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Notes :

Participation à 4 mains au concours de Catie et Omi KOH LANT'HPF

Notes d'auteur :

Bonjour!

Voici le texte de Juliette et moi pour la 6e épreuve d'immunité du sublime concours KOH LANT'HPF, organisé par les terribles Brogniart Catie et Omi.

Pendant ce tour, nos destins sont liés, nous devions donc associer nos idées, nos contraintes, et donc l'issue de ce tour sera la même pour nous deux!

Les contraintes générales pour ce texte étaient les suivantes:

Notre texte devait mettre en scène un personnage qui était dans un équilibre fragile, en 3000 mots maximum, et sans utiliser les mots suivants faisant partie des champs lexicaux de l'équilibre et de la chute: balance - déséquilibre - oscillation - stable - statique - bascule - homéostasie - équilibre - cascade - tomber - effondrement - accident - écoulement - gamelle - amortir - chute.

Pour les contraintes personnelles, celles de Juliette étaient:

- sensibilité niveau 3 (insérer au moins 3 verbes de chaque sens, en gras dans le texte, liste précisée en note de fin)

- sentimentalisme niveau 2 (insérer au moins 3 sentiments différents, en gras dans le texte et précisés en note de fin)

Les miennes étaient:

- langage niveau 2 (un personnage doit s'exprimer de manière soutenue à 2 reprises, en gras dans le texte)

- sentimentalisme niveau 2 (insérer au moins 3 sentiments différents, en gras dans le texte et précisés en note de fin).

Le texte comporte 888 mots selon le compteur officiel.

Bonne lecture!

Elle était là, dressée de toute sa hauteur, mais chancelante et tout en train d’apprendre. Apprendre à vivre et apprendre à se tenir seule. Il y avait comme un précipice abrupt tout autour d’elle, quelque chose d’insurmontable qui la faisait dangereusement tanguer. Étouffée par l’angoisse, épouvantée par le va-et-vient minuscule mais constant de son corps, elle attendait, cherchait une position plus certaine et se rétractait à cause de l’incertitude de la situation. Quelqu’un l’aidait à avancer. Quelqu’un tendait les mains vers elle et avançait des idées pour l’aider à garder une immobilité précaire mais rien à faire : la peur la retenait constamment. 

Avant, arrière. Avant, arrière. 

C’était toute une mélodie du corps qui la mouvait tendrement et délicatement. 

Toute une mélodie infinie un brin scandée, un brin slamée. 

Sans début, ni fin. 

Elle avait oublié le début de la partition. Elle ne voyait pas la fin approcher. 

*

Elle n’avait d’abord été que toute petite.

Son existence avait débuté depuis peu. On avait commencé à l’élaborer tout doucement, en disposant ses fondations et sa base. Le travail était lent, cherchait la précision la plus grande possible. Cette application n’était pourtant pas suffisante pour assurer sa fermeté.

Elle aurait aimé, comme ses solides semblables, que son sentiment de puissance augmente en même temps que sa hauteur. Ce n’était pas le cas, parce qu’elle sentait au contraire, confusément, contrevenir à un ordre supérieur en étant élevée.

La progression, cependant, continuait. Elle était nourrie de cales, des murs se dressaient, la solidité était patiemment recherchée.

Il arrivait que ses constructeurs se disputent. Ils discutaient de plans, se montraient des modèles, braillaient autour d’une cloison peu convaincante. L’architecture était un véritable casse-tête, mais ils avaient du temps et de la volonté.

Une certaine hauteur fut atteinte avec fierté, de la part des constructeurs et de la construction elle-même. Le gros-œuvre manquait de perfection, mais son existence prouvait une forme de génie de la part des bâtisseurs, et défiait déjà les lois.

L’écartement entre le sommet et la base de la tour lui semblait, à elle-même, vertigineux. Il lui paraissait impossible de ne pas commencer bientôt à tanguer. Pourtant, il faudrait tenir.

*

Elle sentit une bourrasque de vent caresser sa façade ouest. Elle frissonna et chercha à prendre appui sur n’importe quel objet autour d’elle. Finalement, elle réussit à se redresser infimement et à goûter, un instant, à une vague de soulagement. Il n’aurait pas fallu laisser la peur la dévorer à nouveau et la panique croquer un morceau d’elle…

…car elle avait besoin de rester entière, avec chacun de ses atomes et chacune de ses briques. Si elle voulait continuer à respirer la poussière de la construction et sentir le parfum d’impatience de ses bâtisseurs, elle devait rester debout, si ce n’est immuable, au moins durable. Leur joie embaumait l’air et était bien trop contagieuse pour qu’elle baisse les bras. Rien que de les voir lui donnait une force qui venait du plus profond de ses entrailles et que jamais elle n’aurait pensé posséder. Elle regardait ses bâtisseurs : elle contemplait leur bonheur et c’était le plaisir à l’état brut qu’elle pouvait admirer. Elle n’était plus une construction grossière.

Mais alors, ses petits chefs commencèrent à enlever les morceaux qu’ils trouvaient superflus, à limer ce qui dépassait et à ajuster le tout. La gravité fit à nouveau des siennes avec une puissance fulgurante, jouant avec son centre jusqu’à l’écœurement

Inquiète, elle essaya de transmettre aux architectes son effroi de les voir se réjouir de tous ces ajustements. Elle essayait de leur faire comprendre qu’il fallait qu’ils ralentissent, pèsent davantage leurs décisions et tâchent de prévenir sa dégringolade imminente. 

Mais ils ne l’écoutaient pas. 

Et de son côté, elle percevait les bruits de leur agitation et elle entendait leurs disputes exaltées mais insolubles. 

Il n’y avait rien à faire, ils ne tenaient pas compte de ses mises en garde. 

*

- Édifiez, chers petits, appréciez la matérialité du bois, expérimentez, évertuez-vous, c’est ainsi que vous gagnerez du discernement et de la pénétration !

La voix la touchait, la rassurait : elle prouvait tout à coup que l’ordre supérieur approuvait la tâche des bâtisseurs, qu’ils ne défiaient pas l’univers en l’établissant, et qu’ils menaient une tâche réalisable. Elle devait se replier en son centre et laisser la voix guider les bâtisseurs, cesser de craindre la ruine.

Les édificateurs, justement, si elle ne savait pas s’ils comprenaient chaque mot prononcé par la voix, semblaient particulièrement sensibles à l’intonation employée. Encouragés, ils continuaient à ajuster son sommet, devenant encore plus audacieux, accentuant sa fragilité mais l’élevant toujours plus haut, lui instillant enfin l’impression d’intensité qu’elle recherchait.

- Quel travail fastueux ! Quelle finesse dans l’exécution ! Vous m’impressionnez, mes petits, cet ouvrage corrobore vos aptitudes.

Elle atteint alors une hauteur sublime, terrifiante, qui la fit vaciller encore davantage. Mais elle put se réjouir, à cet instant, de sa hauteur, d’être devenue la tour de kaplas la plus vertigineuse qu’Abel et ses amis aient jamais construite sous les directives de leur maîtresse d’école.

Note de fin de chapitre:

Verbes:


- goût : goûter, dévorer, croquer


- toucher : sentit, caresser, prendre appui, touchait


- odorat : respirer, sentir, embaumer


- vue : regardait, contemplait, admirer, voir


- ouïe : écoutaient, percevait, entendait


Sentiments ressentis : 


-angoisse/peur de la tour; 


-soulagement de la tour, 


-bonheur et plaisir des enfants, 


-inquiétude de la tour 


-puis son écoeurement, 


-la tour est rassurée, 


-exaltation, fierté et joie de la tour, la maîtresse et des enfants. 

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