– Attends, Liz, ne pars pas comme ça. Tu ne peux pas nous laisser comme ça juste parce qu’on va faire la fête !
– Héloïse m’a convoquée, argumenta la jeune femme en reculant d’un pas. Là, je dois y aller d’urgence.
– Et mon anniversaire ? fit François d’un ton déçu. Tu ne vas quand même pas me laisser seul !
– Il te reste toujours encore tes autres amis.
– S’il-te-plaît, Liz ! Même ton esprit astral me contenterait si tu dois vraiment passer à l’infirmerie. Est-ce que ça serait tellement horrible ?
Alors là, il n’avait même pas idée. Tout lui déconseillait d’aller à cette fête : le bruit, les gens, les odeurs de nourriture grasse, son mal de tête, l’heure indiquée par sa montre, le message d’Héloïse. Histoire de faire bonne impression, elle haussa les épaules avant de se détourner. Liz n’était pas très bavarde et si François ne comprenait toujours pas qu’elle n’avait nullement l’intention de se sociabiliser davantage, elle ne pouvait pas l’aider. Et son argument qu’un super-héros devait être populaire… Tant pis pour les autres, elle n’avait pas choisi de l’être. Il fallait même avouer qu’elle se serait très bien passée d’un super-pouvoir et des inconvénients qui allaient avec.
Se serrant contre le mur pour éviter les gardes qui se précipitaient vers la fête – autant pour boire que pour féliciter leur collègue –, Liz emprunta le chemin vers l’infirmerie. Maintenant qu’elle avait réussi à échapper à son meilleur ami, une soirée tranquille était en perspective. Elle avait consulté sa montre, le vaisseau spatial ne devrait traverser aucune turbulence durant les prochains jours et elle pourrait enfin analyser tranquillement les résultats statistiques des analyses génétiques de l’élevage de moutons du mug.
Arrivée au dernier escalier avant sa destination, Liz s’accorda une petite pause. Traverser les couloirs à la hâte en fuyant toutes ces personnes qui la prenaient pour une héroïne l’avait mis hors d’haleine. Héroïne qu’elle n’était pas ! La situation commençait franchement à lui peser. Elle pensait même parfois qu’elle aurait mieux fait de rester sur Terre et d’y mourir tranquillement. Tant qu’à faire, ça aurait été plus supportable. Ici, il y avait certes les machines et les moyens de la garder en vie mais il y avait aussi ces pouvoirs inexpliqués et cette foule qui leur demandait des miracles de plus en plus énormes. Si seulement elle pouvait redevenir la simple archiviste qu’elle avait été avant. Même en gardant sa maladie, elle aurait préféré ne pas être élue super-héroïne. En plus, son pouvoir ne servait quasiment à rien mais personne ne voulait le comprendre.
Alors franchement, s’ils pouvaient tous la laisser travailler en paix… Tranquillement, dans son coin, sans qu’ils ne lui prêtent trop d’attention. Héloïse et François et Karen lui suffisaient amplement comme contacts sociaux. Le mug T était peut-être trop petit pour pouvoir s’isoler réellement mais les visites impromptues à la bibliothèque ou à l’infirmerie n’étaient vraiment pas nécessaires. Elle eut la soudaine impression d’être observée – ça commençait à virer à l’obsession... Tournant la tête vers le couloir, elle aperçut un de ses admirateurs réguliers, un gamin d’à peine sept ans qui semblait prêt à s’ouvrir les veines si on lui disait qu’il pourrait devenir un super-héros comme ça. Il était pitoyable. Ses grands yeux la fixaient une fois de plus avec plein d’admiration. Manquait plus qu’il lui demande de sauver son doudou des griffes d’un monstre issu de son imagination ! Elle se leva et reprit son chemin en l’ignorant de son mieux.
– A quoi ressemble la Terre ? l’interpella soudainement le garçon. Tu y as été, non ? Héberge-t-elle autant de monstres qu’on le dit ?
Liz hésita un instant sur lui dire la vérité ou non, ni l’un ni l’autre ne le contenterait et abrégerait la conversation qui se profilait. Elle n’avait pas vraiment le choix de lui répondre maintenant qu’elle s’était figée dans les escaliers… Tout compte fait, elle pourrait.
– Il n’y en a qu’un seul, fit-elle lentement en songeant aux énormes humains mutés qu’ils avaient affrontés.
– Super ! s’exclama le gamin. Mais alors, pourquoi on n’y peut pas aller en vacances pour voir ?
Evidemment, il ne pouvait pas comprendre, il était trop jeune…
– Alors pourquoi, pourquoi, pourquoi ? trépigna le gamin. Tout le monde dit que ce serait trop dangereux de retourner sur la Terre mais personne ne peut rien dire de précis, tu es la seule à pouvoir me répondre.
– Historiquement c’était considéré comme trop dangereux, s’entendit répondre Liz avant même de réfléchir – il avait touché un point sensible avec la soif de savoir et le besoin d’informations, qui aurait-elle été pour lui refuser de la connaissance ? Longtemps personne ne savait réellement. En fait, c’était interdit de s’approcher de la Terre pendant quarante-deux ans.
– Tant que ça ?!
– Il a fallu attendre ce délai et ensuite il y a eu la mission des…
– Super-héros ! Moi, je vous admire trop ! En quoi consiste ton pouvoir ?
– Ah non, c’est un secret, fit mine de se fâcher Liz alors qu’elle commençait à prendre goût à cette conversation. Tu dois d’abord posséder le tien avant d’en savoir plus.
– Han, mais c’est injuste !
– Leo, where are you?!
En plissant le front, Liz fixa le couloir où apparut une femme qui n’avait pas l’air commode.
– Ta mère était tout aussi énervante ? s’enquit le dénommé Léo. I’m here, Mom!
Sa mère se précipita dans leur direction, tandis que Liz se contenta d’hausser les épaules. Malgré elle, elle aurait voulu pouvoir lui répondre que oui, mais bon. Encore aurait-il fallu qu’elle s’en souvienne.
– Alors, la Terre ? insista le petit garçon en jetant un coup d’œil vers sa mère qui se rapprochait dangereusement.
– Tout à fait comme dans les films et…, lâcha Liz à contre-cœur.
– He didn’t bother you, did he? l’interrompit la mère du gamin. Leo, you know you shouldn’t talk to strangers. Excuse him, please. This super-hero story excites him terribly.
Il n‘avait pourtant pas l’air surexcité mais plutôt curieux…
– She’s a super-hero! Maman, c’est Liz Hope, elle a sauvé la Terre ! Elle est trop connue et classe et gentille…
Aucunement mais il n‘avait pas besoin de le savoir, non ? Trop de compliments la mettaient mal à l’aise et ce quota était déjà atteint. Histoire de pouvoir s’enfuir rapidement, Liz esquissa un vague signe de main. Leo y répondit avec un entrain inquiétant. Elle n’était pas prête pour toute cette admiration et cette publicité. Tant d’attention pour sa petite personne de rien du tout. Il fallait qu’elle arrête d’être reconnue pour une action qu’elle trouvait maintenant contrariante. Se mêler des affaires des autres, les humains n’avaient vraiment pas évolué depuis la Grande Fuite…
Maudit super-pouvoir ! Elle démissionnait, voilà.
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Notes :
Bon, bon, bon. Voici donc ma participation pour l'immunité de ce troisième tour et je vous embarque à bord du mug T, un vaisseau spatial avec des (enfin deux) super-héros à bord.
Le sujet était donc que l'histoire ne se passe pas sur terre. Il y avait la contrainte d'un acrostiche d’un sport de plus de 6 lettres (j'ai choisi Athlétisme et de le faire tout le long du texte 0:) ). J'avais en outre les contraintes d'endurance (1200 mots pile) et de langage (langue étrangère).
Bonne lecture !
Le sujet était donc que l'histoire ne se passe pas sur terre. Il y avait la contrainte d'un acrostiche d’un sport de plus de 6 lettres (j'ai choisi Athlétisme et de le faire tout le long du texte 0:) ). J'avais en outre les contraintes d'endurance (1200 mots pile) et de langage (langue étrangère).
Bonne lecture !
Note de fin de chapitre:
J'espère ne pas vous avoir trop perdus ->
Merci d'avoir lu !
Merci d'avoir lu !
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