Reviewer: Avel Signé
Date: 08/12/2009
Title: Chapitre 1: Chapitre 1
Ton texte est magnifique !
La description du début fait penser à un paysage relativement apocalyptique. On s'attend à un texte passeur de message sur la situation environnementale. Mais non, ou du moins là n'est pas le coeur.
J'aime beaucoup le rythme de ton texte, relativement hâché, avec des répétitions. Dans certains cas cela rend une impression d'écho, ou un rythme saccadé comme quelque chose de machinal. Mais ici ce fut dans ma tête une lecture rapide, peut-être comme les bourrasques de vent, donnant une impression de transe - qui va bien avec ton texte.
De plus l'alternance de souvenirs et de récit au présent est très juste. Elle montre bien "the stream of consciousness", le fil des idées (je m'excuse, je me souviens très bien de cette expression anglaise définissant ce "procédé" que l'on trouve beaucoup dans les nouvelles anglaises [et bretonnes, "red an emskiant" en breton, mais ça n'aide toujours pas à retrouver le français !]).
Je suis également extrêmement sensible aux champs lexicaux : le vent, la mer, la lande... Tout cela correspond à un univers qui me parle, que j'aime aussi utiliser. Je trouve que ce sont des évocations qui rendent bien l'idée de perte. Des immensités non palpables et que donc on ne peut tout à fait maîtriser, tant physiquement que mentalement, et qui deviennent alors des lieux, choses, sensations exprimant la confusion mentale.
La chute de ton texte est ... superbe.
On ne s'y attend pas. Tes mots sont durs, mais non cruels, ils sont froids. Froids comme l'apparence de ton personnage.
C'est dans les deux dernières lignes que réside tout le tragique. Jusque là on voyait tout sans sentiment, même l'amour d'Amaury, elle en était détachée. Les larmes donne alors une autre dimension à ce texte et son personnage, celui de la rédemption.
La proposition "une humidité salée dessine deux sillons glacés" est superbe, évidemment de par son sens, comme explicité plus haut, mais aussi par ses sonorités (assonance en é et allitaration en s) qui font que cette phrase marque.
"C'est le vent, rien que le vent. Quelle importance à tout ça ? Le vent souffle et soufflera. La faute à qui ? Au vent ? Des cris ? C'est le vent. Et si elle tombait, si son regard se troublait et qu'elle voyait la lande, la lande de plus en plus près, de plus en plus floue, là-bas, près de sa soeur... C'est le vent, rien que le vent...
Avel - Azenor