt. Elle essayait d’afficher un air avenant.
– Que voulez-vous savoir ? demanda-t-elle.
L’inspectrice ne semblait pas l’écouter et cherchait frénétiquement quelque chose dans ses poches. Puis elle se tourna même vers son collègue et lui fit d’étranges signes de main. Maya en fut vexée. Elle avait attendu presqu’une heure et là on ne l’écoutait même pas. Elle en viendrait presque à regretter de ne plus être seule avec la femme morte. Au moins elle, elle ne se moquait pas d’elle. Mais apparemment même le cadavre était devenu inutile. Recouvert par un linceul, les policiers le plaçaient dans une des voitures. Elle espérait ne pas perdre encore davantage de temps avec cette inspectrice qui ne l’aimait pas depuis le début. Pouvait-elle être accusée du meurtre juste parce qu’un policier ne l’aimait pas ? Pas vraiment. Elle avait quand même un mauvais sentiment. L’inspectrice se tourna enfin vers elle et lui tendit le bloc-notes qu’elle avait récupéré chez son collègue. Celui-ci partit après un hochement de tête. C’était quand même une drôle de conversation.
« Qu’est-ce que vous faisiez ici ? Comment vous êtes-vous aperçue du corps ? »
Maya laissa glisser son regard du bloc-notes sur l’inspectrice. Si c’était une blague, c’était une mauvaise. Elle voulait enfin faire sa déposition et rentrer chez elle. La journée était déjà suffisamment gâchée. L’inspectrice avait arrêté de sourire et son regard était aussi prudent que froid. Elle devait savoir quelque chose et voulait vérifier si c’était vrai. Si seulement elle aussi savait !
– Et vous pouvez prendre ma déposition ?
Elle avait des doutes. Dans son imagination une déposition n’était jamais prise au beau milieu d’un champ de coquelicot par un inspecteur criminel, mais plutôt dans un bureau par un secrétaire. Elle n’était donc pas étonnée quand son vis-à-vis secoua la tête et lui montra, quelques instants plus tard, trois phrases proprement écrites.
« Pour cela vous devrez passer au poste de police aujourd’hui ou demain. Je voudrais vous demander ce que vous savez sur le meurtre. Pour trouver le meurtrier. »
Maya regarda dans les deux yeux pâles qui la fixaient calmement. Pour la première fois, il lui traversa l’esprit que l’inspectrice pourrait n’être ni froide et ni antipathique. Au contraire, elle lui paraissait bien gentille et compréhensive, ce qui était bien plus dangereux pour tout meurtrier qui lui faisait face. Etrange, ce changement de perception puisqu’elle n’avait pas changé son attitude d’un poil. Pouvait-ce s’agir d’une empathie culturelle qui s’imposait à Maya à cause du handicap de son vis-à-vis ? Elle lança un regard vers Penny puis vers l’inspectrice. Il faudra bien qu’elle réponde à ses questions mais l’idée ne lui plaisait pas. Elle se sentait en position de faiblesse et détestait cette impression. Si seulement elle pouvait lui trouver un point faible, ou la rendre nerveuse… n’importe quoi qui lui permettrait de reprendre le dessus sur cette situation désagréable.
– Je peux détacher mon chien ?
Penny trépignait au bout de sa laisse et elle n’allait certainement pas réussir à lire les petites lettres de l’inspectrice avec dix kilos décidés de faire connaissance avec le terrier blanc qui était sagement assis aux pieds de sa maîtresse. Celle-ci haussa les épaules. Maya s’exécuta donc et observa Penny se jeter sur l’autre chien. L’inspectrice suivit les deux chiens du regard mais quand Maya croisa son regard clair, elle cligna des yeux, légèrement gênée, et fit un geste l’incitant à commencer à parler.
– Alors, raconta Maya. Ce matin, j’ai promené Penny, le chien. Je passe ici chaque matin avant de partir au travail. Je voulais justement rebrousser chemin, là dans ce virage, quand Penny a senti quelque chose et a refusé de me suivre. Je suis donc venue voir et j’ai trouvé la morte. Seules ses jambes dépassaient du champ. Evidemment, j’ai immédiatement appelé la police. C’est tout.
Elle inspira un grand coup, soulagée d’avoir dit tout ce qui pouvait être intéressant. Elle ne serait pas plus embêtée que cela maintenant, non ? L’inspectrice lui montra l’emplacement du cadavre et la regardait d’un air interrogateur.
– Oui, exactement là, confirma Maya presque malgré elle. Elle était cachée par les coquelicots jusqu’à ce qu’on soit pile devant elle. Je trouve que ça avait l’air comme si elle avait été cachée ici.
L’inspectrice hocha la tête et se pencha sur les traces encore bien visibles. Maya inclina la tête et chercha à dissimuler son agacement. Elle n’avait pas envie de passer toute la matinée ici. Les traces avaient déjà été analysées par l’équipe spécialisée. L’inspectrice n’était pas du tout obligée de les réexaminer pendant qu’elle lui parlait. C’était quand même un peu abusé. Heureusement qu’il y avait les coquelicots pour la divertir. Leur couleur rouge était éclatante maintenant que le soleil avait un peu monté. Chaque pétale semblait réfléchir la lumière et l’envoyer dans l’infini…
Elle sursauta quand l’inspectrice se racla la gorge juste en face d’elle. Avec ce petit sourire énervant car s’excusant d’avance, elle lui montrait son bloc-notes.
« Que pensez-vous du champ de coquelicots ? »
Maya faillit éclater de rire mais réussit à se contenir. Peut-être que l’inspectrice était bien tout aussi folle que ses collègues dans les films. Et probablement tout aussi intelligente. Il se posait la question pourquoi elle cherchait à connaître son opinion sur le champ de coquelicots. Pensait-elle qu’elle avait tué cette femme et caché dans les coquelicots ? Elle haussa les épaules. Elle devait rester sur ses gardes et dès que possible trouver un détail pour prendre le dessus. Juste au cas où.
– Il est magnifique, admit-elle. Ce rouge est tout simplement parfait. Surtout avec ce soleil !
Pendant qu’elle parlait elle ne quitta pas l’inspectrice des yeux mais celle-ci se contentait d’acquiescer de la tête et de regarder le champ. La plupart des autres policiers étaient déjà parties, seuls deux conversaient encore à côté d’une voiture. L’inspectrice inscrivit sa prochaine question.
« Mais pourquoi, à votre avis, cacher ce corps dans les coquelicots ? »
Maya haussa les épaules. D’où est-ce qu’elle était censée savoir cela ? Quoiqu’une réponse évidente s’imposa dans son esprit. Si elle l’aidait, l’inspectrice devrait bien la considérer comme innocente, non ?
– A cause de la robe. Impossible de la cacher quelque part d’autre, elle aurait été bien trop visible. Mais alors, cela voudrait dire que le meurtrier savait qu’il y avait un champ de coquelicots ici. Est-ce qu’elle a été tuée ici ou seulement été déposé là ?
L’inspectrice avait opiné et lui répondit comme si elle était concernée : « Ce n’est pas encore sûr mais les deux sont possibles. Il n’y a pas assez de traces sang pour conclure rapidement. »
A nouveau, Maya ressentait cette impression de danger. C’était absurde puisque l’inspectrice se concentrait à nouveau sur son bloc-notes et ne la regardait même pas. Elle essayait de passer outre cette oppressante sensation en examinant la policière à la recherche de faiblesse. Son père disait que quand on ne pouvait pas être fort, il fallait s’arranger pour que les autres soient encore plus faibles. Cela lui avait toujours réussi.
« Je suppose que vous ne connaissez pas la morte ? »
Une question facile que Maya put nier facilement. Evidemment qu’elle l’aurait dit si elle l’avait reconnue. Enfin, c’était exactement le type de femme que Frank trouvait irrésistible. Mais il valait mieux que l’inspectrice ne l’apprenne jamais sous peine de s’imaginer qu’elle avait un motif de meurtre. Heureusement qu’elle était déjà passée à la question suivante sans remarquer son trouble.
« Je vais devoir vous poser une question très classique. Ne le prenez pas personnellement, je suis obligée de la poser à chacun. Où étiez-vous hier soir ? »
Maya acquiesça doucement. Elle s’attendait à cette question depuis le début. Pire, c’était celle qu’elle pensait devoir répondre en premier. Quelle belle coïncidence que pour une fois, elle avait des témoins.
– Hier soir, fit-elle mine de réfléchir à voix haute. Je suis partie tard du bureau et j’ai donc rejoint directement des amis au restaurant où on s’était donné rendez-vous. Comme cela se passe, j’y suis restée plus longtemps que prévu et suis allée me coucher dès que je suis rentrée.
« Quel restaurant ? Avec qui ? A quelle heure êtes-vous arrivée chez vous ? »
– Au chasseur bleu à Watteheim. J’y retrouve chaque mois Kim Polski et Léonie et Florian Brant. Ils peuvent le confirmer, je pourrais vous laisser leurs numéros de téléphone dans ma déposition.
« Ce serait très gentil. »
Maya était soulagée que cette réponse claire n’ait pas éveillé la suspicion de l’inspectrice. Elle semblait être exactement le type pour ce genre de raisonnement mais elle continuait comme si de rien n’était.
« Croisez-vous d’autres personnes pendant votre promenade ? »
– Bien sûr, Maya était surprise par la question. Presque tout le monde a un chien dans ma rue. Les chemins de l’autre côté du village sont plus jolis mais on doit traverser la grande route pour y arriver et cela ne vaut pas la peine pour la petite promenade du matin. Si vous voulez des noms, il y a ma voisine Olivia Kramer, et puis Inga Ringl et les Lahner en face. Mais je crois que c’est tout en fait… C’est eux que je croise.
Elle haussa une nouvelle fois les épaules. Était-ce réellement important maintenant ? A nouveau l’impression que l’inspectrice lui tendait un piège l’envahit. Elle savait exactement ce qu’elle faisait et voulait l’accuser à tout prix. N’est-ce pas ?
« Merci pour votre coopération. Vous pourrez faire votre déposition au poste. » L’inspectrice lui sourit légèrement puis se tourna en direction du champ de coquelicots. Maya comprit qu’elle pouvait partir mais son envie de quitter l’endroit avait disparu. Elle avait besoin d’enfin prendre sa revanche sur cette sensation d’être suspectée.
– Je peux vous poser une question ?
Elle n’avait qu’une seule chance de frapper juste. De déterrer un secret que l’inspectrice ne voulait pas qu’il se sache. Un secret qu’elle pouvait utiliser pour s’en sortir au cas où elle l’accuserait. Elle aimait découvrir les secrets des autres et l’inspectrice devait en posséder plein. Son mutisme était beaucoup trop évident pour être utilisable mais ce foulard bleu ciel qui la narguait depuis le début… L’inspectrice lui adressa un regard légèrement étonné mais acquiesça en silence.
– Vous n’avez pas beaucoup trop chaud au soleil avec votre foulard ? Je veux dire, j’ai déjà l’impression de fondre alors que je suis bien moins habillée que vous…
Maya ne savait pas à quoi elle s’attendait réellement en lançant sa provocation. Qu’elle soit arrêtée immédiatement ? Qu’elle touche un sujet sensible ? Que l’inspectrice soit gênée ? Ce qui était certain, c’est qu’elle ne s’attendait pas à une réaction aussi… neutre. Un secret était toujours quelque chose que les personnes voulaient garder cacher. Il n’y avait aucun intérêt à cacher quelque chose si cela ne nous dérangeait pas que tout le monde le sache. Et un foulard en plein été, Maya trouvait cela plus que suspect.
L’inspectrice avait comme un sourire amusé aux lèvres en dénouant le foulard. Maya la fixait avec étonnement. Pourquoi lui dévoiler un secret comme si c’en n’était pas un ? Enfin, maintenant il était trop tard pour faire demi-tour. Elle devait exploiter cela comme elle le pouvait. L’inspectrice ôta le foulard sans hésitation. La seule chose qu’aperçut Maya fut une profonde cicatrice qui lui barrait la gorge. Tout juste trop haut pour être cachée par un col, elle était trop basse pour pouvoir expliquer le mutisme. Son seul espoir était qu’il y avait une histoire désagréable derrière. Elle leva un sourcil interrogateur.
« Un entraînement raté, nota l’inspectrice sur son bloc-notes. Mauvaise esquive d’un coup de couteau. »
Franchement décevant… Maya la remercia néanmoins. Elle allait trouver un moyen de reprendre le dessus, de se venger du sentiment d’infériorité, de culpabilité qu’elle avait ressenti. En attendant, elle se battait en retraite. Augustine Pinson était déjà retournée au champ de coquelicots, son foulard à nouveau mis. Maya allait trouver. Elle ne se laissait pas juger comme ça.
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Notes :
Bonjour, bonjour !
J'ai (enfin) fini de traduire cette petite enquête que j'ai offert à ma mère l'été dernier. Je vous le dis directement : elle n'a pas vraiment aimé ^^ (ce qu'à la relecture je comprends en fait).
Bref, tant que vous n'avez pas de grandes attentes, je vous souhaite bonne lecture et merci d'être là !
J'ai (enfin) fini de traduire cette petite enquête que j'ai offert à ma mère l'été dernier. Je vous le dis directement : elle n'a pas vraiment aimé ^^ (ce qu'à la relecture je comprends en fait).
Bref, tant que vous n'avez pas de grandes attentes, je vous souhaite bonne lecture et merci d'être là !
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